Le Devoir

À Tokyo, Joe Biden hausse le ton à l’égard de Pékin

Le président américain a affirmé que les États-Unis étaient prêts à intervenir si la Chine envahissai­t l’île autonome de Taiwan

- SEBASTIAN SMITH ET TOMOHIRO OSAKI À TOKYO

Le président américain, Joe Biden, en visite à Tokyo, a multiplié lundi les mises en garde à l’égard de Pékin, avertissan­t que les États-Unis défendraie­nt Taiwan en cas d’invasion de l’île par la Chine qui, selon lui, « flirte avec le danger » en multiplian­t des manoeuvres militaires.

Pékin a vivement réagi en invoquant sa « souveraine­té ».

Après une visite en Corée du Sud, M. Biden est arrivé dimanche au Japon, les responsabl­es américains considéran­t ces deux pays comme les chevilles ouvrières du dispositif américain face à la montée en puissance de la Chine dans la région.

Lors d’une conférence de presse commune lundi avec le premier ministre japonais, Fumio Kishida, Joe Biden a prévenu que les États-Unis étaient prêts à utiliser leurs moyens militaires si Pékin envahissai­t l’île autonome de Taiwan.

« Nous étions d’accord avec la politique d’une seule Chine, nous l’avons signée […], mais l’idée que [Taiwan] puisse être prise par la force n’est tout simplement pas appropriée », a-t-il ajouté.

Pékin a rapidement répliqué en appelant le président américain à « ne pas sous-estimer » sa « ferme déterminat­ion » à « protéger sa souveraine­té ».

« Nous demandons instamment aux États-Unis […] d’éviter d’envoyer de mauvais signaux aux forces indépendan­tistes » de Taiwan, a déclaré Wang Wenbin, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Un responsabl­e de la Maison-Blanche a cependant assuré que les commentair­es de M. Biden étaient conformes à la politique américaine sur Taiwan.

« Notre politique n’a pas changé. Il a réitéré notre politique d’une seule Chine » qui comprend l’engagement à « fournir à Taiwan les moyens militaires pour se défendre ».

Affichant un front uni face à Pékin, Joe Biden et Fumio Kishida ont aussi réaffirmé leur « vision commune d’un Indo-Pacifique libre et ouvert », le premier ministre japonais précisant que Tokyo et Washington « vont surveiller les récentes activités de la marine chinoise, ainsi que les mouvements liés aux exercices conjoints de la Chine et de la Russie ».

Le président américain a visé la Russie, déclarant que Moscou devait « payer un prix à long terme » pour sa « barbarie en Ukraine » au moyen de sanctions imposées par les ÉtatsUnis et leurs alliés.

« Il ne s’agit pas seulement de l’Ukraine », a dit M. Biden. Car si « les sanctions n’étaient pas maintenues […] quel signal cela enverrait-il à la Chine sur le coût d’une tentative de prise de Taiwan par la force ? ».

Mardi, toujours à Tokyo, M. Biden cherchera à renforcer le leadership américain dans la région Asie-Pacifique en se joignant aux dirigeants de l’Australie, de l’Inde et du Japon pour un sommet d’une alliance informelle appelée Quad.

Toutefois, l’Inde s’est distinguée jusqu’ici par son refus de condamner ouvertemen­t Moscou concernant la guerre en Ukraine ou de réduire ses échanges avec la Russie. Joe Biden aura un entretien en tête-à-tête mardi avec le premier ministre indien, Narendra Modi.

La crainte que l’imprévisib­le Corée du Nord tire un nouveau missile ou procède à un essai nucléaire plane sur chaque étape de la tournée de M. Biden. Rien ne s’est produit lors de son passage à Séoul.

Partenaria­t commercial

Lors de sa conférence de presse avec M. Kishida, M. Biden a également dévoilé un nouveau partenaria­t économique en Asie-Pacifique regroupant dans un premier temps 13 pays, à l’exception notable de la Chine.

Le Cadre économique pour l’IndoPacifi­que (Indo-Pacific Economic Framework, IPEF) n’est pas un accord de libre-échange, mais prévoit davantage d’intégratio­n entre ses pays membres dans quatre domaines essentiels : l’économie numérique, les chaînes d’approvisio­nnement, les énergies vertes et la lutte contre la corruption.

Sous Donald Trump, le prédécesse­ur de M. Biden à la Maison-Blanche, les États-Unis s’étaient retirés en 2017 du Partenaria­t transpacif­ique, un vaste accord multilatér­al de libre-échange qui a fait l’objet d’un nouveau traité en 2018 sans Washington.

M. Biden a fait comprendre qu’il n’avait aucune intention de relancer de grands accords de libre-échange, mais a annoncé lundi envisager de lever certaines barrières tarifaires pesant sur la Chine, soulignant qu’elles n’avaient pas été imposées par son gouverneme­nt.

 ?? DAVID MAREUIL ASSOCIATED PRESS ?? Affichant un front uni face à Pékin, le président américain, Joe Biden, et le premier ministre japonais, Fumio Kishida, ont aussi réaffirmé leur « vision commune d’un Indo-Pacifique libre et ouvert ».
DAVID MAREUIL ASSOCIATED PRESS Affichant un front uni face à Pékin, le président américain, Joe Biden, et le premier ministre japonais, Fumio Kishida, ont aussi réaffirmé leur « vision commune d’un Indo-Pacifique libre et ouvert ».

Newspapers in French

Newspapers from Canada