Le Devoir

Dialogue entre le présent et le passé

À travers quatre exposition­s temporaire­s, l’institutio­n de la rue Sherbrooke annonce la couleur : diversité des voix et inclusion, dialogue entre les époques et multidisci­plinarité.

- Aline Noguès COLLabOrat­iOn spéciaLe

«La programmat­ion estivale est une programmat­ion inclusive, variée et pertinente par rapport à notre période actuelle. C’est une programmat­ion qui apporte un nouveau regard sur l’histoire de l’art et sur notre société », explique Mary-Dailey Desmarais, conservatr­ice en chef du Musée.

Au programme ces prochains mois, quatre exposition­s, dont deux sont déjà à l’affiche. Nicolas Party. L’heure mauve (jusqu’au 16 octobre) aborde la représenta­tion de la nature dans l’histoire de l’art et les rapports de l’humain avec celle-ci, qu’elle lui soit hostile ou accueillan­te, synonyme d’aventures ou de dangers. Le jeune artiste d’origine suisse a réalisé des murales sur mesure, intégrant à son travail les oeuvres du XVIe au XXe siècle de la collection du Musée. « Ce geste nous permet de remettre en question ce que l’on pense connaître de l’histoire de l’art, de voir nos collection­s d’un oeil neuf ; cela fait partie de la vision du Musée », ajoute la conservatr­ice. L’exposition, dans une approche multidisci­plinaire, est mise en chanson par le musicien québécois Pierre Lapointe.

À voir également jusqu’au 10 juillet, la première exposition au Canada du New-Yorkais Adam Pendleton, Ce qu’on a fait ensemble. Figure majeure de son temps, très engagé socialemen­t, l’artiste multidisci­plinaire d’avant-garde combine la peinture, le dessin, l’écriture, dans un mélange entre formel et conceptuel qui interroge le rapport de l’individuel au collectif, thème lui aussi d’une grande actualité.

Donner à voir l’invisible

Du 15 juin au 28 août, l’artiste montréalai­s Stanley Février déploiera au sein du MBAM son installati­on artistique, ou « musée nomade », Musée d’art actuel / Départemen­t des invisibles (MAADI). Cette oeuvre conceptuel­le vise à mettre en lumière des artistes marginalis­és, que l’on trouve moins fréquemmen­t dans les institutio­ns culturelle­s. Février porte en effet un regard critique sur le monde de l’art, lieu de pouvoir, qui fait voir tout autant qu’il invisibili­se certains artistes. Comme l’explique Mme Desmarais, « cette oeuvre nous force à regarder en face les lacunes de nos collection­s muséales, les inégalités au sein des institutio­ns culturelle­s. Au MBAM, nous ne voulons pas nous contenter de parler, nous voulons agir face à un certain manque d’inclusivit­é dans nos murs. Bien sûr, il reste encore beaucoup de travail à faire, mais en programman­t cette exposition, en mettant de l’avant les artistes extraordin­aires rassemblés par Février, dont beaucoup sont basés à Montréal, nous faisons un pas dans la bonne direction ».

Pour terminer, l’exposition collective Vues de l’intérieur. Portraits de l’espace habité ouvrira ses portes le 1er juin, pour une année entière, et touche un thème de grande actualité : l’intérieur, ce lieu devenu synonyme de confinemen­t, pour le meilleur et pour le pire. À travers une soixantain­e d’oeuvres de la collection du MBAM, d’artistes québécois et canadiens notamment, l’exposition nous fera naviguer à travers différents intérieurs, espaces concrets ou psychologi­ques, pour nous en révéler les mille et une facettes possibles : lieu de création, d’intimité, de réflexion…

Comme le résume Mary-Dailey Desmarais, cette programmat­ion estivale et les suivantes sont pensées pour accueillir une multiplici­té de perspectiv­es et de voix. L’approche, cet été, est contempora­ine, mais ne s’y résume pas. « Oui, cette année, le programme s’annonce très contempora­in : nous voulions apporter un regard frais, novateur et vraiment inclusif avec des gestes concrets d’ouverture. Mais le présent dialogue aussi avec le passé dans des oeuvres comme celles de Party qui nous invite à regarder autrement les chefs-d’oeuvre historique­s de la collection. Comment rendre l’art du passé pertinent pour notre contempora­néité ? Comment encourager le public à découvrir de nouvelles histoires dans l’histoire de l’art, à se poser des questions sur les lacunes muséales, sur ces histoires qui ne sont pas racontées ? Voilà les questions que l’on se pose et la programmat­ion de cet été montre notre volonté d’inclure une pluralité de nouveaux regards sur le contempora­in et sur l’historique. »

Le reste de la programmat­ion d’été (activités, événements) n’était pas encore dévoilé au moment de mettre sous presse, à l’exception du retour des ateliers de création artistique, traditionn­elle ou numérique, pour tous les âges. Mais le Musée prépare des surprises à son public, tant entre ses murs que dans la rue : à surveiller !

« Oui, cette année, le programme s’annonce très contempora­in. […] Mais le présent dialogue aussi avec le passé dans des oeuvres comme celles de Party qui nous invite à regarder autrement les chefs-d’oeuvre historique­s de la collection. »

 ?? MBAM,s fondss Hélènes Couture ?? Artiste multidisci­plinaire établie à Toronto, Oreka James s’intéresse aux complexité­s qui entourent la surveillan­ce continuell­e des personnes noires. Ici, son oeuvre Nulabesoin­a d’attendreal’aubea oual’aurore,a carac’estaarrivé­a! (2021)
MBAM,s fondss Hélènes Couture Artiste multidisci­plinaire établie à Toronto, Oreka James s’intéresse aux complexité­s qui entourent la surveillan­ce continuell­e des personnes noires. Ici, son oeuvre Nulabesoin­a d’attendreal’aubea oual’aurore,a carac’estaarrivé­a! (2021)

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