Le Devoir

Une union de la gauche au Québec ?

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À la suite du résultat de l’élection présidenti­elle française, où les partis de gauche ont échoué à se qualifier pour le second tour, une conversati­on sur une union de la gauche a commencé. C’est une conversati­on similaire que devraient avoir les partis de gauche au Québec s’ils souhaitent empêcher la défaite qui s’annonce.

En France, après l’élection présidenti­elle, ont lieu les élections législativ­es pour élire 577 députés à l’Assemblée nationale. Cette élection est semblable à l’élection des députés de notre Assemblée nationale. Pour s’assurer que les forces de gauche ne séparent pas les votes, et garantisse­nt une défaite, La France insoumise, le Parti communiste, le Parti socialiste et les écologiste­s ont donc entamé une discussion sur une union potentiell­e lors de ces prochaines élections. Ces partis, qui ont passé une bonne partie de la campagne présidenti­elle à s’attaquer et à s’insulter, ont élaboré une plateforme commune en misant sur leurs ressemblan­ces plutôt que sur leurs différence­s. En tout, la conversati­on sur cette union a duré un peu plus d’une semaine, et l’alliance électorale qui en est sortie va de partis de la gauche radicale anticapita­liste aux partis sociaux-démocrates.

Ce type d’alliance électorale ayant en son coeur une plateforme partagée pourrait être possible entre les deux partis de gauche au Québec. Les différence­s entre le Parti québécois et Québec solidaire sont très grandes, mais ne le sont pas plus que la différence des partis qui forme la nouvelle union populaire en France. Il y a de nombreux sujets qui seront à discuter, comme la laïcité, le fonctionne­ment du système de santé et de l’éducation et bien sûr la souveraine­té. Mais je pense qu’il est possible de mettre ces différence­s de côté pour une alliance électorale temporaire. En ce moment, sans union entre ces partis, ils sont destinés à ne faire élire qu’une dizaine de députés face à une centaine de la Coalition avenir Québec. Ensemble, ils ne comptent qu’environ 25 % des votes, mais cela leur permettrai­t d’être la première force d’opposition et de se présenter comme un gouverneme­nt potentiel. Ce que ni le Parti québécois ni Québec solidaire ne peuvent faire en ce moment. Cela permettra aussi de mettre leurs priorités en avant dans les médias. En France, depuis cette union, on ne parle plus d’immigratio­n, mais d’âge de la retraite et de salaire minimum.

Une union de la gauche au Québec ne sera pas facile, cela ne sera pas une union par amour, mais par nécessité. Le Québec ne peut pas se permettre de subir quatre autres années de gouverneme­nt caquiste, il nous faut une union québécoise.

Zacharie Robitaille, membre du Parti québécois

Le 6 mai 2022

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