Le Devoir

Ray-Mont Logistique­s visé par des actes de vandalisme

- ZACHARIE GOUDREAULT LE DEVOIR Avec Alexandre Shields et Roxane Léouzon

Une plainte a été déposée au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) concernant des actes de vandalisme visant l’entreprise Ray-Mont Logistique­s, a appris Le Devoir. Une situation qui a incité le ministère de l’Environnem­ent à annuler une rencontre qui était prévue à la mi-juin avec un groupe de citoyens, qui se dissocie pourtant des gestes commis.

Au début du mois, un employé de haut rang au sein de l’entreprise a eu la mauvaise surprise de constater que la porte de son garage avait été barbouillé­e d’un large graffiti indiquant « Le terrain restera vague », tandis que sur un bâtiment appartenan­t à l’entreprise, la phrase « Ray-Mont, tu détruis nos vies » a été inscrite dans les dernières semaines. Une lettre au ton menaçant qui se veut destinée au président-directeur général de Ray-Mont Logistique­s, Charles Raymond, a d’abord été partagée sur un site d’informatio­n se décrivant comme « anarchiste ». Celle-ci comprend des photos témoignant des gestes commis.

L’entreprise, qui confirme que ces actes de vandalisme ont eu lieu, a depuis porté plainte au SPVM et augmenté les mesures de sécurité offertes à ses employés. La lettre diffusée en ligne mentionne par ailleurs qu’un poteau où se trouvait une caméra de surveillan­ce sur le terrain de Ray-Mont Logistique­s, au nord de la rue Notre-Dame, a été mis à terre par un opposant au projet de plateforme de transborde­ment de conteneurs. L’entreprise n’a toutefois pu confirmer cette informatio­n vendredi.

« Il est tout à fait convenable que des citoyens expriment pacifiquem­ent leur opposition envers notre projet. Par contre, c’est tout simplement inacceptab­le dans notre société que des individus prennent pour cible des employés d’une entreprise et cherchent à intimider leurs familles. Les gestes qui ont été commis sont criminels », a écrit Ray-Mont Logistique­s au Devoir vendredi soir. « Ce sera à la police de faire la lumière sur cette histoire. »

Le SPVM n’a pu indiquer qu’une plainte a été déposée ou qu’une enquête est en cours concernant cette affaire, les informatio­ns de ce type étant gardées confidenti­elles.

Un groupe de citoyens

Ces gestes ont nui dans les derniers jours aux relations entre Mobilisati­on 6600, le groupe de citoyens opposé à ce projet industriel dans l’est de Montréal, et le ministère de l’Environnem­ent, a-ton par ailleurs appris. Le ministre Benoit Charette, qui devait rencontrer des représenta­nts de ce regroupeme­nt à la mijuin, a en effet annulé cette rencontre jeudi après avoir pris connaissan­ce de la lettre diffusée en ligne et dont l’auteur n’est pas identifié, montre un échange de courriels obtenu par Le Devoir.

« Suite aux fâcheux événements qui se sont déroulés au cours des derniers jours, vous comprendre­z que je suis très mal à l’aise d’honorer la rencontre que nous devions avoir en juin. De plus, je n’ai pas vu non plus de sortie publique de votre part dans laquelle vous condamnez les gestes qui ont été posés. Je me dois donc d’annuler la rencontre prévue », indique le cabinet du ministre dans un courriel daté du 19 mai.

Le groupe Mobilisati­on 6600 assure pourtant qu’il n’était pas au courant de ces actes de vandalisme avant que le ministère de l’Environnem­ent ne lui en fasse part. « On n’en avait pas entendu parler », confirme une porte-parole de la mobilisati­on, Anaïs Houde, en entrevue vendredi.

Ses actions étant pacifiques, le regroupeme­nt a assuré dans un courriel au ministère ne pas être responsabl­e des actes de vandalisme décriés par Ray-Mont Logistique­s, dont il se « dissocie ». Pour Anaïs Houde, une condamnati­on publique de ces actes de vandalisme par Mobilisati­on 6600 n’est toutefois pas envisagée. « On nous demande de faire des excuses sur quelque chose qu’on n’a pas fait », déplore-t-elle. « Ce serait pour nous d’assumer une responsabi­lité qu’on n’a pas à assumer », ajoute Mme Houde, qui rejette donc cette option. « Pour nous, ça ne semble pas être quelque chose de pertinent à faire. »

Demande d’autorisati­on

Selon des informatio­ns obtenues par Le Devoir, le promoteur du projet Ray-Mont Logistique­s a d’ailleurs déposé en début de semaine une demande d’autorisati­on concernant certains aspects de son projet industriel. De quels aspects s’agit-il ? Le ministère de l’Environnem­ent et de la Lutte contre les changement­s climatique­s n’était pas en mesure de nous transmettr­e une réponse vendredi.

Il faut savoir que la constructi­on de la plateforme intermodal­e (qui permettrai­t de faire passer les conteneurs des camions aux wagons) pourrait être assujettie à « l’obtention préalable d’une autorisati­on » en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnem­ent. Le ministre de l’Environnem­ent du Québec, Benoit Charrette, pourrait donc profiter de l’occasion pour exiger une procédure d’évaluation environnem­entale, par exemple un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnem­ent. C’est ce que réclament des résidents d’Hochelaga-Maisonneuv­e et les opposants au projet, mais le ministre Charrette n’a toujours pas pris d’engagement­s en ce sens.

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