L’activisme politique
RUE SAINT-HUBERT
« Ce film de Gregg Deal est vraiment bon, s’exclame Mike Patten, en arrivant au deuxième étage d’Art Mûr. Il décrit la crise identitaire que la ville nous fait vivre. Comment être autochtone ? Comment préserver un héritage culturel quand tous portent les mêmes vêtements, écoutent la même musique, font les mêmes activités ? »
The Last American Indian on Earth (2016) documente les performances urbaines que Deal a réalisées paré de costumes faussement traditionnels — ils sont fabriqués en Chine, dit-il, au début du film. Les gens qu’il rencontre s’y méprennent, pris dans leurs stéréotypes, et s’émerveillent devant ce « vrai Indien ». L’oeuvre est centrale à la BACA.
« C’est un puissant appel au dialogue qui parle de la vie contemporaine des autochtones et qui touche à plusieurs problématiques, avec humour », dit le commissaire de la biennale.
Le volet à Art Mûr est le plus militant, traversé par le thème du roc, « point de rencontre et d’appui pour les peuples dépossédés de leurs territoires ancestraux ». Les photographies de Camille Seaman ont été réalisées auprès de la communauté de Standing Rock, au Dakota du Nord, opposée au passage d’un oléoduc. Dans la série Asiniy Iskwew (Femme de roc, en cri), Lori Blondeau pose aux côtés d’un rocher dynamité en 1966 par le gouvernement de la Saskatchewan afin de créer un lac artificiel.
L’espoir chez les autochtones passe autant par le dialogue que par le principe de la renaissance, ce que manifeste avec aplomb Duane Isaac dans sa série photo marquée par un masque en flammes. « Le feu, c’est la régénération, la vie qui découle de quelque chose de dangereux », note Alexandra Nordstrom.
Lori Blondeau, Asiniy Iskwew, 2016 LORI BLONDEAU