Le Devoir

Vivre en format mini

Le désir de vivre plus simplement et un accès à la propriété abordable poussent de plus en plus de gens à s’intéresser aux minimaison­s. Mais d’où vient le phénomène ? Et vivre en format mini, estce vraiment une bonne affaire pour le climat ?

- MarionnSpé­e Collaborat­ion spéciale, Unpointcin­q.ca

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Le plus souvent, vouloir habiter dans une minimaison s’inscrit dans un projet minimalist­e, un rejet du consuméris­me, un mouvement de simplicité volontaire », explique Guillaume Lessard, ancien administra­teur et fondateur du Mouvement québécois des minimaison­s, aujourd’hui chercheur postdoctor­al à l’Université de Waterloo et spécialist­e en habitation durable. N’empêche qu’à la base, ça se veut une solution abordable d’accès à la propriété. C’est d’ailleurs pour préserver le « rêve américain » que le concept est né et a pris de l’ampleur aux États-Unis.

Ça vient d’où ?

Le mouvement Tiny House, les minimaison­s sur roues, vient de nos voisins du Sud et a explosé après la crise des subprimes en 2008. « Les gens voulaient continuer à avoir accès à la propriété sans que ça coûte trop cher », affirme Guillaume Lessard. Et c’est justement ce que permettait une minimaison sur roues. Ces habitation­s sont peu coûteuses à construire, surtout sur la côte ouest, où le climat ne nécessite pas autant de matériaux isolants qu’au Québec. Les propriétai­res n’avaient pas besoin d’acheter un terrain et pouvaient s’installer chez des amis ou sur un terrain non zoné de manière illégale et temporaire.

Puis le concept a été repris assez rapidement au Canada : Vancouver, Calgary, Edmonton. Mais il s’est également transformé puisque les habitation­s sur fondations, installées en fond de cour, se substituen­t lentement mais sûrement aux maisons sur roues. Autrement dit, la nouvelle tendance est de construire des minimaison­s sur des terrains qui abritent déjà une habitation principale.

Des quartiers réservés

L’autre grande tendance au Québec, ce sont les quartiers réservés aux minimaison­s. Par exemple, la Ville de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson a lancé un projet de 200 terrains, modifiant au passage quelques-unes de ses réglementa­tions. 75 maisons ont déjà été construite­s au domaine Nature sur le lac.

Si, au Québec, les minimaison­s ne sont pas acceptées partout, de plus en plus de municipali­tés autorisent leur constructi­on, sous une forme ou une autre. « Changer les réglementa­tions, ça prend du temps », rappelle Guillaume Lessard. Pour savoir où trouver ce type d’habitation, on peut consulter le site du Mouvement québécois des minimaison­s, qui propose une carte interactiv­e.

Une question de taille

Plusieurs définition­s coexistent en matière de minimaison­s. « Lors du premier colloque sur les minimaison­s qui a eu lieu à Sherbrooke en 2017, on a tenté de proposer un vocabulair­e précis : “micromaiso­ns” pour les maisons sur roues d’environ 300 pieds carrés, “minimaison­s” pour celles d’environ 300 à 600 pieds carrés, bâties sur pilotis, blocs, pieux ou fondations, et “petites maisons” pour les habitation­s de 600 à 1000 pieds carrés », explique Guillaume Lessard. Mais selon le spécialist­e en études urbaines, personne ne s’entend précisémen­t sur ce vocabulair­e.

Mais est-ce vraiment plus écologique de vivre dans une minimaison ?

Selon Guillaume Lessard, les minimaison­s se présentent comme une solution romantique à la question écologique en jouant la carte de la simplicité. « C’est comme si on proposait une solution unique, à savoir une petite maison mignonne, à plein de problèmes sociétaux : les changement­s climatique­s, un mode de vie plus durable, l’accès à la propriété, analyse le spécialist­e. La minimaison, c’est séduisant parce que ça donne l’impression que ça résout plusieurs problèmes. »

Mais c’est dans les détails qu’on mesure véritablem­ent l’impact écologique. Par exemple, l’empreinte environnem­entale d’une minimaison sur le terrain d’une maison existante dans les zones urbaines est beaucoup moins importante que celle d’une minimaison construite sur une zone agricole ou naturelle.

Par ailleurs, une petite habitation consomme moins d’énergie qu’une plus grande, mais est-ce plus économique qu’un appartemen­t, qui partage des murs, un plafond et un plancher avec d’autres unités ? « Pas nécessaire­ment, admet Guillaume Lessard. Reste que c’est une maison unifamilia­le isolée. »

Opter pour une minimaison ne réduira donc pas forcément notre impact sur le climat ; tout dépend de notre situation et de notre mode de vie. À méditer !

Une première version de cet article a été publiée sur Unpointcin­q.ca le 25 novembre 2020.

 ?? Maisons Confort Design ?? Selonn len chercheurn Guillaumen Lessard,n lesn minimaison­sn sen présentent­n commen unen solutionn romantique­n àn lan questionn écologique­n enn s’inscrivant­n dansn len mouvementn den simplicité­n volontaire.
Maisons Confort Design Selonn len chercheurn Guillaumen Lessard,n lesn minimaison­sn sen présentent­n commen unen solutionn romantique­n àn lan questionn écologique­n enn s’inscrivant­n dansn len mouvementn den simplicité­n volontaire.

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