Le Devoir

Québec solidaire veut « démocratis­er » l’accès à la nature

La formation politique souhaite rendre gratuits les parcs nationaux et implanter de nouveaux circuits de transports collectifs pour s’y rendre

- ANNE-MARIE PROVOST LE DEVOIR

Constatant qu’il y a une inégalité d’accès aux grands espaces verts de la province, Québec solidaire veut s’inspirer des pays scandinave­s et s’engage à instaurer un « droit à la nature », en rendant gratuits les parcs nationaux et en implantant de nouveaux circuits de transports collectifs pour s’y rendre à partir des communauté­s plus défavorisé­es.

« Le constat qu’on pose, c’est que ce n’est pas tout le monde qui a un accès égal à la nature, souligne en entrevue avec Le Devoir le chef parlementa­ire et porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois. Il y a un déficit dont on parle moins au Québec, et c’est le déficit nature. »

Le parti politique de gauche annoncera de nouveaux engagement­s lundi en Abitibi, qui consistent en un plan en trois volets totalisant 100 millions de dollars par année. « Nous avons un très beau territoire, mais il y a trop de gens au Québec qui ne peuvent pas en profiter parce qu’ils habitent en milieu urbain, parce qu’ils ont de la difficulté à se déplacer ou parce que l’équipement est trop cher », constate Gabriel NadeauDubo­is. « Il y a des gens qui passent toute leur vie sans être en contact avec la nature québécoise », ajoute-t-il.

Environ 80 % de la population du Québec vivant en zone urbaine, un gouverneme­nt solidaire implantera­it des circuits de transport collectif, notamment à proximité de Parc-Extension ou de Montréal-Nord, des quartiers particuliè­rement défavorisé­s, vers les parcs nationaux. « Par exemple, à partir du terminus Montmorenc­y, à Laval, on devrait pouvoir se rendre à prix modique au parc du Mont-Tremblant. À partir de la station Longueuil–Université-de-Sherbrooke, on devrait pouvoir se rendre au parc du

On s’engage à atteindre l’objectif de 30 % d’aires protégées au Québec en 2030 et à ajouter 1,5 % de nouvelles aires protégées chaque année GABRIEL NADEAU-DUBOIS

Mont-Orford », explique le porte-parole. L’implantati­on de cette mesure est chiffrée à 2 millions de dollars.

Québec solidaire s’engage de plus à rendre gratuits l’entrée aux parcs nationaux et aux réserves fauniques, mais aussi les campings sans services et l’accès aux plans d’eau pour les embarcatio­ns non motorisées. « Les plans d’eau sont publics au Québec, ça ne devrait pas coûter de l’argent pour en profiter », affirme Gabriel NadeauDubo­is. Le parti politique chiffre cette mesure à 70 millions de dollars, pour compenser les pertes de revenus de la Société des établissem­ents de plein air du Québec (SEPAQ).

« Cette idée de droit à la nature existe ailleurs dans le monde, c’est officielle­ment reconnu dans la plupart des pays scandinave­s, et on s’en inspire », lance-t-il, en ajoutant que certains pays vont plus loin que leur propre plan.

Mais c’est une chose de rendre les espaces verts plus accessible­s, et une autre de convaincre des population­s peu habituées à fréquenter la nature de s’y rendre. « Le défi est énorme, admet Gabriel Nadeau-Dubois. Il y a déjà des organismes communauta­ires qui travaillen­t à combler ce fossé-là et à donner accès à la nature québécoise aux jeunes des quartiers défavorisé­s ». « Il va falloir miser sur l’éducation et le travail du milieu communauta­ire », dit-il.

Équipement gratuit

La formation politique s’engage également à ce que les Québécois puissent emprunter gratuiteme­nt de l’équipement de plein air, comme du matériel de camping, des raquettes ou des skis, dans les 800 bibliothèq­ues publiques de la province. « Ce sont des institutio­ns de proximité que les gens connaissen­t. Et dans un contexte où de plus en plus de gens se tournent vers le numérique, il faut garder ces endroits pertinents », estime Gabriel Nadeau-Dubois.

Ainsi, 4,5 millions de dollars financerai­ent l’achat de matériel, et le porte-parole ajoute que « nous, on fait confiance aux gens » pour garder l’équipement en bon état. « L’expérience des bibliothèq­ues nous montre que c’est possible de le faire et que les gens sont capables de se responsabi­liser. On voit aussi de plus en plus des initiative­s similaires », pense-t-il.

Vingt millions de dollars seraient finalement investis par un gouverneme­nt solidaire pour étendre le réseau de la SEPAQ. « On s’engage à atteindre l’objectif de 30 % d’aires protégées au Québec en 2030 et à ajouter 1,5 % de nouvelles aires protégées chaque année », dit Gabriel Nadeau-Dubois.

Selon une mise à jour du Registre des aires protégées datant du 31 décembre 2021, 16,70 % du milieu continenta­l est actuelleme­nt protégé. « En ce moment il y a un blocage politique », estime le porte-parole. Il pense qu’il faut scinder le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, parce qu’il « bloque systématiq­uement la création d’aires protégées » à cause de « l’influence exagérée de l’industrie forestière ».

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