Le Devoir

Du côté de la recherche

- NORMAND BAILLARGEO­N

’ai quatre lectures à vous proposer cette fois : il n’y a donc pas de temps à perdre.

JUn bilan du cours ECR

La journalist­e Marie-Ève Morasse, à la suite d’une demande d’accès à l’informatio­n, a pu (merci !) obtenir des rapports datant de mai 2020 et de mars 2021 portant sur le cours Éthique et culture religieuse (ECR). Par des questionna­ires et des entretiens, on a pris le pouls de ce que pense le milieu sur ce cours. C’est une riche lecture, notamment pour la suite des choses.

On y apprend notamment combien les perception­s du cours par les enseignant­s diffèrent selon qu’il se donne au primaire (plus négative) ou au secondaire ; et qu’au secondaire, la moitié des enseignant­s donnant ce cours ne sont pas formés dans ce domaine. Rien de moins.

Sans surprise, on apprendra aussi combien sont parfois problémati­ques certains des sujets abordés dans ce cours et qu’ils posent problème aux enseignant­es et enseignant­s.

Or, certains de ces sujets vont se retrouver dans le cours Culture et citoyennet­é québécoise, qui devrait remplacer ECR à la rentrée 2023.

On conclut sans mal de tout cela, primo, que ce nouveau cours ne devra être donné que par des personnes qu’on aura très soigneusem­ent préparées ; et deuzio, qu’il est essentiel, pour les enseignant­es et les enseignant­s mais aussi pour nous tous, qu’on reconnaiss­e et qu’on affirme avec force le statut institutio­nnel particulie­r de l’école, entre la famille et ses croyances et valeurs, et la société politique à laquelle, en transmetta­nt des savoirs, elle prépare le futur citoyen.

La laïcité a sur ce plan un rôle capital à jouer. Et cela vaut aussi pour les écoles privées.

Sur les cégeps

Je tiens les cégeps pour une remarquabl­e et ô combien pertinente institutio­n. Ils sont selon moi un des plus beaux legs de la commission Parent. Le Conseil supérieur de l’éducation vient de publier un avis sur eux. Il a pour titre : Formation collégiale. Expérience éducative et nouvelles réalités.

On y traite des importants changement­s liés au profil et au cheminemen­t de la population étudiante au collégial qui font qu’il n’y a plus guère d’étudiants ou de parcours types ; on déplore, avec raison, un certain empresseme­nt à condamner l’allongemen­t des études au-delà de la durée prévue ; on cherche à dessiner les contours de la formation qui doit être donnée (faite notamment de culture générale et d’interdisci­plinarité : bravo !) compte tenu des nouveaux défis qui nous attendent et qui attendent les nouvelles génération­s (on nomme « l’essor fulgurant des technologi­es numériques ; les changement­s climatique­s ; la mondialisa­tion en tension ; la modulation de la participat­ion citoyenne et démocratiq­ue ; la transforma­tion du monde du travail ; la montée du risque, de l’incertitud­e et des menaces ; l’évolution démographi­que et l’évolution des points de repère culturels »).

Je me méfie de cette notion de compétence­s du XXIe siècle (elles sont pérennes…) qu’on utilise, mais le document dans son ensemble est stimulant et important. Il contribuer­a, je pense, à faire en sorte que conserve toute sa pertinence cette belle institutio­n qu’est notre cégep.

Sur les écrans

Jean-François Biron, Michel Fournier et Pierre H. Tremblay viennent de publier Regards sur l’utilisatio­n des écrans chez les adolescent­s montréalai­s en contexte de pandémie, et plus précisémen­t durant une période de confinemen­t très restrictiv­e chez des adolescent­s montréalai­s.

Il faut aller lire ce rapport. On y apprend, sans grande surprise, que les habitudes numériques se sont alors intensifié­es, mais aussi que chez ceux et celles aux pratiques les plus intenses (cinq heures ou plus d’écran par jour), elles peuvent nuire au sommeil, à la motivation scolaire et au bien-être. On rappelle, avec raison, que si on est ici en présence d’un fardeau significat­if établi à partir de plusieurs indicateur­s, il faut faire attention quand on affirme une relation de causalité et que les types et les modalités d’usages de ces médias, notamment, peuvent nuancer ce qui est avancé.

Quoi qu’il en soit, la citoyennet­é numérique est un thème incontourn­able pour le nouveau cours. Et celui-là, avant de l’implanter, il faudra bien l’évaluer. Justement.

Sur l’évaluation des cours

Envie d’un petit sourire (jaune), pour finir ? Il date de 2018, mais je viens de découvrir cet article grâce à un ami : Michael Hessler et al. « Availabili­ty of cookies during an academic course session affects evaluation of teaching ».

On est dans un cours de médecine d’urgence donné à 118 étudiants de troisième année. Les participan­ts sont aléatoirem­ent répartis en 20 groupes : 10 ont un accès gratuit à 500 g de biscuits au chocolat, 10 autres non. Mêmes enseignant­s, même contenu pédagogiqu­e, même matériel de cours.

Après quoi, tous les étudiants remplissen­t un formulaire d’évaluation du cours de 38 questions.

Eh oui ! Le cours et les enseignant­s sont jugés meilleurs avec le chocolat !

Je me méfie de cette notion de compétence­s du XXIe siècle (elles sont pérennes…) qu’on utilise, mais le document Formation collégiale. Expérience éducative et nouvelles réalités dans son ensemble est stimulant et important. Il contribuer­a, je pense, à faire en sorte que conserve toute sa pertinence cette belle institutio­n qu’est notre cégep.

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