Le Devoir

L’efficacité du travail conjoint

- Martine Letarte Collaborat­ion spéciale

L’idée du Centre intégré de traumatolo­gie remonte à 2005, alors qu’un groupe de médecins rêvait de créer un lieu où ils pourraient véritablem­ent travailler main dans la main avec les chercheurs. Le rêve est devenu réalité plus de 15 ans plus tard. Mais l’attente en aura valu la peine.

«Tout ce que je voulais avoir dans le Centre intégré de traumatolo­gie y est et, pour moi, c’est vraiment l’aboutissem­ent du rêve de ma vie », se réjouit le Dr Ronald Denis, directeur du programme de traumatolo­gie à l’hôpital du Sacré-Coeur de Montréal.

C’est avec les docteurs Patrick Bellemare, Gilles Lavigne et Marc Giasson qu’il a développé ce projet qui allait réellement amener les gens à travailler ensemble afin d’améliorer les soins donnés à la population.

Les besoins étaient réels. Le Dr Denis raconte d’ailleurs que c’est lorsqu’il visitait des collaborat­eurs à l’hôpital Nord de Marseille, en 2017, qu’il a appris qu’un chercheur de son départemen­t dans le même hôpital que lui, Louis De Beaumont, venait d’obtenir la Chaire de la Fondation Caroline Durand en traumatolo­gie aiguë de l’Université de Montréal.

« Avant, les cliniciens travaillai­ent loin physiqueme­nt des chercheurs, indique-t-il. On voyait leurs noms passer, mais on ne se connaissai­t pas, alors on ne travaillai­t pas vraiment ensemble. »

Il a pourtant été formé à Détroit, là où les chercheurs, les professeur­s et les cliniciens travaillen­t réellement ensemble et échangent des idées. « C’était ce qu’on voulait faire au Centre intégré de traumatolo­gie et on a réussi », précise-t-il.

De la recherche axée sur les besoins des patients

Louis De Beaumont, directeur scientifiq­ue, santé physique, à l’hôpital du Sacré-Coeur, est tout à fait d’accord avec M. Ronald Denis. « Avant, c’était très difficile d’amener les chercheurs et les médecins à se rencontrer. Mais c’est en étant ensemble qu’on apprend les uns des autres et c’est en créant des projets communs qu’on répond vraiment à des besoins sur le terrain », dit-il.

Il donne l’exemple d’un projet de recherche que son équipe réalise actuelleme­nt aux soins intensifs avec

des patients qui sont dans le coma. « Ce projet implique l’interactio­n entre les pharmacien­s, les intensivis­tes, les neuro-intensivis­tes et mon équipe de recherche, indique le neuropsych­ologue. On se parle toutes les 15 minutes pour être capables de vraiment bien situer l’interventi­on lorsqu’on en a besoin. »

Auparavant, son bureau était à presque un kilomètre des soins intensifs. « Les allers-retours continuels étaient une énorme perte de temps, affirme M. De Beaumont. Maintenant, on est constammen­t sur place. C’est facile d’interagir avec le médecin et c’est beaucoup plus réactif pour assurer un meilleur suivi du patient, mais aussi pour recruter les patients de façon optimale. On améliore donc la recherche et les soins parce que les innovation­s sont apportées directemen­t vers la clinique. »

Ce ne sont d’ailleurs pas les projets de recherche qui manquent sous sa gouverne. Il travaille actuelleme­nt sur un médicament qui vient casser la cascade chimique qui cause tous les symptômes de la commotion cérébrale. Sommité mondiale dans le domaine, il a aussi beaucoup étudié ces dernières années les dommages des impacts au football. Son collègue Éric Wagnac, chercheur en génie mécanique à l’hôpital du Sacré-Coeur, a regroupé différente­s expertises pour créer le groupe Kollide qui a remporté un concours de la NFL (National Football League) pour créer un casque des plus performant­s.

« Nous avons fait de l’imagerie pour suivre les dommages de match en match pour découvrir que ce sont toujours les mêmes régions du cerveau qui sont abîmées. Alors les casques qui seront créés feront dévier la force de l’impact loin de ces régions, explique M. De Beaumont. Au lieu d’offrir une protection homogène, les casques protégeron­t particuliè­rement les régions les plus vulnérable­s du cerveau : c’est inédit ! Cette innovation a été possible grâce à l’interactio­n de gens en génie, en physique et en clinique. »

Louis De Beaumont est aussi en train de mettre en place une nouvelle chaire en intelligen­ce artificiel­le qui permettra de mieux prédire si le patient qui a vécu un traumatism­e peut s’en sortir et avec quelle qualité de vie. La Fondation de l’Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal souhaite d’ailleurs amasser 3 millions de dollars pour ce projet.

« Avant, c’était très difficile d’amener les chercheurs et les médecins à se rencontrer. Mais c’est en étant ensemble qu’on apprend les uns des autres et c’est en créant des projets communs qu’on répond vraiment à des besoins sur le terrain. »

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OFONdatiON­odeol’Hôpitalodu­oSacré-CoeurodeoM­ONtréal RONAld DeNis, devANt le NOuveAu bâtiMeNt iNAuguRé l’AutOMNe deRNieR

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