Stimuler la participation démocratique des jeunes Tunisiens
Avec son Projet de renforcement intégral des droits de l’enfant (PRIDE), le Bureau international des droits des enfants (IBCR) encourage la participation démocratique des enfants et des adolescents en Tunisie. Une expérience qui s’inscrit dans une démarche globale de partage des connaissances entre les différentes initiatives que l’IBCR soutient à travers le monde. Et le Québec est à l’écoute de ce qui se passe en Afrique du Nord.
PRIDE est un projet de coopération internationale qui a commencé en 2020, pour une durée de sept ans. Il vise à améliorer le bien-être des jeunes ainsi qu’à mettre en avant la promotion et le respect de leurs droits. En Tunisie, ce projet se matérialise en favorisant la participation de l’enfant, qui « est un droit fondamental tiré directement de la Convention des droits de l’enfant », précise Cécile Bettega, coordonnatrice des communications et de la mobilisation à l’IBCR. Il ne s’agit pas de simplement « laisser décider les enfants », mais plutôt de leur permettre d’influencer les actions des institutions qui encadrent leur vie.
Sur le terrain
PRIDE détonne des autres projets en coopération internationale puisqu’il s’inscrit dans la durée, nous explique Lara Pocock, responsable de l’Afrique du Nord et de Madagascar pour l’IBCR, nous parlant du Maroc. « Cela permet une collaboration durable avec les partenaires et les personnes. » En Tunisie, l’IBCR travaille avec le Forum tunisien pour l’autonomisation des jeunes (TFYE), la plateforme Ado+ ainsi qu’avec le Bureau du délégué général à la protection de l’enfance (DGPE), institution placée sous le ministère de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Personnes âgées.
« Les enfants ont mis sur pied une radio pour ado, Radio Ado+, une idée qui vient d’eux », spécifie Nidhal Hlayem, volontaire et conseillère en droits de l’enfant. Au sein de cette radio Web, « ce ne sont que des enfants qui travaillent à ce projet, élaborent le financement, font la recherche de partenaires, trouvent les sujets ».
Avec Ado+, l’IBCR, par le projet de l’Académie junior de la culture politique IV, soutient les jeunes dans l’élaboration et dans la rédaction de textes de loi dans le but de les présenter à des élus. L’objectif est d’encourager la création d’espaces d’expression dans leurs quartiers et de renforcer leur implication dans les prises de décisions démocratiques.
Quatre municipalités prennent part au projet ainsi qu’une association en développement durable. Une ouverture souhaitée par le gouvernement de Tunis et soutenue par la ministre de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Personnes âgées, Amel Belhaj Moussa, à la suite de la réception des résultats du rapport national sur la situation de l’enfance pour les années 2020-2021. Le rapport, qui adopte une méthodologie basée sur une approche des droits de la personne, propose plusieurs recommandations tenant compte notamment du droit à l’éducation, du droit à la participation et à la libre expression.
« Un processus démocratique n’est pas linéaire. Et le fait de renforcer les capacités des jeunes à y participer contribue au travail à long terme qu’il est nécessaire de faire en Tunisie », commente Mme Pocock, et ce, surtout depuis l’avènement du Printemps arabe de 2010.
Un réseau international
L’objectif de l’IBCR est que les savoirs se partagent entre les pays partenaires. Quoiqu’on puisse difficilement reproduire telles quelles des initiatives venues d’ailleurs, « le cheminement qui a pu mener à la mise en place d’activités ou de modèles de participation peut aider à réfléchir à la mise en place de processus adaptables pour d’autres pays », nous explique Mme Bettega.
Au Québec, on s’intéresse, entre autres, aux bonnes pratiques des autres activités de l’organisation, c’està-dire à l’impact et aux résultats des meilleurs projets et processus instaurés pour atteindre les objectifs de PRIDE, rapporte Mme Pocock. Un processus de consultation international s’amorcera d’ailleurs à la fin février. Des partenaires de projets régionaux de l’IBCR discuteront des différentes pratiques afin de « trouver des solutions adaptées aux contextes locaux, entre professionnels de la participation », commente Mme Bettega. L’une des sessions d’échange se déroulera en Tunisie. Une visite des partenaires tunisiens est également prévue dans la province avec l’aide de l’IBCR, au printemps prochain.
« Un processus démocratique n’est pas linéaire. Et le fait de renforcer les capacités des jeunes à y participer contribue au travail à long terme qu’il est nécessaire de faire en Tunisie. »