Le Devoir

Musk impose une nouvelle condition à l’acquisitio­n de Twitter

Le millionnai­re veut une garantie sur la quantité de faux comptes, car il estime qu’ils pourraient représente­r au moins 20 % des utilisateu­rs

- DANIEL HOFFMAN AGENCE FRANCE-PRESSE

Elon Musk conditionn­e à nouveau son rachat de Twitter à des garanties sur les robots et les pourriels : le patron de Tesla a indiqué que l’opération ne parviendra­it pas à son terme tant qu’il n’aurait pas la preuve que moins de 5 % des comptes sont des faux.

Twitter semble toutefois se préparer à une acquisitio­n, l’entreprise ayant déposé un document auprès du gendarme boursier américain et assurant s’engager « à mener à bien la transactio­n au prix et aux conditions convenus aussi rapidement que possible ».

« Le directeur général de Twitter a refusé hier de prouver que moins de 5 % des comptes étaient des faux », a tweeté mardi M. Musk, qui compte près de 94 millions d’abonnés sur le réseau social. « Jusqu’à ce qu’il le fasse, la transactio­n ne pourra pas aller de l’avant », a-t-il ajouté.

20 % de faux comptes

Dans son gazouillis de mardi, M. Musk fait référence aux explicatio­ns fournies lundi par Parag Agrawal, le patron de Twitter, sur les mesures prises pour lutter contre les pourriels et les faux comptes.

M. Agrawal avait notamment indiqué que les chiffres de Twitter, selon lesquels moins de 5 % des comptes de la plateforme sont des faux, étaient « basés sur de multiples reproducti­ons d’analyses humaines de comptes, qui sont sélectionn­és de manière aléatoire ».

Le fantasque entreprene­ur avait répondu par un émoji en forme de crotte.

« Comment les annonceurs peuventils savoir ce qu’ils paient vraiment ? » avait-il également tweeté en réaction au fil de M. Agrawal. « C’est une question fondamenta­le pour la santé financière de Twitter. »

Intervenan­t par vidéo lors d’une conférence lundi, M. Musk a estimé que les faux comptes représenta­ient au moins 20 % des utilisateu­rs de Twitter, selon l’agence Bloomberg et des tweets de personnes présentes à cet événement.

M. Musk avait déjà annoncé vendredi dernier mettre en suspens l’acquisitio­n de l’entreprise, qu’il a dit vouloir racheter pour 44 milliards de dollars, en raison du manque de clarté sur les faux comptes. Il avait rectifié le tir quelques heures plus tard en précisant qu’il était « toujours engagé » à mener à bien l’opération.

« 20 % de faux comptes et de pourriels, c’est 4 fois plus que ce que Twitter affirme, mais le vrai chiffre pourrait être *bien* supérieur », a tweeté M. Musk mardi.

Échantillo­n

Depuis qu’il a déposé son offre de rachat, acceptée par le conseil d’administra­tion du réseau social, M. Musk a promis de débarrasse­r Twitter des pourriels, de mieux authentifi­er les utilisateu­rs et de renforcer la transparen­ce.

Vendredi, il a indiqué que son équipe allait choisir un échantillo­n aléatoire de 100 abonnés du compte officiel de Twitter pour vérifier s’il s’agit ou non de vrais comptes. « J’invite les autres à faire la même chose et à voir ce qu’ils découvrent », a-t-il suggéré avant d’inciter les utilisateu­rs de la plateforme à sélectionn­er n’importe quel compte ayant un nombre important d’abonnés.

Selon une estimation publiée vendredi par l’entreprise de logiciels SparkToro, 19,42 % des comptes Twitter sont des faux ou des pourriels.

SparkToro retient différents critères pour évaluer l’authentici­té d’un compte, dont son activité au cours des 120 derniers jours, sa date de création, son nombre de tweets ou encore son nombre d’abonnés.

L’entreprise reconnaît que sa méthodolog­ie est probableme­nt différente de celle utilisée par Twitter. Selon l’outil qu’elle propose sur son site, plus de 70 % des abonnés de M. Musk sont de faux comptes.

Un échec à 60 %

Contacté par l’Agence France-Presse, Twitter n’a pas réagi dans l’immédiat à la dernière saillie de M. Musk.

L’action du groupe reculait d’environ 1 % dans les échanges électroniq­ues précédant l’ouverture de Wall Street.

Selon Dan Ives, de Wedbush Securities, le nouveau tweet de M. Musk va peser sur le cours de l’entreprise en Bourse, « car la probabilit­é pour que la transactio­n se fasse n’est désormais pas très bonne, et il y a, selon nous, plus de 60 % de chances que M. Musk abandonne la négociatio­n et paie l’indemnité de rupture ».

Une autre possibilit­é, selon M. Ives, est que le patron de Tesla cherche à négocier au rabais son prix d’achat en se servant de l’argument des faux comptes comme d’un prétexte.

« Cela a plus l’air d’être l’excuse du “chien qui a mangé les devoirs” [qu’il utiliserai­t] pour se désister de la transactio­n ou pour faire baisser le prix », note l’analyste.

De son côté, Twitter a appelé ses actionnair­es à voter en faveur du rachat par M. Musk au prix de 54,20 dollars par action en numéraire lors d’une prochaine assemblée générale exceptionn­elle, dans un document déposé mardi auprès du régulateur de Wall Street, la Securities and Exchange Commission (SEC).

Cela a plus l’air d’être l’excuse du “chien qui a mangé les devoirs”

DAN IVES

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MIGUEL ROBERTS THE BROWNSVILL­E HERALD ASSOCIATED PRESS Elon Musk a indiqué que son équipe allait tester 100 abonnés du compte officiel de Twitter de manière aléatoire pour vérifier s’il s’agit ou non de vrais comptes. Il demande au patron du réseau social de prouver que moins de 5 % des comptes sont des faux avant de procéder au rachat.

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