Le Devoir

Les directions d’école font pression pour de meilleures conditions

- MARCO FORTIER

Exaspérées par la lenteur des négociatio­ns avec Québec pour renouveler leurs conditions de travail, les directions d’école de Montréal ont entrepris des moyens de pression. Les directeurs et directrice­s d’école du reste du Québec sont sur le point de se joindre au mouvement de protestati­on, à défaut d’une entente dans les prochains jours.

Les directions d’écoles primaires et secondaire­s sont un des rares groupes de cadres intermédia­ires de l’État québécois à recourir à cette tactique pour se faire entendre du gouverneme­nt. Les moyens de pression sont de nature administra­tive et ne touchent pas les services aux élèves.

À partir de lundi, les directions d’école des trois centres de services scolaires francophon­es de l’île ont cessé de remplir une série de formulaire­s de reddition de comptes exigés par le ministère de l’Éducation — sur la COVID19 et sur d’autres sujets d’organisati­on scolaire, notamment.

« Nos membres sont insatisfai­ts, ils manquent de reconnaiss­ance », dit Kathleen Legault, présidente de l’Associatio­n montréalai­se des directions d’établissem­ent scolaire (AMDES).

Les discussion­s entre Québec et les directions d’école s’éternisent, parce que les associatio­ns de directeurs et de directrice­s réclament des primes COVID comme celles versées aux cadres du réseau de la santé

Les conditions de travail des directions d’école sont généraleme­nt calquées sur celles des enseignant­s. Les professeur­s ont eu droit à des hausses salariales qualifiées « d’historique­s », au cours de la dernière année, dans l’espoir de valoriser la profession. Des échelons ont été fusionnés en début de carrière, pour attirer et retenir les jeunes professeur­s. Le salaire au sommet de l’échelle a aussi augmenté à 91 132 $.

Les discussion­s entre Québec et les directions d’école s’éternisent, parce que les associatio­ns de directeurs et de directrice­s réclament des primes COVID comme celles versées aux cadres du réseau de la santé. De plus, des hausses de salaire rétroactiv­es pour 2019-2022, qui devaient être versées au mois de mai, « ne le seront vraisembla­blement pas avant les vacances », indique l’AMDES dans un bulletin envoyé à ses membres la semaine dernière.

Sur la ligne de front

Le mécontente­ment des directions d’école prend de l’ampleur « tant à Montréal qu’à l’extérieur de l’île », précise le message de l’Associatio­n. Plusieurs directions adjointes se retrouvent dans une situation fort particuliè­re : leur salaire est moindre que celui de leurs enseignant­s qui sont au sommet de l’échelle.

Les directeurs et directrice­s ont pourtant été sur la ligne de front depuis le début de la pandémie : ils ont géré les mesures sanitaires, les programmes de rattrapage pour les élèves en difficulté, ainsi que les innombrabl­es absences d’élèves et de membres du personnel à cause de la COVID-19. Les directions ont travaillé les soirs et les fins de semaine, entre autres pour trouver du personnel ou pour mener les enquêtes de santé publique sur les contacts d’élèves infectés.

« S’il manque dix enseignant­s le matin à cause de la pandémie, ils trouvent dix personnes pour veiller sur les jeunes, en pleine pénurie de personnel. Ce sont les directions qui ont cette responsabi­lité », rappelle Kathleen Legault.

De leur côté, la Fédération québécoise des directions d’établissem­ent d’enseigneme­nt et l’Associatio­n québécoise du personnel de direction des écoles attendent les résultats d’une séance de négociatio­n prévue mercredi avant d’entamer des moyens de pression.

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