SOPHIE GINOUX
Simon, comment tombe-t-on amoureux des burgers ?
Mon amour pour la cuisine ne date pas de mon enfance, mais je me souviens parfaitement des burgers au porc que mon père préparait sur son barbecue au gaz, qu’il avait trafiqué pour ajouter du charbon. J’ai d’ailleurs inclus sa recette (améliorée) dans mon livre, ainsi que celle du sandwich au poulet frit de ma mère Madeleine. Je me suis ensuite intéressé au barbecue grâce aux émissions de Food Network, et je me suis vite passionné pour ce type de cuissons, dont celle du burger évidemment. Mais c’est vraiment lors d’un voyage au Texas en 2018, au cours duquel j’ai goûté au patty melt du resto Whataburger, que ma vision du burger a changé… et qu’il est devenu une vraie obsession ! Il fallait que je crée le burger parfait à mes yeux. Et quand j’ai estimé qu’enfin, j’avais trouvé la recette du burger suprême — le smash burger —, j’ai ouvert ma cantine dans Hochelaga.
À quoi ressemble, pour vous, un burger parfait ?
Ça peut être bien des choses, car on peut faire un burger de plein de façons. Ce qui est important, c’est l’agencement des saveurs et l’équilibre du sel, du sucre et des épices dans la recette. Un bon burger, c’est bien garni et ça explose en bouche. Ce qui ne veut pas dire qu’il doit être démesuré. Comme le chef et animateur Anthony Bourdain, qui disait qu’un burger, ça se mange d’une main, je préfère personnellement les burgers avec peu d’ingrédients, mais de qualité. Alors, un bon petit pain, une boulette de viande bien fraîche, une bonne sauce, des oignons caramélisés, du cornichon sucré ; tout cela aboutit à quelque chose qui se mange bien.
Quel est votre rapport plus global avec la nourriture ?
Je suis quelqu’un d’abondance. C’est amusant, parce que j’ai un frère naturopathe réputé qui prend soin de la santé des gens, alors que moi, hé bien, je la brise, ha ha ! Mais plus sérieusement, pour moi, la bouffe, c’est essentiel. Ma vie n’aurait plus de sens sans elle. Et il n’y a rien de préfait dans mon quotidien. Par exemple, impossible pour moi d’apprêter simplement une brochette avec du riz. Non, il faut au moins qu’elle soit marinée et cuite sur du charbon. Bon, je ne prépare pas tous les jours de la brisket (de la poitrine de boeuf longuement fumée), que je réserve pour des happenings avec plein de monde à la maison, mais je cuisine beaucoup. Des gros mac & cheese, des currys, plein de choses.
Ce qui nous amène à Burger, qui regorge justement de propositions. Comment est né ce projet ?
J’ai toujours été un gars assez téméraire, et mes décisions, je les prends comme ça, sur le vif. Ça a été le cas pour les compétitions de barbecue, pour le lancement de ma première sauce en 2016, pour l’ouverture de mon resto en pleine pandémie [et alors que Simon n’avait jamais travaillé dans un restaurant !]. L’idée du livre m’est en fait venue après celle d’un blogue consacré aux burgers. Comme j’étais nul en informatique, j’ai proposé ce projet. Et comme j’aime bien croire en un certain facteur de chance, il a été accepté ! Si bien qu’entre deux rushs au resto et des employés qui rentraient ou pas, je me suis lancé dans cette aventure qui a presque duré un an.
Votre livre explore de multiples facettes du burger/ sandwich et de ce qui peut l’accompagner (à-côtés, sauces, cocktails). Pourquoi ?
Parce que dans la vie, j’aime une foule de saveurs différentes. Alors au-delà de la tradition américaine, je propose des burgers aux accents portugais, mexicains, indiens ou méditerranéens. Je me fais par exemple depuis longtemps un burger à l’agneau et au bleu que mon ami Clinton refuserait de goûter, parce que les Américains sont beaucoup plus fermés que nous en matière de burgers. Je suis aussi un maniaque de voyages et très curieux culinairement. J’adore les arrière-cuisines, les choses qui ne sont pas sur le menu. J’écoute même des vidéos de recettes en hindi sans sous-titres sur YouTube ! C’est donc cette vision éclatée de la cuisine qui se reflète dans mon livre.
Quel message souhaitez-vous transmettre à travers votre livre ?
J’espère surtout qu’il touchera tous les types de public. 90 % des recettes sont simples à réaliser et constituées de peu d’ingrédients, donc il ne faut pas avoir peur de s’y attaquer même si on n’est pas un pro de la cuisine ou du barbecue. D’ailleurs, un burger cuit à la poêle ou sur une plancha, c’est tout aussi bon que sur le gril à mon avis.
L’important, je le répète, c’est de bien équilibrer les saveurs… et de s’amuser ! Parce qu’un burger, c’est après tout du plaisir et de la convivialité. — Simon de l’Est