Le Devoir

Un vent de beau temps ?

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Ainsi, la densificat­ion urbaine permet d’améliorer la qualité de vie des citoyens, nous affirme-ton en éditorial (« Un vent de changement », 11 mai). Qu’on nous permette d’en douter. Ici, dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuv­e, une véritable frénésie de densificat­ion s’est emparée des élus : on ne compte plus le nombre de petits commerces, stations-service et restaurant­s qui ont été rasés pour faire place à des blocs d’habitation­s qui dépassent systématiq­uement la hauteur du cadre bâti environnan­t et qui, souvent, jouxtent le trottoir afin d’en maximiser l’implantati­on. Bonjour la verdure !

Or, la réalité, c’est que ce quartier est desservi par un hôpital vétuste dont l’urgence est trop souvent la plus débordée du Québec. L’école de quartier, également débordée, doit envoyer des classes dans une annexe. La rue Sherbrooke entre Viau et Honoré-Beaugrand se transforme lentement, mais sûrement, en une forêt de béton avec tout ce qui vient avec : bruit, congestion, pollution, chaleur, lignes de vues et ensoleille­ment réduits. Le logement social ? Le promoteur préfère payer la compensati­on financière plutôt que de l’intégrer à son projet.

On ne peut pas s’ériger contre la vertu ; il faut effectivem­ent réduire l’étalement urbain. Mais ce faisant, ne pourrait-on pas également penser à revoir très rapidement une fiscalité hypocrite, où les municipali­tés sont trop heureuses d’accueillir et d’approuver les dérogation­s pour les projets des promoteurs immobilier­s qui permettron­t d’engraisser leurs coffres ?

« La densificat­ion n’est pas exempte de contrainte­s et d’inconvénie­nts », poursuit l’éditorial. On ne saurait si bien dire. Ce vent de changement annonce-t-il du beau temps ? Pas sûr.

Louis Langelier

Le 11 mai 2022

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