Le Devoir

Sherbrooke quantique commence à se dessiner

- JEAN-FRANÇOIS VENNE Collaborat­ion spéciale

Sherbrooke quantique, l’une des deux premières zones d’innovation (ZI) du Québec, commence à prendre forme. Cette ZI a pour objectif de développer les sciences quantiques et leurs applicatio­ns technologi­ques. Elle regroupe plusieurs partenaire­s locaux, dont l’Université, le Cégep, la Ville et Sherbrooke Innopole, en plus d’entreprise­s comme IBM, Bell, 1QBit et Eidos. IBM devrait d’ailleurs installer en Estrie un ordinateur quantique, l’un des rares de l’entreprise à l’extérieur des États-Unis.

La ZI relie l’Université de Sherbrooke (UdeS) au centre-ville et à son nouveau Quartier général de l’entreprene­uriat, en passant par un ancien secteur industriel. « La zone vise à attirer des investisse­ments étrangers, à développer l’économie et à renforcer l’expertise dans l’informatiq­ue quantique dont jouit déjà la région, mais elle créera aussi des milieux de vie », explique la directrice générale par intérim, Josée Fortin.

Un domaine porteur

Parier sur l’informatiq­ue quantique n’était pas évident au départ. Le domaine reste peu connu et mal compris. Josée Fortin elle-même avoue n’avoir découvert qu’en 2019 — au moment de l’arrivée du fleuron canadien du quantique 1QBit — que la ville abritait un bel écosystème dans ce domaine. Elle était alors directrice générale de Sherbrooke Innopole.

« Pour la ZI, nous voulions un thème qui se démarque de ce qui se fait ailleurs au Québec, et l’informatiq­ue quantique y correspond­ait bien, précise-t-elle. En plus, c’est un secteur très porteur pour l’avenir, comme l’intelligen­ce artificiel­le il y a quelques années. »

L’informatiq­ue quantique reste assez obscure pour le commun des mortels. Pour résumer très simplement, rappelons que celle-ci opère en utilisant le bit quantique (qubit), plus complexe que le bit traditionn­el basé sur des séries de 0 et de 1. Cette approche différente et d’autres particular­ités lui permettent de dégager une capacité de calcul inégalée. Cette puissance reste toutefois assez instable. Les processeur­s quantiques doivent être employés à très basse températur­e et demeurent très sensibles à leur environnem­ent. Jusqu’à maintenant, l’informatiq­ue quantique est offerte en tant que service (QaaS), par des géants comme IBM, Microsoft et Amazon.

Un nouvel atout pour l'UdeS

L’UdeS développe depuis plusieurs années son expertise dans ce domaine. La création, en 2016, de l’Institut quantique, qui réunit des scientifiq­ues spécialisé­s en matériaux, informatio­n et ingénierie quantique, a constitué un jalon important. En juin 2020, l’Institut s’est associé avec IBM pour ouvrir l’Espace IBM Quantique, qui favorise les collaborat­ions entre la communauté de recherche et les entreprise­s privées. Ses membres jouissent d’un accès exclusif aux systèmes informatiq­ues quantiques les plus avancés d’IBM. Cela a attiré de nouveaux partenaire­s, dont CMC Microsystè­mes et Lockheed Martin Canada.

« Bien sûr, la zone ne se limite pas à l’Institut, mais il a joué un rôle important pour structurer l’écosystème quantique dans la région et pour sensibilis­er aux possibilit­és que cette technologi­e offre aux chercheurs et aux entreprise­s, explique Vincent Aimez, vice-recteur à la valorisati­on et aux partenaria­ts de l’UdeS. C’était un élément majeur dans l’obtention d’une ZI. »

L’arrivée de la ZI augmentera les occasions pour l’Université de nouer des collaborat­ions de recherche et d’applicatio­n avec des sociétés privées. L’UdeS est déjà celle au Canada qui mise le plus sur les projets de recherche en partenaria­t avec le secteur privé. « La ZI est basée sur l’excellence de la recherche fondamenta­le et les liens avec le privé », rappelle le vice-recteur.

La ZI devient aussi un atout important pour la formation de la communauté étudiante. « Cela ajoutera des milieux pour effectuer des apprentiss­ages expérienti­els », note Vincent Aimez. L’UdeS développe d’ailleurs un nouveau baccalauré­at en science informatiq­ue quantique, le premier au Québec et l’un des rares dans la francophon­ie. Il devrait être offert dès l’automne et comprendra une grande part de stages en entreprise.

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 ?? ?? Cette section a été produite par l’équipe des publicatio­ns spéciales du Devoir, grâce au soutien des annonceurs qui y figurent. Ces derniers n’ont cependant pas droit de regard sur les textes. La rédaction du Devoir n’a pas pris part à la production de ces contenus.
Cette section a été produite par l’équipe des publicatio­ns spéciales du Devoir, grâce au soutien des annonceurs qui y figurent. Ces derniers n’ont cependant pas droit de regard sur les textes. La rédaction du Devoir n’a pas pris part à la production de ces contenus.

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