Reed Hastings

L’AMUSEUR PUBLIC

Américain, 61 ans Cofondateur et co-p.-d.g. de Netflix Fortune estimée : 2,6 milliards $U

On doit au grand patron de Netflix un questionnement généralisé sur le rôle des technologies numériques dans la production audiovisuelle nationale, non seulement au Québec, mais aussi dans plusieurs pays européens et asiatiques. Les réponses n’ont pas encore été toutes trouvées : on attend encore à ce jour un succès commercial québécois ou même français capable d’être comparé au phénomène planétaire qu’a été la série coréenne Squid Game en 2021.

L’accélération des changements d’habitudes audiovisuelles provoquée par la fermeture prolongée des cinémas durant la COVID-19 a d’abord largement profité au succès de la webdiffusion vidéo en général, et à Netflix en particulier. Aux commandes du plus gros service en son genre sur la planète avec plus de 220 millions d’abonnés, Reed Hastings a rapidement imposé une cadence d’achat et de production de contenus originaux qui a dicté le ton à l’ensemble de l’industrie du divertissement audiovisuel. Il n’est pas donné à n’importe qui de faire plier les géants que sont, dans leur secteur respectif, les sociétés Apple, Amazon et Disney…

Cette année seulement, Netflix prévoit de dépenser pas moins de 17 milliards de dollars américains dans du contenu original. C’est 25 % de plus qu’en 2021 et 57 % de plus qu’en 2020. Seul Disney est plus ambitieux : la maison mère de Mickey Mouse a mis 25 milliards sur la table en 2021 et promet plus de 30 milliards cette année.

Comment Netflix peut-il s’en tirer ? Les analystes ont bien reçu l’idée avancée par Reed Hastings d’introduire du jeu vidéo et d’ajouter un forfait d’abonnement moins cher soutenu par de la publicité. Mais les éléments qui pourraient continuer à céder l’avantage à Netflix se trouvent peut-être aussi énumérés dans No Rules Rules: Netflix and the Culture of Reinvention, un livre publié à l’automne 2020 par Hastings dans lequel il détaille comment son service de livraison postale de DVD a effectué avec succès son virage numérique.

Ce succès repose sur cinq clés : n’engager que des employés indispensables, offrir le même niveau de transparence aux employés de bas niveau qu’aux hauts dirigeants sur les activités de l’entreprise, rester humble devant le succès, mais devoir admettre haut et fort ses erreurs, gérer les employés comme une équipe plutôt qu’une famille (« on ne licencierait jamais un membre de sa famille ») et donner davantage de contexte que de simples ordres aux employés.

Et si ces dernières lignes sonnent comme un vieux disque rayé de bonnes pratiques RH, c’est en partie la faute à Reed Hastings.

Alain McKenna