Le Devoir

Un voyage à Inuvik

- Nicolas Mavrikakis

L’histoire est passionnan­te et en même temps un peu déroutante… Une de ces histoires dont le milieu de l’art postmodern­e est friand.

Du 24 au 27 septembre 1969, la théoricien­ne de l’art Lucy R. Lippard, vivant à New York, entreprend un voyage qui la transporte­ra dans le Grand Nord canadien, à Inuvik, dans les Territoire­s du Nord-Ouest. Elle y restera

39,5 heures… Lippard ne voyage pas seule. Elle est en compagnie du directeur de l’Edmonton Art Gallery, Bill Kirby, qui finance le voyage dans le cadre d’une expo d’oeuvres éphémères intitulée Place and Process. Le critique d’art Virgil Hammock, qui, avec Lippard, devait « documenter » les créations conceptuel­les, est aussi de l’aventure. Tout comme les artistes N.E. Thing Co. (Iain et Ingrid Baxter), Harry Savage et Lawrence Weiner, qui sont en fait la raison de ce périple. Ce qui, selon les propres mots de Lippard, s’était amorcé comme « un voyage de repérage artistique naïvement colonialis­te » devint rapidement un moment de remise en question intellectu­elle.

Dans un processus de mise en abîme intelligen­te et très réussie, l’artiste lyonnais Romain Gandolphe revient sur cette histoire à la recherche des oeuvres conceptuel­les qui furent alors créées. Mais ce voyage a-t-il laissé d’autres traces ?

Il faut aller voir l’exposition Dire où j’étais m’est impossible même si l’acoustique de la salle n’est pas fabuleuse et que la clarté de la projection est un peu parasitée par l’éclairage de la pièce. Néanmoins, Romain Gandolphe a réalisé une très riche installati­on vidéo.

Dire où j’étais m’est impossible

De Romain Gandolphe. Au Centre des arts actuels Skol, jusqu’au 11 juin.

 ?? ROMAIN GANDOLPHE ?? Images tirées de la vidéo À perte de vue de Romain Gandolphe
ROMAIN GANDOLPHE Images tirées de la vidéo À perte de vue de Romain Gandolphe

Newspapers in French

Newspapers from Canada