« Oui, le cinéma est vivant ! »
Le Festival de Cannes s’ouvre sur des paillettes, des zombies et Zelensky
Le tapis rouge bien garni s’est dispersé au grand amphithéâtre Lumière. « Chers amis, sortons de cette nuit ensemble », lançait mardi soir Virginie Efira, maîtresse de cérémonie de cette soirée d’ouverture, en invitant le cinéma à arpenter des chemins nouveaux. Elle a profité de sa tribune pour nommer des Palmes d’or glorieuses. C’est un 75e anniversaire de festival après tout, mais le passé s’inclinait devant le présent : « Oui, le cinéma est vivant ! » jetait-elle en pâture à l’assemblée en tenue de soirée.
L’actrice du Goût des merveilles et de Benedetta a offert la palme d’honneur à
Sommes-nous en train de danser sur le Titanic ? VINCENT LINDON
Forest Whitaker, acteur afro-américain de Bird et de Ghost Dog. Il est également un artiste très engagé auprès des jeunes dans les banlieues françaises comme en Afrique et au milieu des zones de conflit en leur offrant des moyens de créer. « Leurs vies ont changé. Nos vies continuent. Mais par le cinéma, un réalisateur partage ses rêves. »
Quant au président du jury, Vincent Lindon, il a lu sur scène un discours poignant sur l’engagement, la guerre, le métier d’acteur et la culture qui ne se retrouve pas en marge de la société, mais en son centre. « Sommes-nous en train de danser sur le Titanic ?»
Coup de théâtre : le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, est apparu en vidéo, évoquant la bataille du 7e art qui a commencé avec l’arrivée d’un train. « Le cinéma est apparu dans notre vie et est devenu notre vie. Ces images terribles des chroniques documentaires en témoignent, et les films aussi. »
Pourtant, relève M. Denis, la mise à jour de 2018 de la LQE avait justement pour objectif de contrer le fractionnement. « Je suis sensible à la question du fractionnement de projet », avait déclaré le ministre de l’Environnement de l’époque, David Heurtel, en 2016, lors de l’étude détaillée du projet de loi. Selon ses explications, l’article 31.1.1 « couvre cette situation-là ».
Bien qu’il ne soit pas là question de fractionnement, le ministère a aussi choisi ces derniers mois de ne pas utiliser son pouvoir discrétionnaire pour le projet de plateforme intermodale de Ray-Mont Logistiques, qui suscite une vive opposition dans l’arrondissement montréalais de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.
En pratique, un obstacle majeur fait en sorte que des projets fractionnés passent entre les mailles du filet, malgré les pouvoirs du ministère : l’information « très, très limitée » dont dispose le public, souligne Anne-Sophie Doré, une avocate du Centre québécois du droit de l’environnement.
La mise à jour de la LQE prévoyait la création d’un registre public comprenant notamment la demande d’autorisation d’un projet et les documents la soutenant. Quatre ans plus tard, ce registre public détaillé n’existe toujours pas. Seul un registre très sommaire, qui tient en quelques mots par projet, est en ligne.
Si le public n’a accès qu’à ces informations extrêmement succinctes lors des trois mois suivant le dépôt d’une demande d’autorisation, il n’a pas l’occasion d’exprimer des « préoccupations », déplore Jean Baril, professeur retraité de droit de l’environnement à l’UQAM et spécialiste de l’accès à l’information environnementale.
Conséquence : le ministre ne peut pas avancer que les impacts environnementaux sont majeurs et que les préoccupations du public imposent un examen approfondi. Légalement, il ne peut pas recourir à son propre pouvoir pour forcer la tenue d’un examen du BAPE.
« Il n’y a aucun détail dans le registre actuel ! Très souvent, le public apprend l’information — comme cela a été le cas à Saint-Adelphe — après que le projet a obtenu une autorisation ministérielle. Donc la possibilité [que le ministre applique son pouvoir discrétionnaire en moins de trois mois], je ne vois pas le jour où elle va se réaliser », se désole M. Baril.
Dans un courriel au Devoir, le MELCC explique que le déploiement du « service en ligne » prévu par la loi « s’effectue par phases ». « Des livraisons subséquentes sont en cours d’élaboration pour améliorer et ajouter de nouvelles fonctionnalités, comme des questionnaires interactifs en ligne », lit-on dans la réponse, qui ne stipule aucun calendrier spécifique.
Le MELCC ajoute que la « stabilité » et la « sécurité » du système devront être assurées en priorité. Le système devra également composer avec la protection des « secrets industriels ou commerciaux » des entreprises présentant des projets, comme les volumes d’eau pompée pour l’embouteillage, par exemple.
Forcer la main aux municipalités
Selon le légiste retraité Mario Denis, l’épuisement du délai de trois mois n’excuse en rien la non-intervention du Ministère dans le dossier de Saint-Adelphe.
« Je pense que le ministre a une responsabilité, soutient-il. Les fonctionnaires qui ont reçu le dossier du promoteur, qu’ils ont étudié en vase clos, comment se fait-il qu’ils ne se soient pas posé la question : “pourquoi, si la population est devant trois projets de porcheries totalisant presque 12 000 porcs, il n’y a aucune réaction ?” »
L’avocat-légiste retraité appelle le gouvernement à obliger les municipalités à publier sur leur site Web une courte description des projets proposés sur leur territoire, dès le dépôt des demandes.
Fin janvier, Patates Dolbec et AvantisOlymel, les instigateurs du projet de trois porcheries à Saint-Adelphe, ont décidé de reporter leur demande de permis de construction, disant vouloir « obtenir un plus haut niveau d’acceptation sociale » avant d’aller de l’avant.
Très souvent, le public apprend l’information [...] après que le projet a obtenu une autorisation ministérielle JEAN BARIL »