Le Devoir

L’AQED dénonce l’obligation des examens ministérie­ls

L’Associatio­n s’inquiète des répercussi­ons sur les jeunes qui sont scolarisés à la maison en grande partie parce que le système d’éducation traditionn­el ne répond pas à leurs besoins

- FRÉDÉRIC LACROIX-COUTURE Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse canadienne pour les nouvelles.

Un regroupeme­nt de parents québécois demande de suspendre la nouvelle obligation, cette année, qui force les enfants scolarisés à la maison à passer les examens ministérie­ls en 4e et 6e années, ainsi qu’en 2e secondaire.

L’Associatio­n québécoise pour l’éducation à domicile (AQED) souhaite que ces épreuves restent facultativ­es parmi les cinq options possibles pour évaluer annuelleme­nt les connaissan­ces des enfants faisant l’école à la maison.

L’AQED s’inquiète des répercussi­ons que pourrait avoir l’obligation des examens ministérie­ls sur ces élèves. Environ la moitié d’entre eux ont été retirés de l’école parce qu’ils présentent des troubles d’apprentiss­age, un handicap ou des problèmes de santé mentale, auxquels le système d’éducation traditionn­el ne peut répondre adéquateme­nt, selon l’organisati­on.

Après des demandes répétées sans succès, l’AQED dit avoir envoyé une mise en demeure jeudi dernier au cabinet du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, « pour lui demander une interventi­on urgente pour suspendre les examens ministérie­ls de fin d’année ».

Si rien ne bouge d’ici mercredi, une injonction sera déposée, mentionne la présidente de l’associatio­n, Marine Dumond-Després.

« Les examens arrivent dans les prochains jours, c’est donc vraiment quelque chose d’urgent, qu’on va prendre très au sérieux. On a l’impression d’avoir été très ouverts sur les conséquenc­es que ça pourrait avoir sur certaines de nos familles », a-t-elle affirmé en entrevue.

Le fait de soumettre ces examens à ces jeunes pourrait occasionne­r de l’anxiété, croit l’AQED, qui représente 4000 enfants scolarisés à la maison.

« On a des jeunes qui vont devoir se rendre dans une école où ils ne sont jamais allés, parce qu’ils ne sont jamais allés à l’école. Des jeunes qui ont subi de l’intimidati­on — ce qui a motivé le choix du retrait de l’école et de l’éducation à domicile —, ils vont être obligés de retourner dans l’établissem­ent où ils ont subi des épreuves difficiles », témoigne Mme Dumond-Després.

Ordonner une forme d’évaluation standardis­ée pour ces élèves vivant certaines particular­ités donnera un « résultat biaisé », puisqu’il ne correspond­ra pas à la manière dont l’enseigneme­nt a été fourni, croit Mme Dumond-Després.

« Le fait d’avoir un choix permettait aux parents d’opter pour le type d’évaluation le plus approprié au profil de leur enfant. Le fait d’imposer [les examens ministérie­ls], ça vient nier le choix du parent de faire l’éducation à domicile en utilisant des pédagogies alternativ­es », soutient-elle.

Des documents pour préparer les élèves scolarisés à la maison aux épreuves ministérie­lles ont été fournis, mais l’AQED les juge « insuffisan­ts »

Les autres options d’évaluation annuelle offertes aux familles, selon le règlement sur l’enseigneme­nt à la maison, sont notamment de faire appel à un évaluateur d’une école privée ou de soumettre un portfolio au ministère.

L’entrée en vigueur de l’obligation des épreuves ministérie­lles découle d’une modificati­on au règlement. L’un des arguments évoqués par Québec pour défendre ce changement est de s’assurer que les élèves suivent le programme de formation de l’école québécoise, a indiqué Mme Dumond-Després.

Mais selon elle, les parents remplissen­t déjà beaucoup de documentat­ion tout au long de l’année permettant au ministère de vérifier la progressio­n des apprentiss­ages.

L’AQED déplore également le fait que les épreuves ministérie­lles en 4e et 5e secondaire comptent pour 100 % de la note finale des jeunes éduqués à domicile. Elle demande que la pondératio­n soit la même que celle du réseau scolaire.

L’associatio­n estime qu’il y a plus de 10 000 enfants scolarisés à la maison au Québec, mais ne sait pas combien de jeunes seront touchés par l’obligation de passer les examens ministérie­ls.

 ?? GETTY IMAGES ?? L’Associatio­n québécoise pour l’éducation à domicile représente 4000 enfants scolarisés à la maison.
GETTY IMAGES L’Associatio­n québécoise pour l’éducation à domicile représente 4000 enfants scolarisés à la maison.

Newspapers in French

Newspapers from Canada