L’AQED dénonce l’obligation des examens ministériels
L’Association s’inquiète des répercussions sur les jeunes qui sont scolarisés à la maison en grande partie parce que le système d’éducation traditionnel ne répond pas à leurs besoins
Un regroupement de parents québécois demande de suspendre la nouvelle obligation, cette année, qui force les enfants scolarisés à la maison à passer les examens ministériels en 4e et 6e années, ainsi qu’en 2e secondaire.
L’Association québécoise pour l’éducation à domicile (AQED) souhaite que ces épreuves restent facultatives parmi les cinq options possibles pour évaluer annuellement les connaissances des enfants faisant l’école à la maison.
L’AQED s’inquiète des répercussions que pourrait avoir l’obligation des examens ministériels sur ces élèves. Environ la moitié d’entre eux ont été retirés de l’école parce qu’ils présentent des troubles d’apprentissage, un handicap ou des problèmes de santé mentale, auxquels le système d’éducation traditionnel ne peut répondre adéquatement, selon l’organisation.
Après des demandes répétées sans succès, l’AQED dit avoir envoyé une mise en demeure jeudi dernier au cabinet du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, « pour lui demander une intervention urgente pour suspendre les examens ministériels de fin d’année ».
Si rien ne bouge d’ici mercredi, une injonction sera déposée, mentionne la présidente de l’association, Marine Dumond-Després.
« Les examens arrivent dans les prochains jours, c’est donc vraiment quelque chose d’urgent, qu’on va prendre très au sérieux. On a l’impression d’avoir été très ouverts sur les conséquences que ça pourrait avoir sur certaines de nos familles », a-t-elle affirmé en entrevue.
Le fait de soumettre ces examens à ces jeunes pourrait occasionner de l’anxiété, croit l’AQED, qui représente 4000 enfants scolarisés à la maison.
« On a des jeunes qui vont devoir se rendre dans une école où ils ne sont jamais allés, parce qu’ils ne sont jamais allés à l’école. Des jeunes qui ont subi de l’intimidation — ce qui a motivé le choix du retrait de l’école et de l’éducation à domicile —, ils vont être obligés de retourner dans l’établissement où ils ont subi des épreuves difficiles », témoigne Mme Dumond-Després.
Ordonner une forme d’évaluation standardisée pour ces élèves vivant certaines particularités donnera un « résultat biaisé », puisqu’il ne correspondra pas à la manière dont l’enseignement a été fourni, croit Mme Dumond-Després.
« Le fait d’avoir un choix permettait aux parents d’opter pour le type d’évaluation le plus approprié au profil de leur enfant. Le fait d’imposer [les examens ministériels], ça vient nier le choix du parent de faire l’éducation à domicile en utilisant des pédagogies alternatives », soutient-elle.
Des documents pour préparer les élèves scolarisés à la maison aux épreuves ministérielles ont été fournis, mais l’AQED les juge « insuffisants »
Les autres options d’évaluation annuelle offertes aux familles, selon le règlement sur l’enseignement à la maison, sont notamment de faire appel à un évaluateur d’une école privée ou de soumettre un portfolio au ministère.
L’entrée en vigueur de l’obligation des épreuves ministérielles découle d’une modification au règlement. L’un des arguments évoqués par Québec pour défendre ce changement est de s’assurer que les élèves suivent le programme de formation de l’école québécoise, a indiqué Mme Dumond-Després.
Mais selon elle, les parents remplissent déjà beaucoup de documentation tout au long de l’année permettant au ministère de vérifier la progression des apprentissages.
L’AQED déplore également le fait que les épreuves ministérielles en 4e et 5e secondaire comptent pour 100 % de la note finale des jeunes éduqués à domicile. Elle demande que la pondération soit la même que celle du réseau scolaire.
L’association estime qu’il y a plus de 10 000 enfants scolarisés à la maison au Québec, mais ne sait pas combien de jeunes seront touchés par l’obligation de passer les examens ministériels.