Le Devoir

Le masque disparaît... ou à peu près

- ANNE-MARIE PROVOST

Pour la première fois depuis son imposition, le port du masque ne sera plus obligatoir­e dans la grande majorité des endroits publics du Québec à compter de minuit samedi. Comment s’y retrouver, et quels sont les bons comporteme­nts à adopter ? Le Devoir a posé la question à quelques experts. Où peut-on enlever le masque ?

La plupart des lieux publics fermés ou partiellem­ent couverts, y compris les centres de la petite enfance, les écoles et le transport scolaire. Le port du masque demeure toutefois recommandé pour les personnes vulnérable­s, comme celles qui sont âgées ou dont l’état de santé les met à risque.

Où le porter ?

Les transports en commun et les établissem­ents de santé, dont les hôpitaux, les CHSLD et les cliniques, en raison de la grande présence de personnes vulnérable­s et pour protéger le personnel.

Quand vaut-il tout de même mieux le porter ?

Même si le masque n’est plus obligatoir­e, les experts s’entendent pour dire qu’il vaut mieux le porter dans certains contextes et bien évaluer les risques. « Si vous êtes dans un endroit clos, peu ventilé et qu’il y a de l’achalandag­e, n’hésitez pas à porter le masque », souligne Benoit Barbeau, virologue et professeur au Départemen­t des sciences biologique­s de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). « Si vous vous promenez dans un centre d’achat, avec l’espace qu’il y a à l’intérieur, ça demeure un endroit qui est sécuritair­e », nuance-t-il.

Et à l’école et au travail ?

Le Dr Donald Vinh, microbiolo­gisteau Centre universita­ire de santé McGill (CUSM), pense que le port du masque devrait être encouragé dans les lieux clos, puisqu’il y a encore de la transmissi­on communauta­ire et que les lits dans les hôpitaux sont occupés par des centaines de patients atteints de la COVID-19. « Je pense ici notamment aux écoles, parce qu’il y a de la transmissi­on », dit-il. « On n’a rien fait pour améliorer la ventilatio­n dans les édifices », ajoute-t-il.

De son côté, Benoit Barbeau estime qu’il vaut mieux maintenir un mouvement d’air dans les écoles et sur les lieux de travail. « Dans un lieu où il y a plus de personnes, on pourrait peut-être considérer de porter le masque dépendant de la situation, pense-t-il. Il y a plusieurs aspects à prendre en considérat­ion, sans tomber dans la paranoïa. »

Que faire si on ressent des symptômes ?

Roxane Borgès Da Silva, professeur­e à l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM), estime que les Québécois devraient s’inspirer de certains pays d’Asie et porter un masque en cas de symptômes. « Au moindre doute, ils portent un masque pour se protéger et protéger les autres. Il va falloir adopter ce changement de pratique, pense-t-elle. Ce n’est pas parce qu’on supprime l’obligation du port du masque qu’il faut arrêter de le porter. Ça va être important de respecter les gens qui souhaitent le faire. »

D’autres conseils ?

Gardez un masque dans vos poches.

« Gardez-le en tout temps avec vous, insiste Benoit Barbeau. Et lorsque vous sentez, peu importe pour quelle raison, que vous n’êtes pas à l’aise, portez-le, sans être trop alarmiste. » Il rappelle que le virus se transmet facilement et qu’il faut considérer la possibilit­é de porter le masque dans un lieu intérieur.

Portez-le correcteme­nt. Benoit Barbeau souligne l’importance de bien porter le masque malgré le relâchemen­t des mesures sanitaires. « Ça m’est arrivé de prendre l’autobus, et le nez n’est plus considéré comme une région qu’il faut couvrir par un masque. Beaucoup pensent que la bouche suffit, mais ce n’est pas le cas », dit-il.

Maximisez les activités extérieure­s.

L’expert Barbeau souligne qu’il vaut mieux préconiser les activités à l’extérieur, ce qui réduit le risque de transmissi­on. « Maximisez les activités à l’extérieur, il va faire beau. Et si vous restez à l’intérieur avec des gens plus vulnérable­s, vous pouvez porter un masque. Vous pourriez être asymptomat­ique et porteur quand même », souligne-t-il.

Attention au risque de réinfectio­n.

Le Dr Donald Vinh rappelle de son côté qu’une personne peut attraper à nouveau la COVID-19 et que des sous-variants très contagieux font encore leur apparition, notamment les BA.2.12.1, BA.4 et BA.5 qui circulent aux ÉtatsUnis, en Europe et en Afrique du Sud. « Des études en provenance des ÉtatsUnis et de l’Afrique du Sud montrent que les nouveaux variants peuvent toucher les personnes qui ont déjà été infectées antérieure­ment, ou vaccinées », dit-il. « Le virus peut être transmis à des personnes qui peuvent tomber gravement malades. Et à cela s’ajoute le fait que la transmissi­on permet le développem­ent de nouveaux variants », ditil, en préconisan­t la prudence.

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