La campagne la plus ambitieuse de l’histoire du Québec
La campagne Longue vie aux tannants finance une vingtaine de projets qui transforment la pédiatrie
L’objectif à lui seul donne le vertige : 200 millions. C’est ce que la Fondation de l’hôpital de Montréal pour enfants souhaite récolter dans le cadre de sa campagne Longue vie aux tannants, qui a commencé en 2019 et se poursuit jusqu’en 2026. Une somme colossale qui en fait la collecte de fonds la plus ambitieuse dans l’histoire du Québec.
Déjà plus de 100 millions en dons ont été amassés, à l’aide d’un cabinet de campagne de 40 membres, philanthropes et entreprises, dont l’honorable L. Yves Fortier, avocat, homme d’affaires et diplomate, est le président d’honneur. Ces membres sollicitent leur propre réseau et contribuent à diverses activités de collectes de fonds.
Au sein de ce cabinet, on retrouve, entre autres, de hauts gestionnaires d’institutions financières et de grandes entreprises, tels que Luc Ouellet (Banque Scotia), Richard Pan (Power Corporation), Jean Raymond (CIBC), Nadine Renaud-Tinker (RBC Banque Royale) et nul autre que le joueur de hockey P.K. Subban, lui-même p.-d.g. d’une fondation qui porte son nom. Leur slogan est un jeu de mots : « Panser autrement ».
Dans le cadre de la campagne, les grands donateurs ont le choix : leur don peut servir aux besoins les plus urgents déterminés par l’Hôpital, ou encore, être consacré à un département ou à un objectif particulier.
Renée Vézina, présidente de la Fondation du Children, a été embauchée pour mettre sur pied ce vaste projet, la première campagne en solo de la Fondation depuis 28 ans.
« C’est une campagne qui a pour but de propulser des projets innovants, tant dans le domaine clinique que de la recherche, dit-elle. L’hôpital est neuf, alors ce n’est pas une campagne d’infrastructures et d’équipements, mais d’initiatives telles que le SPOT, un centre spécialisé en santé mentale des adolescents. »
Des projets innovants
Jusqu’à maintenant, une vingtaine de grands projets sont sur la table pour recevoir le soutien de la Fondation. « Ce sont des projets transformationnels, qui vont changer la donne en pédiatrie, pas seulement au Québec, mais partout dans le monde, ajoute Renée Vézina. Environ la moitié sont de nature clinique, et l’autre moitié concerne la recherche. »
Parmi ces projets, mentionnons l’hôpital intelligent, un dispositif portatif qui permettra de prendre les signes vitaux des patients. Au lieu de rester branché à des fils dans son lit, l’enfant pourra ainsi se déplacer. Le système permettra même à certains patients de retourner à la maison plus rapidement.
La campagne financera également une clinique mobile, qui circulera dans les quartiers défavorisés pour offrir des soins aux enfants d’âge préscolaire, et un projet d’art pour la guérison.
Un appel d’offres a été lancé aux artistes québécois pour décorer l’hôpital de Montréal pour enfants avec des oeuvres d’art thérapeutique afin de rendre cet espace, où 40 % d’entre eux séjournent huit jours en moyenne — et parfois plusieurs mois, plus accueillant, humain et convivial.
En recherche, un projet a été lancé pour développer des biopsies liquides pour le dépistage du cancer, beaucoup moins douloureuses que les biopsies des os et des tissus. La campagne financera également un projet de recherche pour la naissance de bébés en santé, ainsi qu’un projet de dépistage génétique universel pour les enfants atteints de cancer.
Parmi les projets déjà financés à 100 %, mentionnons le centre pour la douleur complexe, grâce à un don de la Fondation Louise et Alan Edwards, ainsi que le centre Minnie’s Hope, dans le Grand Nord, où les services sont adaptés aux besoins des enfants cris et inuits vivant à Kuujjuarapik et à Whapmagoostui. Le centre au Nunavik a été financé grâce à des dons de BMO et de la Fondation Hewitt.
Le concept et la marque
Au Québec, il y a énormément de bonnes causes pour les enfants et la santé, comme l’Opération Enfant Soleil, la Fondation Charles-Bruneau et d’autres campagnes d’hôpitaux. Il fallait donc se distinguer avec un concept et des communications qui feraient parler et marqueraient les esprits. C’est la firme Cossette qui a développé l’idée des « tannants », pour faire référence aux enfants qui bougent et qui dérangent — ce qui est d’habitude bon signe ! Un enfant turbulent, c’est généralement un enfant en santé.
« C’est un concept universel, qui résonne pour tout le monde, dit Renée Vézina. Les médecins nous l’ont dit : dans la salle d’attente, quand un enfant saute partout, ils savent que son état n’est pas trop grave. »
La campagne a d’ailleurs remporté une bonne douzaine de prix, dont celui de Brand of the Year 2021 remis en Amérique du Nord par le magazine Strategy.
La vidéo publicitaire de la campagne, diffusée l’an dernier, a d’ailleurs de quoi faire pleurer. Une fillette enjouée et espiègle fait les 400 coups à la maison. On la voit ensuite, devenue trop calme, se rendre à l’hôpital, recevoir des soins, perdre tous ses cheveux. Jusqu’au revirement final, bien sûr très émouvant.
Le Children au-delà des idées reçues
Au Québec, certaines idées erronées circulent encore au sujet du Children. Par exemple, bien des gens croient encore qu’il ne dessert que la population anglophone. Dans les faits, 40 % de sa clientèle est anglophone, 40 % est francophone, et 20 % est allophone. Renée Vézina s’est d’ailleurs aussi donné comme mandat de mieux faire connaître l’établissement au Québec.
De plus, peu de gens savent que selon le découpage géographique déterminé par le gouvernement, le Children reçoit 63 % des cas pédiatriques ternaires et quaternaires du Québec, quelle que soit la langue parlée. Il s’agit d’enfants qui ont besoin de soins spécialisés et complexes que les hôpitaux locaux ne sont pas en mesure d’offrir.
« C’est une institution de renommée mondiale associée à la Faculté de médecine de McGill, où l’on parle 47 langues et qui attire les grands cerveaux en pédiatrie, précise Renée Vézina. Avec cette campagne et les initiatives qu’elle génère, on fait parler de nous. Le Children est un fleuron du Québec moderne à connaître, et il a le vent dans les voiles. »
Dans le cadre de la campagne, les grands donateurs ont le choix : leur don peut servir aux besoins les plus urgents déterminés par l’hôpital, ou encore, être consacré à un département ou à un objectif particulier