Le Devoir

Les États-Unis pleurent un million de morts

- NICOLAS REVISE ET PETER HUTCHISON À NEW YORK

Les États-Unis ont franchi jeudi le seuil du million de morts en lien avec la COVID-19, a annoncé la MaisonBlan­che, mais, à l’image de New York mise à genoux en 2020, le pays veut tourner la page de la pandémie.

« Nous devons rester vigilants face à cette pandémie et faire tout ce que nous pouvons afin de sauver le plus de vies possible, comme nous l’avons fait avec plus de tests, de vaccins et de traitement­s que jamais », a dit le président américain, Joe Biden, dans un communiqué alors qu’il présidait le même jour un sommet virtuel sur la vaccinatio­n dans le monde.

Après plusieurs mois de recul de la pandémie de coronaviru­s dans le pays officielle­ment le plus endeuillé du monde (devant le Brésil, l’Inde et la Russie), les États-Unis enregistre­nt depuis un mois une hausse quotidienn­e du nombre de cas.

Le pays, qui a levé l’obligation de port du masque désormais simplement conseillé à l’intérieur, connaît un rebond du nombre de cas dû à des sousvarian­ts d’Omicron.

Ses effets semblent toutefois moins graves sur une population complèteme­nt vaccinée à 66 % et vaccinée à plus de 90 % pour les plus de 65 ans, alors qu’une quatrième dose de vaccin n’est ouverte pour l’instant qu’aux plus de 50 ans.

Après plus de deux ans de pandémie et plusieurs vagues de variants, les États-Unis entendent cependant bien tourner la page de la COVID-19.

Effervesce­nce new-yorkaise

New York, aimant économique et culturel, paraît ainsi avoir retrouvé son effervesce­nce légendaire.

New-Yorkais, touristes américains et étrangers reviennent dans les théâtres de Broadway, se photograph­ient sous les enseignes publicitai­res numériques géantes de Times Square, grimpent la statue de la Liberté, se baladent en carriole à Central Park, à pied et à vélo sur le pont de Brooklyn, se précipiten­t dans les plus beaux musées du nord de Manhattan…

Autant d’attraction­s qui rouvrent progressiv­ement depuis 2021 et font la réputation mondiale de la mégapole de 8,4 millions d’âmes.

Midi et soir, la circulatio­n est de nouveau infernale au centre de Manhattan, son poumon financier et commercial.

Les files d’attente s’allongent devant les dizaines de milliers de restaurant­s, échoppes, camions de ventes à emporter pour cols blancs et cols bleus. Les terrasses les plus branchées de Manhattan et de Brooklyn sont de nouveau bondées.

« Cela faisait longtemps qu’on attendait » ce retour de New York, souffle Alfred Cerullo, qui dirige Grand Central Partnershi­p, un lobby probusines­s de Manhattan. « Sans aucun doute, ditil à l’Agence France-Presse, on ressent l’énergie des gens dans la rue. »

Cauchemar de 2020

Le contraste est saisissant avec le cauchemard­esque printemps 2020.

Épicentre de la pandémie, la ville qui ne dort jamais s’était vidée pendant des semaines, désertée comme dans un film de science-fiction.

Les immenses artères de Manhattan et de Brooklyn n’étaient animées que par les sirènes anxiogènes des services de secours, avec des hôpitaux débordés et des morgues contrainte­s d’entreposer les corps de victimes du coronaviru­s dans des camions frigorifiq­ues.

Janice Maloof-Tomaso, une infirmière qui travaillai­t à l’époque près de Boston, se rappelle que beaucoup de soignants n’ont pas supporté de « voir la mort ». « Certains ont été traumatisé­s, et beaucoup sont partis. »

Environ 40 000 New-Yorkais ont perdu la vie en raison de la COVID-19 depuis le printemps 2020. Tant l’île de Manhattan que les gigantesqu­es quartiers de Brooklyn et du Queens gardent des stigmates de la pandémie.

Faute de clients pendant des mois, des milliers de petits commerces ont mis la clé sous la porte, leurs vitrines étant toujours couvertes de planches de bois ou d’affiches d’agents immobilier­s.

Prudence

Parmi ces petits patrons de magasins, Frank Tedesco tient une bijouterie dans le très huppé comté de Westcheste­r, au nord du Bronx.

Il confie avoir sauvé sa boutique en 2020 grâce à des aides publiques et à son propre patrimoine, mais il se sent « évidemment inquiet », car il ne « [sait] pas ce qu’il va se passer » et comment il pourrait supporter un autre « choc » économique provoqué par un retour de l’épidémie.

Les New-Yorkais restent sur leurs gardes. Le masque est encore très courant dans la rue et à l’intérieur, et est obligatoir­e dans les transports.

Le télétravai­l est rentré dans les moeurs : d’après le baromètre hebdomadai­re de l’entreprise de sécurité Kastle, le taux d’occupation des bureaux à New York plafonne toujours à 38 %.

Le patron de la banque d’affaires Goldman Sachs, David Solomon, a reconnu le 2 mai que le taux de salariés de retour au bureau atteignait tout juste 50 à 60 % des effectifs, contre 80 % présents avant la COVID.

 ?? JOHANNES EISELE AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Au printemps 2020, la ville de New York était l’épicentre du virus.
JOHANNES EISELE AGENCE FRANCE-PRESSE Au printemps 2020, la ville de New York était l’épicentre du virus.

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