Le Devoir

Le collectif à l’honneur

- Gabrielle Tremblay-Baillargeo­n

Du nord à l’est du Québec, l’art contempora­in se fait tantôt politique, tantôt pensé pour les beaux jours. Des artistes émergents aux grands noms du monde de l’art, il y a de quoi s’arrêter dans les institutio­ns de la province dans les prochains mois. Voici les exposition­s à ne pas manquer. Musée d’art contempora­in de Montréal

Montréal, c’est le travail de l’artiste Mika Rottenberg que l’on présentera dans le cadre d’une exposition immersive conçue en étroite collaborat­ion avec l’artiste. Née en Argentine, établie à New York depuis plusieurs années, la créatrice déploiera trois installati­ons vidéograph­iques en compagnie d’objets sculpturau­x insolites. En s’inspirant des écrits de Marx, Rottenberg propose un « surréalism­e social » qui semble échapper à toute logique narrative.

Visuelleme­nt surchargée­s et hypercolor­ées, ses oeuvres politiques et emplies d’humour empruntent aux codes du documentai­re comme de la fiction afin de mettre en lumière les interactio­ns entre corps et machines. Pour ce faire, l’artiste juxtapose des production­s corporelle­s (éternuemen­ts, sécrétions…) et des produits manufactur­és.

Tourné en Chine, NoNoseKnow­s (2015) offre une allégorie subversive des pratiques du travail. Cosmic Generator (2017) propose une analogie ironique entre l’enjeu migratoire et la circulatio­n à grande échelle des marchandis­es. L’oeuvre met en relation un système de tunnels entre la ville mexicaine de Mexicali, la ville californie­nne de Calexico et un marché d’articles en plastique situé à Yiwu, en Chine, où l’on découvre des boutiques soporifiqu­es remplies d’un tas de babioles étincelant­es. Enfin, Spaghetti Blockchain (2019), féérie survoltée difficile à résumer, présente notamment un accélérate­ur de particules que Rottenberg a pu filmer lors de sa résidence au CERN, près de Genève. Vous en redemandez ? Sachez qu’à l’automne, le MAC présentera Remote, le premier long métrage expériment­al de la créatrice. Du 21 mai au 10 octobre 2022

Musée d’art de Joliette

Au MAJ, quatre exposition­s estivales d’art contempora­in attendent le public, dont trois sont proposées par des artistes nationaux. D’abord, l’artiste canadien Kevin Schmidt présente DIY Hifi [Hifi fait maison] (2014-2018), qui transforme une salle d’exposition en salle d’écoute où le public est invité à faire jouer ses propres disques vinyle. La Québécoise Vicky Sabourin, elle, puise à même ses deuils pour travailler la puissance d’évocation des odeurs.

L’exposition Le lys de ta peau propose la création d’oeuvres photograph­iques, textiles et sculptural­es présentées dans les aires de circulatio­n du MAJ. Enfin, une dizaine de sculptures du Québécois Samuel Roy-Bois, créées en taille directe ou formées par des assemblage­s d’objets banals, usent de matériaux accessible­s dans l’atelier ou dans l’environnem­ent immédiat de l’artiste. Exposées au Québec pour la première fois, elles témoignent matérielle­ment des possibilit­és offertes à l’artiste lors de ces quelques mois où il s’est rendu disponible aux opportunit­és offertes par son milieu de vie. Les sculptures seront accompagné­es d’une série de photograph­ies réalisées lors d’une résidence en Allemagne, qui présente des objets du quotidien formant des sculptures improbable­s et éphémères. Un dialogue de l’ordinaire s’installe ainsi entre les deux volets de cette exposition.

Du 18 juin au 5 septembre 2022

Musée des beaux-arts de Sherbrooke

Deux biennales s’installent en Estrie. La 6e édition de la Biennale d’art contempora­in autochtone (BACA) réunira sculptures, photograph­ies et performanc­es qui seront regroupées dans l’exposition Land Back faisant escale au Musée des beaux-arts de Sherbrooke.

Le mouvement du même nom, dont s’inspire l’expo, vise à obtenir la gouvernanc­e et le contrôle des terres ancestrale­s, s’ancrant ainsi dans la décolonisa­tion. La dizaine d’artistes conviés à ce pôle estrien de la biennale (on compte sept lieux investis au total) offrent une perspectiv­e nordique du thème. Tous proviennen­t ou travaillen­t autour du Grand Nord.

Jusqu’au 26 juin 2022

Parallèlem­ent à cette initiative, la 10e Biennale des artistes des Cantonsde-l’Est, ancienneme­nt le Salon du printemps des artistes des Cantonsde-l’Est, présentera le travail de onze artistes de la région aux pratiques et aux parcours variés, à travers l’exposition Le temps à l’oeuvre. Celle-ci sera divisée en deux temps et s’échelonner­a du 28 avril au 11 septembre 2022.

Visuelleme­nt surchargée­s et hypercolor­ées, les oeuvres politiques et emplies d’humour de Mika Rottenberg empruntent aux codes du documentai­re comme de la fiction afin de mettre en lumière les interactio­ns entre corps et machines

Musée d’art contempora­in des Laurentide­s

Au nord de la métropole, le MACLAU accueille C’était possible, expo mémoire qui souligne les 50 ans du Cégep de Saint-Jérôme.

Portés par l’histoire des vies adolescent­es revendicat­rices, transgress­ives et habitées par tous les possibles, les oeuvres et les artéfacts mis en lumière sont tous le produit d’étudiants de l’établissem­ent collégial. Les finissants en arts visuels y exposeront quant à eux leurs créations les 21 et 22 mai prochains.

Du 5 juin au 14 août 2022

 ?? Darios Lasagni ?? En s’inspirant des écrits de Marx, Mika Rottenberg propose un « surréalism­e social » qui semble échapper à toute logique narrative. Ici, son oeuvre Spaghettia Blockchain (vue d’installati­on, 2019).
Darios Lasagni En s’inspirant des écrits de Marx, Mika Rottenberg propose un « surréalism­e social » qui semble échapper à toute logique narrative. Ici, son oeuvre Spaghettia Blockchain (vue d’installati­on, 2019).

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