Le Devoir

Payant, le remboursem­ent de primes en assurances ?

- SANDY LACHAPELLE

Souscrire une assurance n’est pas une décision qui suscite généraleme­nt l’euphorie. La plupart d’entre nous assurent leurs biens et leur habitation sans jamais vraiment se poser de questions.

En matière d’assurances de personne, toutefois, la décision est parfois plus complexe. Comme si protéger son revenu ou son patrimoine était un acte moins spontané ou normal que d’assurer sa voiture ou son appareil mobile (une référence ici à toutes les garanties prolongées qui sont maintenant offertes sur tous les biens de consommati­on !). Pourtant, si vous avez 40 ans et que votre revenu est de 72 000 $ par année, une invalidité vous priverait de revenus potentiels de près de 3 350 000 $, si vous ne pouvez travailler jusqu’à la retraite comme prévu !

Cette semaine, je réponds à une question reçue de notre lecteur, David, qui s’interroge sur le bienfondé et les avantages des assurances de personne. « Je n’aime pas l’idée de payer une assurance “dans le vide” et de penser qu’il n’y a rien qui me revient à la fin, nous écrit-il. Je préfère les produits qui sont accompagné­s d’une forme de placements, comme un retour de primes à la fin du contrat. Est-ce une bonne stratégie de prendre celui-ci sur mon assurance salaire ? »

Tout d’abord, je félicite notre lecteur de s’intéresser à l’assurance salaire. Ce que nous appelons dans le jargon « les prestation­s du vivant » permet de protéger votre capacité à générer du revenu en cas d’invalidité (que ce soit personnell­ement ou en protégeant votre entreprise) résultant d’une maladie ou d’un accident, ou encore d’éviter un décaisseme­nt désordonné de vos actifs en cas d’un diagnostic.

Statistiqu­ement, il est plus probable qu’un tel événement survienne — et compromett­e votre sécurité et vos objectifs financiers — comparativ­ement à un décès prématuré avant 65 ans. Par exemple, pour notre lecteur, qui a 42 ans et est nonfumeur, les probabilit­és d’un diagnostic de maladies graves sont de cinq fois plus élevées que ses probabilit­és de décès, et 3,6 fois plus élevées pour une invalidité prolongée (plus de 90 jours).

Un avenant

Rétablisso­ns d’abord un fait important : contrairem­ent à ce que veut la croyance populaire et à ce qu’avancent certains vendeurs, le remboursem­ent de primes auquel fait référence notre lecteur ne constitue pas un véritable placement.

Il s’agit d’un avenant qu’il est possible d’ajouter à différente­s polices de base, comme l’assurance invalidité, l’assurance maladies graves, l’assurance frais généraux ou l’assurance prêt.

Selon les produits, les modalités du remboursem­ent vont varier, mais la logique demeurera la même : si vous avez peu ou pas réclamé pendant une période déterminée au contrat, vous recevrez le remboursem­ent des primes. Il n’y a donc là aucun risque financier : vous retrouvere­z les primes versées à la fin du terme de votre police.

À mes yeux, il s’agit donc ici d’une loterie santé plutôt que d’un réel investisse­ment. En effet, puisque cet avenant augmente la prime, vous aurez donc payé plus cher votre protection si vous devez réclamer celle-ci en cas d’invalidité ou d’un diagnostic.

Par ailleurs, un facteur dont doit tenir compte notre lecteur David est qu’il devra utiliser davantage de ses liquidités pour payer une prime plus élevée. Cela ouvre plusieurs questions. Quel est son taux d’imposition et maximise-t-il ses droits de cotisation REER chaque année ? A-t-il des enfants et, si oui, a-t-il ouvert un REEE pour bénéficier des généreuses subvention­s du gouverneme­nt ? A-t-il des dettes de consommati­on aux intérêts non déductible­s qui gagneraien­t à être remboursée­s en accéléré avec le même budget ?

S’il est vrai qu’un remboursem­ent de primes peut parfois se comparer à un placement garanti non enregistré, quand son rendement est plus intéressan­t, cet argument ne tient pas la route si la comparaiso­n était effectuée en tenant compte de l’efficacité fiscale du même investisse­ment dans un compte REER ou CELI.

Est-ce pertinent ou non ?

Ces questions démontrent qu’en contexte de liquidités limitées, payer plus cher pour cet avenant vient avec des coûts d’opportunit­é que chaque personne évaluera selon ses valeurs, ses besoins et sa réalité fiscale. Vous avez donc compris que la recommanda­tion finale sera basée sur de nombreux facteurs. Voici par exemple quelques situations qui justifiera­ient de s’intéresser à cette option.

Comme le pollen dans l’air ces jours-ci, souscrire une assurance salaire, bien que vous en compreniez l’importance, peut rendre plus difficile votre respiratio­n. Souscrire cet avenant pourrait toutefois vous permettre de faire la paix avec votre choix et de ne pas demeurer sans protection pour des motifs « allergique­s ».

Vous avez une société par laquelle vous pouvez faire détenir et payer les primes d’assurance salaire pour vous et un groupe d’employés (régime de protection dont les intérêts seraient alors déductible­s) ? Sachez que la portion de la prime associée au remboursem­ent de primes pourrait être payée par les employés.

Vous assurez vos employés ou un groupe d’employés afin de leur offrir des avantages sociaux concurrent­iels par le biais d’un régime de remplaceme­nt de revenu que vous avez créé ? Ces primes sont déductible­s pour l’entreprise.

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