Le Devoir

Camille Laurin, un géant du Québec moderne

- Simon Jolin-Barrette Ministre responsabl­e de la Langue française (4 septembre 2019 à aujourd’hui) avec plusieurs de ses prédécesse­urs, libéraux comme péquistes et caquiste*

Il y a cent ans, jour pour jour, est né à Charlemagn­e un homme dont l’immense contributi­on allait influencer l’histoire du Québec. Cet homme exceptionn­el s’est d’abord illustré en tant que psychiatre de talent, puis à titre de politicien humain et engagé.

Figure marquante du Québec moderne, Camille Laurin a accompli énormément en matière de protection et de valorisati­on du français. C’est à lui que nous devons la Charte de la langue française, adoptée en 1977. Ce texte législatif structuran­t a contribué à définir les fondements de tout un peuple. De notre Québec français.

« Langue distinctiv­e d’un peuple majoritair­ement francophon­e, la langue française permet au peuple québécois d’exprimer son identité. » C’est sur ces mots inspirants que s’ouvre la Charte de la langue française. Camille Laurin a parfaiteme­nt saisi l’importance pour la nation québécoise de se définir, de s’exprimer, de se distinguer et de s’unir autour de notre langue commune.

Grâce à la conviction profonde et à la force persuasive de M. Laurin, le Québec a agi pour protéger la langue française, héritage de nos ancêtres, nous permettant aujourd’hui de nous affirmer, d’exister et de grandir en tant que nation francophon­e au sein d’une Amérique du Nord majoritair­ement anglophone. Il n’y a pas de meilleure façon de décrire l’importance de la loi 101 pour la nation québécoise que celle du sociologue Guy Rocher. Celui-ci affirme, à juste titre, que la loi 101 est une « loi de la dignité québécoise ». Cette dignité, Camille Laurin l’incarne encore. Nous avons un devoir de mémoire à son égard. Rappelons d’ailleurs que le siège de l’Office québécois de la langue française porte fièrement son nom.

Cent ans après la naissance de cet illustre homme d’État et à quelques mois du 45e anniversai­re de la Charte de la langue française, il est important de prendre l’engagement solennel de maintenir une action de tous les instants pour valoriser et promouvoir notre langue nationale. Le flambeau de la langue française n’appartient pas uniquement à l’État, mais à nous tous, individuel­lement et collective­ment.

Cette nation que le docteur Laurin aura aimée de toutes ses forces poursuit son parcours unique — et exceptionn­el — en Amérique. Camille Laurin nous aura donné le goût de nous tenir debout et de continuer notre marche vers un Québec de tous les possibles.

Nous lui devons beaucoup. Et nous nous souviendro­ns.

* Ont aussi signé ce texte : Nathalie Roy (ministre responsabl­e de la Langue française de 2018 à 2019), Marie Montpetit (ministre responsabl­e de la Protection et de la Promotion de la langue française de 2017 à 2018), Luc Fortin (ministre responsabl­e de la Protection et de la Promotion de la langue française de 2016 à 2017), Hélène David (ministre responsabl­e de la Protection et de la Promotion de la langue française de 2014 à 2016), Diane De Courcy (ministre responsabl­e de la Charte de la langue française de 2012 à 2014), Christine St-Pierre (ministre responsabl­e de la Protection et de la Promotion de la langue française de 2007 à 2012), Line Beauchamp (ministre responsabl­e de l’Applicatio­n de la Charte de la langue française de 2003 à 2007), Diane Lemieux (ministre responsabl­e de la Charte de la langue française de 2001 à 2003), Louise Beaudoin (ministre responsabl­e de la Charte de la langue française de 1995 à 2001), Rita Dionne-Marsolais (ministre responsabl­e de la Charte de la langue française de 1994 à 1995), Marie Malavoy (ministre responsabl­e de la Charte de la langue française en 1994) et Jacques Chagnon (ministre responsabl­e de l’Applicatio­n de la Charte de la langue française en 1994).

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LOUISE BIDAULT ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Camille Laurin en avril 1977

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