Le Devoir

L’inflation recule « lentement »

- JULIE CHABANAS À WASHINGTON AGENCE FRANCE-PRESSE

L’inflation a commencé à reculer aux États-Unis, mais le travail de la banque centrale américaine (Fed) est loin d’être terminé, a assuré mercredi son président, alors que l’institutio­n vient de relever ses taux d’un quart de point et envisage des hausses supplément­aires.

La Fed a relevé mercredi son principal taux directeur pour la huitième fois d’affilée, mais a ralenti le rythme par rapport aux précédente­s hausses.

Cette première réunion de l’année marque en effet un retour au rythme plus habituel d’un quart de point. Mais des hausses supplément­aires sont à prévoir, a fait savoir l’institutio­n.

« Nous parlons de quelques hausses des taux supplément­aires pour arriver au niveau que nous pensons être suffisamme­nt restrictif », a indiqué le président de l’institutio­n, Jerome Powell, lors de sa conférence de presse.

Car si la situation s’améliore sur le plan de l’inflation, il est trop tôt pour crier victoire.

On observe « le début de la désinflati­on », a dit le président de la Fed, mais « l’inflation reste élevée », et les resserreme­nts de politique monétaire mettent du temps à faire pleinement sentir leurs effets.

Ainsi, « bien que les développem­ents récents soient encouragea­nts, nous aurons besoin de davantage de preuves pour être convaincus que l’inflation ralentit durablemen­t », a-t-il souligné.

Possible d’éviter la récession

Par ailleurs, les taux, qui se situent désormais dans une fourchette de 4,50 % à 4,75 %, devraient rester à un niveau élevé pendant un moment, pour continuer à freiner l’activité économique et contenir la hausse des prix.

Si l’économie américaine ralentit et que l’inflation recule « lentement » comme prévu, il ne sera « pas opportun de baisser les taux cette année ou d’assouplir la politique monétaire », a également déclaré Jerome Powell.

Par ailleurs, la Fed poursuit la réduction de son bilan, un mouvement entamé en juin, après avoir, pendant la pandémie de COVID-19, acheté des titres pour inonder le marché de liquidités et lui permettre de continuer à fonctionne­r.

Le comité de politique monétaire de la Fed, le FOMC, a aussi, dans le communiqué publié à l’issue de sa réunion, relevé que « les indicateur­s récents montrent une croissance modérée des dépenses et de la production ».

L’objectif des hausses de taux, en effet, est de pousser les banques à relever les taux d’intérêt des prêts aux ménages et aux entreprise­s afin de faire ralentir la consommati­on et donc d’empêcher les prix de poursuivre leur escalade.

Mais la consommati­on étant le moteur de l’économie américaine, un resserreme­nt trop fort pourrait conduire à une récession.

Jerome Powell juge possible de « revenir à une inflation de 2 % sans ralentisse­ment vraiment important ni augmentati­on vraiment importante du chômage ». Mais le chômage, actuelleme­nt à 3,5 %, pourrait cependant grimper jusqu’à près de 5 %. « C’est tout à fait possible », a-t-il également souligné.

Marché du travail solide

L’état du marché du travail est observé de près par la Fed, après deux années de pénurie de travailleu­rs qui ont fait grimper les salaires, en plein épisode de forte inflation.

Les chiffres officiels de l’emploi en janvier seront publiés vendredi. Le taux de chômage pourrait augmenter un peu, à 3,6 %, un niveau cependant toujours parmi les plus bas des 50 dernières années. Le nombre d’emplois créés est, lui, attendu en ralentisse­ment, à 187 000 contre 235 000 en décembre, selon le consensus de Briefing.com.

Une donnée, publiée mardi par le départemen­t du Travail, semblait avoir persuadé les économiste­s que l’inflation était désormais durablemen­t sur la bonne voie : le coût moyen d’un salarié, qui a connu au quatrième trimestre une hausse moins forte que celles des trimestres précédents.

La hausse des prix à la consommati­on est ainsi tombée en décembre à 5,0 % sur un an, contre 5,5 % le mois précédent, selon l’indice PCE, privilégié par la Fed, qui veut la ramener autour de 2 %.

Une autre mesure de l’inflation, l’indice CPI, en fonction de laquelle sont indexées les retraites, a aussi montré un fort ralentisse­ment en décembre, à 6,5 % sur un an contre 7,1 %.

Jeudi, c’est la Banque centrale européenne qui se réunira. L’institutio­n européenne a commencé plus tard que la Fed à relever ses taux, et devrait de nouveau les relever, et même laisser entrevoir d’autres hausses.

Nous aurons besoin de davantage de preuves pour être convaincus que l’inflation ralentit durablemen­t

JEROME POWELL

Newspapers in French

Newspapers from Canada