Un voyage à Inuvik
L’histoire est passionnante et en même temps un peu déroutante… Une de ces histoires dont le milieu de l’art postmoderne est friand.
Du 24 au 27 septembre 1969, la théoricienne de l’art Lucy R. Lippard, vivant à New York, entreprend un voyage qui la transportera dans le Grand Nord canadien, à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest. Elle y restera
39,5 heures… Lippard ne voyage pas seule. Elle est en compagnie du directeur de l’Edmonton Art Gallery, Bill Kirby, qui finance le voyage dans le cadre d’une expo d’oeuvres éphémères intitulée Place and Process. Le critique d’art Virgil Hammock, qui, avec Lippard, devait « documenter » les créations conceptuelles, est aussi de l’aventure. Tout comme les artistes N.E. Thing Co. (Iain et Ingrid Baxter), Harry Savage et Lawrence Weiner, qui sont en fait la raison de ce périple. Ce qui, selon les propres mots de Lippard, s’était amorcé comme « un voyage de repérage artistique naïvement colonialiste » devint rapidement un moment de remise en question intellectuelle.
Dans un processus de mise en abîme intelligente et très réussie, l’artiste lyonnais Romain Gandolphe revient sur cette histoire à la recherche des oeuvres conceptuelles qui furent alors créées. Mais ce voyage a-t-il laissé d’autres traces ?
Il faut aller voir l’exposition Dire où j’étais m’est impossible même si l’acoustique de la salle n’est pas fabuleuse et que la clarté de la projection est un peu parasitée par l’éclairage de la pièce. Néanmoins, Romain Gandolphe a réalisé une très riche installation vidéo.
Dire où j’étais m’est impossible
De Romain Gandolphe. Au Centre des arts actuels Skol, jusqu’au 11 juin.