François Paradis défend la hausse du budget de l’Assemblée nationale
Le président de l’Assemblée nationale, François Paradis, juge raisonnable d’augmenter de 24,3 millions de dollars le budget de l’institution, qui disposait encore en décembre d’un surplus accumulé de près de 19 millions.
Des sorties de fonds totalisant 167,5 millions sont prévues cette année pour financer des projets d’infrastructures et des hausses de rémunération, a expliqué au Devoir M. Paradis.
« Cette hausse-là, c’est tellement raisonnable », a-t-il déclaré mardi lors d’une entrevue téléphonique.
M. Paradis a rejeté toute comparaison entre la hausse de 17 % du budget de l’Assemblée nationale, prévue cette année, et celle de 6 % accordée au réseau québécois de la santé dans le dernier budget du gouvernement. « Le budget de la santé, au Québec, c’est presque la moitié du budget global du gouvernement. On parle de dizaines de milliards de dollars. On est dans une catégorie différente », a-t-il soutenu.
Infrastructures
La hausse du budget, approuvée en février par tous les groupes parlementaires représentés à l’Assemblée nationale, prévoit une enveloppe de 17 millions qui servira notamment pour les travaux d’infrastructures immobilières et technologiques.
À ce chapitre, M. Paradis a confirmé qu’un projet de 13,6 millions permettrait d’ici 2025 un agrandissement de 700 mètres carrés ainsi que l’aménagement d’un site de gestion des déchets. La sécurité du périmètre parlementaire sera aussi améliorée. Des travaux estimés à 1,4 million seront également entrepris dans la bibliothèque de l’institution. Au cours des cinq prochaines années, la réfection du Salon
bleu, où se déroule la période des questions, est également prévue.
Initialement chiffré à 3,3 millions, ce projet de modernisation est toujours en cours d’estimation. Les députés pourraient choisir un réaménagement en forme de demi-cercle ou de fer à cheval afin que la salle puisse accueillir plus d’élus si le besoin se fait sentir.
« On ne veut pas faire des travaux qu’on va recommencer dans trois ou quatre ans, a dit M. Paradis. On veut faire des travaux qui vont tenir la route pendant cinq ou six décennies. Il faut mettre la pédale à fond pour être en mesure de ne pas rater le bateau. »
Pendant les travaux, les élus siégeront dans le Salon rouge, l’ancienne salle du Conseil législatif, où 250 000 dollars ont été investis jusqu’ici pour les recevoir.
Un autre volet de la hausse prévue au cours des prochains mois servira à bonifier les salaires des personnes qui travaillent dans les bureaux de circonscription des 125 députés, a expliqué le président. Chaque bureau pourra compter sur une somme supplémentaire de 50 000 dollars pour aider au recrutement. « On a mis en place de nouvelles façons [de] recruter, a dit M. Paradis. Les besoins étaient criants. »
La hausse de 24,3 millions inclut également une indexation d’une valeur de 7 millions accordée à l’ensemble de l’administration gouvernementale par le Conseil du trésor.
Revenus autonomes et surplus
M. Paradis n’a pas été en mesure de préciser si un compte de revenus autonomes, dont dispose l’institution et qui est l’équivalent d’un bas de laine où s’accumulent ses surplus budgétaires, servira à couvrir l’écart entre le budget de dépenses prévu cette année, soit 167,5 millions, et celui des sorties de fonds annoncées, qui s’élève à 176,8 millions.
Au cours des dernières années, l’Assemblée nationale a réussi à accumuler des surplus budgétaires qui ont financé ses travaux de construction, notamment un pavillon souterrain bâti au coût de 60 millions.
Une partie des sommes versées dans ce compte provenaient de budgets d’embauche de personnel qui n’avaient pas été utilisés. Pour 2021-2022, l’Assemblée nationale prévoyait des dépenses pour un effectif de 756 postes à temps complet.
Mardi, M. Paradis n’a pas pu préciser si toutes les sommes prévues pour la rémunération des titulaires de ces postes avaient été utilisées. « Il n’y a rien qui a permis qu’un poste serve à récupérer des montants, ce n’est pas comme ça que c’est géré », a assuré le président.
En 2020-2021, une somme de 2,4 millions en rémunération non utilisée a pourtant été transférée dans le compte de revenus autonomes.
L’an prochain, l’institution prévoit embaucher 822 personnes. « Tous les employés requis sont des postes réels », a précisé M. Paradis.
Le surplus accumulé dans le compte de revenus autonomes était de 19 millions au 31 décembre 2021. Le montant à la clôture de l’exercice, au 31 mars 2022, n’était pas disponible, mardi. Au 31 mars 2021, le solde du compte était de 21 millions.
Par ailleurs, M. Paradis, élu sous la bannière de la Coalition avenir Québec depuis 2014, a confié ne pas avoir encore décidé s’il sera candidat au scrutin d’octobre prochain. « Ça se poursuit, cette réflexion, a-t-il dit. Mon objectif est de bien faire le boulot avec des semaines très chargées pour avancer. Sous peu, je serai en mesure de [conclure] ma réflexion. »