Le Devoir

Retour aux sources pour le Cirque du Soleil

Le Cirque ramène « le plus cirque » de ses spectacles sous le grand chapiteau bleu et blanc du Vieux-Port de Montréal

- CAROLINE MONTPETIT LE DEVOIR

Le Cirque a d’ailleurs misé ici sur un spectacle très près des arts circassien­s pour renouer avec un public en mal d’arts vivants

Cette fois, c’est vrai. L’entracte est terminé pour le Cirque du Soleil, qui revient à Montréal avec Kooza, sous le grand chapiteau bleu et blanc du Vieux-Port, après trois ans d’absence.

Mardi, le Cirque présentait trois numéros de ce spectacle d’abord conçu en 2007, et qui est, selon le nouveau président et directeur, Stéphane Lefebvre, « le plus cirque des spectacles du Cirque ».

Du cirque, on en a besoin, après avoir passé trois ans confinés loin de la magie et de l’extraordin­aire. Et du merveilleu­x, le Cirque du Soleil en a précisémen­t plein ses valises. Le Cirque a d’ailleurs misé ici sur un spectacle très près des arts circassien­s pour renouer avec un public en mal d’arts vivants.

Ce qu’on en a vu mardi, c’est d’abord un fabuleux duo sur unicycle, sorte de pas de deux sur une seule roue, qui donne lieu à des prouesses époustoufl­antes. Ensuite, un numéro de sangles aériennes mettait en valeur l’extraordin­aire énergie de la soliste. Enfin, un numéro de planche sautoir, où certains sauts périlleux sont effectués sur échasses, obligeait le public à retenir son souffle. Sueurs froides garanties.

Au-dessus de la scène, un groupe de musiciens et deux chanteuses semblent animer les artistes et les suivent tout au long du spectacle. Pour Stéphane Lefebvre, la réouvertur­e du Cirque à Montréal a une valeur symbolique très forte. « Toute l’équipe est très fébrile, dit-il. C’est le sentiment de revenir à la maison. »

Un public présent

Et le public montréalai­s est au rendezvous. Déjà, avant même la première de Kooza, 100 000 billets ont été vendus. « C’est du jamais vu », fait valoir Stéphane Lefebvre. La reprise des activités du Cirque a débuté en dehors du Québec, aux États-Unis et en Europe. Le spectacle Kurios a pris l’affiche à Toronto il y a quelques semaines.

Arrivé à la tête du Cirque du Soleil en pleine tourmente l’an dernier, Stéphane Lefebvre provient du monde de la finance, lui qui a été à la multinatio­nale CAE avant de rejoindre le Cirque. Le p.-d.g. sortant du Cirque du Soleil, Daniel Lamarre, a même dit que c’était son habileté à gérer la crise qui l’avait convaincu de sa capacité à prendre sa succession.

Pourtant, pour Stéphane Lefebvre, la mission du Cirque du Soleil demeure d’innover et de garder le leadership créatif. « Mais l’innovation ne survient pas seulement avec la technologi­e », précise-t-il. Il cite en exemple les effets créés dans le nouveau spectacle Drawn to Life, du Cirque sur Disney, présenté à Orlando.

Davantage de gestion de risque

Le président admet cependant qu’il faudra voir de près à la « gestion du risque », quitte à longuement tester les numéros avant de les présenter en spectacle. Il est vrai que certains spectacles du Cirque, comme R.U.N., qui a été brièvement présenté à Las Vegas, ont été des échecs et ont alors sérieuseme­nt grevé le budget de l’organisati­on.

Par ailleurs, il s’agit aussi maintenant de reconquéri­r les marchés qui ont été désertés pendant trois ans ou plus.

« C’est bien important pour nous, cette notion de nous reconnecte­r avec nos fans de partout », avance-t-il. Le Cirque se donne également pour mission de rester en contact avec son public entre les spectacles, pour ainsi créer une sorte « d’expérience de cirque », plus globale.

Dans le contexte de la pandémie, il n’était pas possible pour le Cirque du Soleil de présenter un spectacle entièremen­t nouveau à l’occasion de la réouvertur­e du marché de Montréal. Le Cirque a cependant conclu une entente avec le Vieux-Port de Montréal pour y présenter un spectacle par année durant dix ans. « Ce que j’aimerais, c’est que pour les prochaines créations du Cirque, ce soit des spectacles dans lesquels on va innover. Et l’innovation a souvent la connotatio­n technologi­que. Cela peut être technologi­que, mais cela peut aussi survenir dans les performanc­es acrobatiqu­es », dit M. Lefebvre.

Le p.-d.g. parle aussi de créer des collectifs de créateurs de différente­s discipline­s, du cirque d’abord, mais aussi de la danse et de la musique. « On veut aller chercher des expertises différente­s en forme d’art, mais aussi en variété d’expérience­s géographiq­ues. »

Pour l’instant, Kooza, dont Jennifer Lécuyer a assumé la direction artistique, offrira aux spectateur­s des numéros classiques de cirque, mais rythmés et modernisés.

Lorsque la pandémie a frappé, 44 spectacles du Cirque du Soleil étaient présentés à travers le monde. Présenteme­nt, on en compte une vingtaine en cours.

« On en a quelques-uns qui seront relancés au fil des prochaines semaines et des prochains mois. D’ici la fin de l’année, on aura pas mal repris l’ensemble des activités », dit M. Lefebvre.

Les artistes, en tous les cas, sont au rendez-vous, et, si l’on en croit les extraits de Kooza, absolument ravis de remettre leur corps à l’épreuve. « La belle surprise qu’on a eue, note Stéphane Lefebvre, c’est que les gens étaient plus prêts à revenir sur scène que ce qu’on avait prévu. […] Les artistes sont revenus de la pandémie plus en forme qu’on le croyait. »

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VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR Les artistes sont au rendez-vous, et, si l’on en croit les extraits de Kooza, absolument ravis de remettre leur corps à l’épreuve.
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VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR Un fabuleux duo sur unicycle a donné lieu à des prouesses époustoufl­antes.

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