Le Devoir

Le Women’s Centre vu par Tamarack Verrall

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En deux questions, un bref retour sur les origines du Women’s Centre of Montreal, organisme communauta­ire féministe dont le rayonnemen­t dépasse la métropole, avec une de ses pionnières, Tamarack Verrall.

Qui a créé ce groupe et quand le fut-il ?

Il a été créé en 1969 par des femmes. Nous nous sommes connues lors de rencontres informelle­s sur le campus de l’Université McGill. Huit d’entre nous (quatre femmes et quatre hommes) vivions en un groupe coopératif pendant que nous étions aux études, et lorsque nous avons déménagé à une autre adresse, sur la même rue, le 3694, rue Sainte-Famille est devenu le premier et nouveau Centre des femmes pour un petit groupe d’entre nous, les femmes, mises à l’écart dans les réunions « de gauche ». À ses débuts, nous étions un groupe d’environ dix personnes, mais il a très vite grandi. Nous étions au courant du fait que d’autres femmes partout au Canada ouvraient également des centres pour femmes. À l’époque, il y avait aussi des « soeurs » francophon­es ici à Montréal et des femmes à travers l’Europe faisant la même chose que nous. Une de mes tantes faisait partie des premières Raging Grannies, opposées à l’armement nucléaire, avec des femmes en Grande-Bretagne et aux États-Unis… De quelle manière vous êtes-vous rencontrée­s ? Comme Clara l’a décrit dans ses images, nous nous sommes rencontrée­s dans des discussion­s interminab­les, alors connues sous le nom de « groupes de sensibilis­ation », dans lesquelles nous avons exploré tous les changement­s nécessaire­s pour mettre fin à toutes les formes de violence et de neutralisa­tion de la voix des femmes et des filles. Se rencontrer en tant que femmes et être dans un « espace réservé aux femmes » était d’une importance cruciale pour libérer notre parole.

Comme le Dr Henry Morgentale­r était le seul médecin connu pour s’être engagé à fournir des avortement­s sécuritair­es ici à Montréal, des femmes sont venues du Canada et des États-Unis, mais aussi de nombreuses régions du monde, pour nous voir. Nous leur avons fourni un soutien physique et émotionnel. Nous avons même exécuté un sit-in en raison des traitement­s honteux offerts par les médecins à l’hôpital Royal Victoria — cela était aussi vrai dans de nombreux hôpitaux, mais celui-ci était le plus proche —, critiquant les difficulté­s rencontrée­s par les femmes lorsqu’elles avaient besoin de soins médicaux.

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