Le Devoir

Une ville en transition portée par ses citoyens

Lutter activement pour renverser la crise climatique, c’est la mission que se sont donnée les citoyens qui ont créé Laval en transition

- Leïla Jolin-Dahel Collaborat­ion spéciale, Unpointcin­q.ca

Chacun a son rôle à jouer dans la lutte contre les changement­s climatique­s, selon Geneviève Dagneau, co-porte-parole de l’organisme sans but lucratif Laval en transition. « On connecte des gens, on se sent moins seul, et c’est moins déprimant. Ça peut se faire dans le plaisir, malgré la situation de crise climatique », plaide Alexandre Warnet, l’instigateu­r du projet, qui est maintenant conseiller municipal de Laval-des-Rapides.

Le Lavallois avait cette idée « qui dormait dans les tiroirs » : fonder un projet porteur d’actions socioécolo­giques pour et par les citoyens. Après avoir observé plusieurs initiative­s éparses dans sa ville, comme des jardins collectifs ou des opérations de plantation d’arbres, il a voulu les rassembler en un seul mouvement. « J’ai utilisé les réseaux sociaux pour lancer un appel à tous. » C’est ainsi qu’est né, durant l’été 2019, Laval en transition, inspiré du mouvement des villes en transition créé en 2006 (voir encadré).

Vers une économie de partage

L’une des premières activités de Laval en transition a été d’organiser des fêtes entre voisins pour faire connaissan­ce. « C’était de faire en sorte que les gens se parlent, pour pouvoir par la suite se prêter des outils ou emprunter l’auto de l’autre au lieu d’avoir besoin d’en acheter », illustre Alexandre Warnet.

Ramassage de déchets, associatio­n de mordus de vélos, chaque citoyen est libre de lancer l’initiative qu’il souhaite et peut ainsi demander du soutien au mouvement pour sa mise en oeuvre. Plus de 1000 personnes suivent la page Facebook du groupe Laval en transition pour se tenir au courant des plus récents projets. Le mouvement pilote notamment le projet Laval Zéro émission nette (ZéN) avec le Conseil régional de l’environnem­ent de Laval, une initiative ambitieuse en plusieurs phases qui vise à atteindre la carboneutr­alité.

Relations avec les élus

L’un des principaux défis de Laval quant à la lutte contre les changement­s climatique­s reste celui du transport, selon Alexandre Warnet. Les inventaire­s des émissions de Laval en 2018 indiquaien­t d’ailleurs que ce secteur était responsabl­e à lui seul de 69 % des émissions de gaz à effet de serre (GES). « C’est là où ça fait mal. Laval, c’est un gros territoire. Tout le monde a son char et tout le monde veut le garder », constate-t-il.

Bien qu’il estime qu’il est difficile en tant que citoyen d’avoir un impact concret sur la question, il pense que le mouvement travaille tout de même à sensibilis­er la population à ces questions.

Et comment vont les relations avec les élus municipaux ? Selon Alexandre Warnet, maintenant lui-même passé « de l’autre côté », certains politicien­s sont reconnaiss­ants de l’apport de Laval en transition, et d’autres… savent qu’il est là et jettent un oeil attentif à tout ce qui se passe. Si le mouvement n’hésite pas à souligner les bons coups de la Ville, il se rend aussi au conseil municipal pour réagir aux moins bons.

Pour Virginie Dufour, ancienne conseillèr­e municipale de Sainte-Rose, aujourd’hui présidente de l’Associatio­n québécoise d’urbanisme, les discussion­s avec les citoyens de Laval en transition se sont toujours bien déroulées.

Elle ajoute que le mouvement « force les élus à embrasser le changement et pas seulement à en parler ». L’ex-politicien­ne voit donc d’un bon oeil le mouvement citoyen, dont le but premier est d’améliorer la qualité de vie à Laval. « Quand des élus [et des citoyens] ont le même objectif, c’est vraiment le fun, parce qu’on s’appuie mutuelleme­nt. »

Une première version de cet article a été publiée sur Unpointcin­q.ca le 4 mars 2021.

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