Baisse de 10 % des notes en lecture en 4e année
Les fermetures de classe ont affecté principalement les élèves les plus vulnérables, conclut une étude
On s’en doutait, mais une vaste étude menée auprès de 7500 élèves le confirme : la pandémie a fait chuter les résultats scolaires en lecture. Les fermetures de classe ont nui d’abord aux élèves en difficulté. L’écart s’est agrandi avec les élèves les plus forts, qui ont obtenu de bonnes notes malgré les bouleversements provoqués par la COVID-19.
La pandémie a fait baisser de 8 points de pourcentage (10 %) la moyenne des élèves de quatrième année du primaire à l’épreuve ministérielle en lecture (de 77 % à 69 %). Le taux de réussite a aussi chuté de 11 points : 72 % des élèves ont obtenu la note de passage en 2021, comparativement à 83 % en 2019.
« On constate que l’écart se creuse entre les élèves vulnérables et les élèves les plus forts », dit Catherine Haeck, professeure en sciences économiques à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Elle est aussi codirectrice de l’Observatoire pour l’éducation et la santé des enfants du CHU Sainte-Justine.
Elle et son équipe ont eu accès aux résultats de l’examen ministériel de 2021 en lecture de 7500 élèves de quatrième année (sur 12 000), issus de 182 écoles. La moitié des centres de services scolaires québécois ont fourni leurs données. L’équipe de recherche a comparé ces résultats à ceux de la même épreuve ministérielle en 2019, avant la pandémie.
Les écarts de réussite sont importants entre les deux années. Et plus les classes sont restées fermées longtemps, plus les notes ont baissé. Surtout pour les élèves qui ont des difficultés d’apprentissage.
La note moyenne des élèves qui figurent parmi les 10 % les plus forts est restée à peu près la même en 2021 qu’avant la pandémie. La note des élèves les plus faibles a toutefois chuté dramatiquement, de près de 20 points de pourcentage (de 42 % à 23 %).
L’écart de réussite entre les garçons et les filles est resté à peu près le même : les filles obtiennent encore des notes supérieures à celles des garçons, sauf parmi les élèves les plus performants, où les résultats sont comparables.
« La pandémie a affecté les résultats scolaires, mais la bonne nouvelle, c’est que l’école en présence, ça marche. Quand les enfants peuvent aller à l’école, ça aide à réduire les écarts [entre les élèves] », explique Catherine Haeck.
Efforts de rattrapage
La professeure croit que le réseau scolaire devra continuer le rattrapage au cours des prochains mois. Elle a un préjugé favorable envers le programme de tutorat mis en place par Québec en janvier 2021, parce que c’est généralement « une des méthodes les plus efficaces » pour aider les jeunes en difficulté.
Catherine Haeck et son équipe prévoient d’analyser les résultats de l’épreuve ministérielle de lecture de cette année pour déterminer si les tendances observées en 2021 se maintiennent ou non.
Il est essentiel de continuer le rattrapage, parce que le Québec a pris du retard en matière d’éducation par rapport aux autres pays développés, fait valoir la professeure. À peine 36 % des Québécois âgés de 35 à 44 ans détiennent un diplôme universitaire, comparativement à 47,4 % parmi les 10 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) les plus scolarisés. En Ontario, cette proportion est de 41 %.
La pénurie de travailleurs nuit aux efforts de scolarisation, selon des données citées par Catherine Haeck : 35 % des postes vacants au Québec ne nécessitent aucune scolarité minimale, 21 % exigent un diplôme d’études secondaires, 29 % demandent un certificat ou un diplôme non universitaire, et 15 % seulement requièrent un diplôme universitaire. Les études supérieures sont pourtant payantes pour les diplômés et pour l’ensemble de la société, rappelle la professeure.
Quand les enfants peuvent aller à l’école, ça aide à réduire les écarts
CATHERINE HAECK