Le Devoir

Culture, nature et gourmandis­e dans les Keys

Sur terre comme sur mer, Key West et les Keys de la Floride offrent un autre visage de l’État du soleil. Au large de la pointe sud, ce chapelet d’îles s’égrène au rythme des promenades à pied, à vélo ou en bateau.

- MARIE-JULIE GAGNON COLLABORAT­ION SPÉCIALE

En ce jeudi de janvier, la foule se fait de plus en plus dense à Mallory Square. Dans moins d’une heure, le soleil tirera sa révérence. Des amuseurs de rue côtoient les musiciens et les vendeurs itinérants. Les vacanciers se baladent cocktail, bière ou glace à la main en tentant de trouver le meilleur point de vue sur le port.

Dès que les tons orangés se diluent dans le golfe, les spectateur­s se dispersent. Les terrasses des restaurant­s s’emplissent et les bateaux rentrent au port. « Les couchers de soleil sont beaux de partout à Key West », glisse une passante. On ne peut que lui donner raison. À Mallory Square, la Sunset Celebratio­n a des airs de carnaval.

Plus proche de Cuba que de Miami, Key West attire les artistes depuis des décennies. La maison où a résidé Ernest Hemingway dans les années 1930 fait partie des incontourn­ables, ne serait-ce que pour toutes les anecdotes savoureuse­s racontées par les guides. Mais si l’aud’En teur avoir ou pas (To Have and Have Not) est le plus souvent cité parmi ceux qui y ont jeté l’ancre, il est loin d’être le seul écrivain à avoir succombé à l’atmosphère de la ville. Il suffit de prendre part à l’une des visites à pied de Key West Literary Seminar pour constater qu’au fil de la promenade, les Tennessee Williams, Shel Silverstei­n, Elizabeth Bishop et autres Robert Frost sont mis en lumière.

L’île aux pigeons

L’histoire de l’archipel est intimement liée au développem­ent du chemin de fer. Dès 1912, il est possible d’atteindre la ville par les rails grâce à l’acharnemen­t de l’homme d’affaires Henry Flager. « Quand il a annoncé qu’il voulait développer les rails jusqu’à Key West, les gens l’ont traité de fou, raconte Jennifer Powell, guide à Pigeon Key, où logeaient les travailleu­rs pendant la constructi­on du chemin de fer. Il avait plus de 70 ans. »

Tombé sous le charme de la Floride après s’y être rendu sur les recommanda­tions du médecin de sa première femme — il en a eu trois —, le New-Yorkais a fait ériger en 1888 l’hôtel Ponce de León, premier d’une série d’établissem­ents de luxe sur la côte est. Pour que les vacanciers puissent y séjourner, il fallait bien qu’ils puissent s’y rendre… « La constructi­on de 42 ponts a été nécessaire », souligne la guide.

Aujourd’hui accessible aux visiteurs, Pigeon Key, baptisé Cayo Paloma (« îlot Pigeon ») par les Espagnols dans les années 1500, témoigne de cette époque charnière. Un petit musée retrace l’histoire de la constructi­on du chemin de fer et des familles qui ont vécu sur l’île. Henry Flager a fini par investir son propre argent dans ce projet titanesque. « Il a pu prendre le train en 1912, alors qu’il avait 82 ans, raconte Jennifer Powell. Il est mort 16 mois plus tard. »

Détruit par un ouragan en 1935, le chemin de fer n’a jamais été reconstrui­t. En 1938, il a fait place à l’Overseas Highway. Alors que le « nouveau » Seven Mile Bridge enjambe la mer sur 11 kilomètres, une partie du vieux pont est accessible aux piétons, aux coureurs et aux cyclistes depuis 2022. À partir de la ville de Marathon, il est possible de louer des vélos — et même des tricycles — chez Bike Marathon Bike Rentals.

À l’aller ou au retour, un arrêt à The Turtle Hospital s’impose. Depuis 1986, l’hôpital vétérinair­e vient en aide aux tortues marines. Sa devise : « Rescue, rehab, release » (« Sauver, guérir, relâcher »). Le volet éducation est aussi très important. Une quinzaine de visites guidées par jour sont proposées au coût de 30 $US (40 $CA). Les problèmes le plus souvent traités ? Les tumeurs. « Nous tentons aussi de créer une banque de sang et nous menons des études sur la chimiothér­apie », explique Bette Zirkelbach, directrice de l’hôpital.

Du kayak au yacht

Pour vivre pleinement les Keys, rien de tel que de les explorer comme ses premiers visiteurs : par voie maritime. Du côté de Big Pine Key, le capitaine Bill Keogh propose entre autres des aventures en kayak et en bateau à voile. Aussi patient que passionné, il sait s’adapter à ses clients, comme en cette journée venteuse où notre petit groupe a préféré ne pas s’aventurer trop loin.

Nous ne pouvions penser à une meilleure manière de conclure ce séjour que par une sortie en mer avec Bluesail Yachting en fin de journée au départ de Key West. Après quelques heures de navigation paisible, quelque part entre le ceviche et le plateau de fromage et de charcuteri­e, l’horizon s’est enflammé.

Oui, les couchers de soleil sont beaux de partout à Key West.

Notre journalist­e était l’invitée de The Florida Keys & Key West.

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Vue sur la jetée de Mallory Square à Key West ISTOCK
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MARIE-JULIE GAGNON Coucher de soleil vu de Mallory Square, à Key West

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