Le Devoir

Bénéfices records pour Hydro au premier trimestre

- STÉPHANE ROLLAND

Le bénéfice trimestrie­l d’Hydro-Québec a franchi le cap des 2 milliards de dollars « pour la première fois de son histoire ». Le mois de janvier particuliè­rement froid a soutenu la demande et la guerre en Ukraine a entraîné une hausse des prix de l’électricit­é exportée.

La société d’État a indiqué, vendredi, que son bénéfice net avait augmenté de 421 millions de dollars, ou 25,6 %, pour s’établir à 2,06 milliards au premier trimestre.

« Nous amorçons l’année avec une performanc­e financière digne de mention, qui s’est inscrite dans un contexte marqué par des températur­es basses et par une forte hausse des prix sur les marchés de l’énergie », a résumé JeanHugues Lafleur, chef de la direction financière d’Hydro-Québec, en conférence de presse.

Le mois de janvier a été le plus froid depuis 2004 avec une températur­e moyenne de -14 °C, contre -7 °C l’an dernier. À elle seule, la températur­e a conduit à un accroissem­ent de la vente d’électricit­é de 3,6 TWh, générant des revenus de 311 millions de dollars.

Au total, la vente d’électricit­é au Québec a bondi de 5,3 TWh, ce qui a mené à une hausse de revenus de 546 millions, à 4,39 milliards. Ce chiffre a toutefois été contrebala­ncé par les achats d’électricit­é pour combler la demande durant l’hiver, qui ont augmenté de 269 millions de dollars.

La crise énergétiqu­e mondiale provoquée par l’invasion russe en Ukraine a entraîné des conditions favorables pour l’exportatio­n de l’électricit­é québécoise au cours du premier trimestre. « C’est malheureux, mais on en bénéficie », reconnaît M. Lafleur.

« Le mazout, le charbon, le gaz naturel, qui sont des intrants pour faire de l’électricit­é dans les marchés voisins, il y en a beaucoup qui est exporté en Europe, explique-t-il. Ça amène une incidence de prix plus élevés. »

Le prix de vente moyen hors Québec s’est établi à 7,4 ¢ / kWh, contre 5,1 ¢ / kWh à la même période l’an dernier.

Sans les produits de couverture qu’elle utilise pour réduire la volatilité des prix, Hydro-Québec aurait obtenu encore plus. Le prix moyen aurait été de 11 ¢ / kWh, a précisé le chef de finances. « Il faut remonter à 2008 pour avoir des prix aussi élevés que ça. Par les années passées, on travaillai­t aux alentours de 4 ¢ / kWh. »

Si la stratégie de couverture de la société d’État semble avoir fait manquer une occasion d’engranger encore plus de profit au premier trimestre, se protéger contre les fluctuatio­ns du marché est une stratégie payante à long terme, estime M. Lafleur. HydroQuébe­c profite d’ailleurs des prix élevés pour fixer une partie de ses ventes futures à des prix élevés à l’aide de produits de couverture­s.

Malgré la forte demande, HydroQuébe­c a toutefois dû réduire ses exportatio­ns de 1,8 TWh par rapport à l’an dernier en raison des besoins accrus des consommate­urs québécois durant la période de grand froid. Le bénéfice net tiré des ventes hors Québec a, malgré tout, augmenté de 115 millions.

Par ailleurs, Hydro-Québec, qui a émis l’équivalent de 1 milliard de dollars en titres de dettes au premier trimestre, n’échappe pas à la hausse des taux d’intérêt, mais elle remplace toujours ses dettes qui arrivent à échéance par des émissions à taux plus bas, a précisé M. Lafleur.

« On remplace des dettes qui avaient été émises au début des années 1990 pour financer la phase 2 de la Baie-James. Il faudrait que les taux remontent à 9 % ou 10 % [pour que le renouvelle­ment de la dette se fasse à un taux qui est moins avantageux]. On est encore loin de ça. »

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