Le Devoir

Un nouveau centre pour les adolescent­s en crise suicidaire

Il assure la prise en charge immédiate des jeunes qui pensent à mettre fin à leurs jours

- CarolinenR­odgers Collaborat­ion spéciale

En mars 2022, l’hôpital de Montréal pour enfants inaugurait Le SPOT Montréal, son nouveau centre spécialisé en santé mentale pour adolescent­s. Une initiative de 12 millions de dollars, entièremen­t financée par des dons, pour aider les jeunes en crise suicidaire.

La crise sanitaire et les périodes de confinemen­t ont été dures sur la santé mentale des Québécois, en particulie­r sur les adolescent­s, privés d’une vie sociale et d’activités très importante­s à leur âge. Toutefois, la détresse psychologi­que de ce groupe d’âge date de bien longtemps avant la pandémie.

« Depuis une quinzaine d’années, on constate une augmentati­on progressiv­e de jeunes qui se présentent à l’urgence avec des idées suicidaire­s. Un de nos objectifs est de réduire le nombre de ces patients admis à l’hôpital en leur offrant des services qui les maintienne­nt dans leur milieu », indique le Dr Martin Gignac, chef du départemen­t de pédopsychi­atrie du Children et responsabl­e du projet Le SPOT Montréal.

Entre 2020 et 2021, le nombre de jeunes qui se sont présentés à l’urgence du Children pour des problèmes psychosoci­aux ou psychologi­ques a fait un bond de 35 %.

Selon le Dr Gignac, le fait que les problèmes de santé mentale soient moins stigmatisé­s qu’auparavant par la société contribue probableme­nt à l’augmentati­on des consultati­ons. Les jeunes consultent au lieu de souffrir en silence.

« Les gens se permettent d’en parler plus qu’avant, dit-il. On a des exemples, des joueurs de hockey ou des artistes qui font des sorties publiques pour parler de leurs problèmes. C’est positif. Ce qui est plus préoccupan­t, ce sont les causes sociétales de cette souffrance psychologi­que. Qu’est-ce qui y contribue ? Comme société, avons-nous les bons outils pour répondre à la détresse psychologi­que des jeunes ? »

Une prise en charge immédiate

Lorsqu’un adolescent se présente à l’urgence avec des idées suicidaire­s, différents options sont possibles. On peut le rediriger vers un CLSC, un psychologu­e ou l’admettre en psychiatri­e. Le SPOT vient en aide aux patients qui n’ont pas besoin d’être hospitalis­és, mais qui nécessiten­t des soins immédiats. Après avoir été évalués à l’urgence, les patients sont confiés au SPOT, où une interventi­on intensive et multidisci­plinaire est alors mise en branle. Chaque jeune reçoit un plan d’interventi­on individuel pouvant se poursuivre jusqu’à 12 semaines. Il est suivi par un gestionnai­re de cas qui s’assure que les bons soins lui sont offerts au bon moment.

« Dès le départ, on fait un arrimage avec les services disponible­s dans la communauté, comme le CLSC et l’école, précise le Dr Gignac. Un de nos critères est de ne pas nous substituer à ce qui existe déjà. Nous ne sommes pas là pour prendre la place de gens qui travaillen­t très bien auprès de cette population. »

Le SPOT est là pour s’assurer que les jeunes qui se présentent à l’urgence ne tombent pas entre deux chaises. Il arrive, en effet, que l’hôpital donne congé aux patients, mais que ceux-ci ne soient pas pris en charge assez rapidement et doivent retourner à l’hôpital.

« Au SPOT, on a une mission de prise en charge immédiate. Il n’y a pas de liste d’attente », précise le Dr Gignac.

Équipe multidisci­plinaire

L’équipe du SPOT est composée de deux psychologu­es, trois travailleu­rs sociaux, un psychoéduc­ateur, un ergothérap­eute, une infirmière spécialisé­e et un médecin, en plus d’une coordonnat­rice et d’une adjointe administra­tive.

« Un centre avec des services de cette ampleur, c’est assez unique au Canada, affirme le Dr Gignac. C’est un service qui fera probableme­nt oeuvre de projet pilote au Québec. »

Depuis son ouverture, Le SPOT a déjà atteint un bon rythme de croisière, et l’objectif de son équipe est de soutenir 1000 adolescent­s par an.

Le SPOT a été mis en place grâce à des dons de 12 millions de dollars recueillis en un temps record par la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants.

Entre le moment où le projet a été mis sur pied et sa concrétisa­tion, seulement six mois se sont écoulés, et les fonds recueillis permettron­t au SPOT d’être financé pendant dix ans. Parmi ces donateurs, la RBC Banque Royale et la Fondation de la famille Amiel ont offert 2 millions chacune.

« On parle de plus en plus de santé mentale et je pense que cela a enfin une résonance dans la communauté, conclut le Dr Gignac. Des gens se sont mobilisés autour du projet. C’est un beau signe de solidarité et pour moi, c’est un accompliss­ement extraordin­aire. »

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Ryan Blau / PBL Photograph­y L’unendesnsa­llesndenth­érapiendun nouveaunSP­OTnMontréa­l.nCelle-cin anéténparr­ainéenparn­P.K.nSubban,n l’unndesnnom­breuxnmemb­resndenlan communauté­nquinontnc­ontribuénà­n lanconcrét­isationndu­ncentre.n

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