SUR VOS ÉCRANS – LE TEMPS DE LE DIRE
L’amour a pris son temps
Après l’adaptation sirupeuse du roman d’amour et de science-fiction à succès The Time Traveler’s Wife, datant de 2009, on peut se demander franchement ce que Steven Moffatt, qui a revigoré avec brio la franchise Doctor Who et remis Sherlock Holmes au goût du jour, allait faire dans une telle galère au potentiel d’eau de rose qui se mesure en hectolitres. Fort heureusement, dans les mains expertes de Moffatt, qui est épaulé par David Nutter (Game of Thrones) à la réalisation, cette histoire d’amour inconditionnelle entre un bibliothécaire, qui a la particularité de voyager dans le temps à l’improviste et contre son gré, et une artiste éprise de lui depuis l’enfance gagne en profondeur et en complexité, et arrive à nous égarer dans l’espace et le temps, comme son personnage central, Henry DeTamble.
Cette romance voyageuse, racontée de façon plutôt linéaire dans le film, est livrée ici dans un désordre au départ un peu déstabilisant, qui s’avère un moyen efficace pour révéler la profondeur psychologique des personnages centraux et de dévoiler des éléments clés de l’intrigue. Les interprètes du couple de tourtereaux éprouvés par l’usure des voyages dans le temps de monsieur, Theo James et Rose Leslie, naviguent avec aisance et une complicité évidente dans les méandres de ce récit parfois passablement mélodramatique, mais heureusement mâtiné de soupçons de suspense et d’action. En somme, on peut dire que le duo de créateurs n’entache en rien leur réputation avec cette production, qui ne passera certes pas à l’histoire, mais qui se laisse regarder avec plaisir si on aime bien les romances.
Le temps n’est rien (The Time Traveler’s Wife en V.O.A.)
Crave et HBO, le 15 mai, 21 h
Suspense latino
La prémisse et le développement de la série à suspense Now andThen n’ont de rien de bien exceptionnel : un groupe d’amis de jeunesse qui ont étudié ensemble à Miami se retrouvent 20 ans après la mort tragique et mystérieuse de l’un d’entre eux, dont ils ont toujours gardé secrets les détails. Des menaces anonymes de révéler leur sombre secret et un autre crime violent les contraignent à ressasser ce lourd passé, surtout lorsqu’une enquêteuse qu’ils ont déjà croisée remonte jusqu’à eux…
Cette production américaine plus que correcte, mais pas particulièrement originale serait sans doute passée inaperçue dans le catalogue d’Apple TV +, si ce n’était qu’elle a été tournée presque dans son entièreté en espagnol, langue maternelle de tous ses personnages principaux. Ce choix, plutôt rare à la télé américaine malgré l’immense potentiel du marché hispanophone, donne un vernis d’authenticité et de crédibilité aux personnages au premier abord très caricaturaux et d’une prévisibilité un peu désolante. Heureusement, le personnage de la policière qui fait le pont entre les deux langues, incarnées par la trop rare Rosie Perez, vient rehausser un peu l’ensemble, qui aurait été autrement un peu fade, même avec ce supplément d’exotisme latino…
Un passé bien présent (Now and Then en V.O.) Apple TV+, dès le 20 mai
Trop longtemps ignoré
Le sarcome est une forme de cancer plutôt rare, puisqu’il ne compte que pour 1 % de l’ensemble des cas de cancer diagnostiqué. Et c’est sans doute pourquoi les traitements pour le soigner sont les mêmes depuis plus de 40 ans, à l’époque où Terry Fox, atteint d’une forme sévère de ce cancer, a tenté de traverser le Canada à la course pour amasser des fonds.
Cette minisérie documentaire de Jean-François Fontaine et d’Alix Gagnon offre une synthèse éclairante et émouvante de la situation qui prévaut pour ceux qui se découvrent atteints de ce cancer difficilement décelable. Elle y arrive en montrant les efforts d’équipes médicales, et plus particulièrement de la chirurgienne orthopédisteoncologue Sophie Mottard — l’une des « vedettes » de De garde 24/7 —, pour soigner les victimes de cette maladie trop rare pour intéresser le « big pharma » et pour relancer la recherche de traitements plus efficaces. On y suit également le parcours parsemé d’embûches de quelques patients qui espèrent s’en sortir, dont l’écrivaine et sociologue Caroline Dawson.
De Terry Fox à aujourd’hui
RDI, les jeudis 19 et 26 mai et 9 juin, 20 h