Une main tendue aux jeunes réfugiés
Selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, on compte présentement plus de 25 millions de réfugiés dans le monde. Et de ce nombre, on estime que plus de la moitié est âgée de 18 ans et moins. Ce qui laisse sur le carreau de nombreux jeunes qui ont l’âge et l’aptitude pour entreprendre des études postsecondaires.
C’est pour offrir aux jeunes réfugiés qui se retrouvent dans pareille situation la possibilité d’un meilleur avenir que Entraide universitaire mondiale du Canada (EUMC) a mis en place, et ce, depuis 1978, le Programme d’étudiantes et d’étudiants réfugiés (PER). À cette fin, EUMC a tissé des liens avec l’ensemble des institutions, collèges et universités, d’enseignement postsecondaire au Canada. Au fil des ans, le PER a permis d’accueillir près de 2500 étudiants réfugiés.
La coopération internationale n’est pas une nouveauté chez EUMC, puisque l’organisme a été fondé dans les années 1920. Depuis, EUMC a adapté ses actions selon les circonstances et il a aussi élargi son champ d’action. Sans délaisser pour autant le cas des réfugiés, EUMC a mis en place, dans plus d’une vingtaine de pays en développement, des programmes de coopération internationale qui s’adressent aux jeunes, en particulier aux jeunes filles et aux femmes, afin de mieux les outiller.
Le PER
Comment fonctionne le PER ? « La première étape consiste à identifier les jeunes réfugiés qui pourraient se qualifier pour le PER, explique Michelle Manks, gestionnaire principale des solutions durables pour les réfugiés d’EUMC. Nous nous déplaçons donc dans les pays qui aujourd’hui accueillent les réfugiés, et c’est sur place que nous procédons à l’évaluation des candidats et de leurs besoins. »
La seconde étape consiste à jumeler les candidats retenus avec les bons établissements d’enseignement postsecondaire. « Dans chacun des établissements avec lesquels nous collaborons, EUMC peut compter sur des étudiants bénévoles qui formeront le groupe d’accueil, et c’est avec ces jeunes que nous travaillons », précise Mme Manks.
Le groupe d’accueil s’engage à encadrer et à soutenir les étudiants réfugiés et à leur fournir, pour la première année de leur séjour, un léger soutien financier en organisant une collecte de fonds. Grâce à une entente entre EUMC et Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, les candidats acceptés dans le PER reçoivent aussitôt le statut de résident permanent. « Et comme résidents permanents, ils ont le droit de travailler et ils sont admissibles aux divers programmes de prêts et bourses, poursuit Michelle Manks, ce qui explique que le soutien financier est modeste. Pour ce qui est du soutien moral, il se poursuit puisque des amitiés se tissent entre les membres du groupe d’accueil et les étudiants réfugiés. »
À propos des jeunes femmes
EUMC, dans ses actions en coopération internationale, cherche à rejoindre les filles et les jeunes femmes et le PER n’échappe pas à ce choix. « Nous avons toujours cherché à atteindre la parité avec le PER, souligne Mme Manks, mais nous y sommes arrivés seulement l’an dernier. »
C’est que les obstacles pour les jeunes femmes sont particuliers. « Beaucoup de jeunes femmes réfugiées, souvent pour des raisons familiales, n’ont pas eu l’occasion de terminer leurs études secondaires, poursuit Mme Manks. Nous avons donc davantage travaillé avec les collèges et les cégeps afin d’assouplir les règles d’admission pour ces jeunes femmes réfugiées, ce qui a permis cette année de dépasser légèrement la parité. » D’ailleurs, EUMC vient de rendre le PER accessible aux réfugiés afghans, en particulier aux Afghanes.
Et pas seulement des étudiants
Ce ne sont pas tous les jeunes réfugiés, diplôme secondaire en poche ou non, qui veulent poursuivre des études supérieures. Certains préféreraient intégrer plus rapidement et directement le marché du travail et possèdent les habiletés nécessaires pour le faire. C’est pour répondre aux besoins de ces jeunes réfugiés que EUMC a récemment mis sur pied le programme HIRES.
« Le programme HIRES ressemble un peu au PER, en ce sens que les jeunes réfugiés sont d’abord accueillis pour une courte formation par un groupe d’accueil d’un établissement postsecondaire avant d’intégrer le marché du travail, précise Mme Manks. Tout comme dans le PER, les réfugiés obtiennent dès leur arrivée le statut de résident permanent. »
Pour le moment, une seule cohorte a été accueillie : en ColombieBritannique au collège Camosun en études touristiques, avant d’être embauchée par les entrepreneurs récréotouristiques de Tofino, à Vancouver. « C’est un programme que l’on veut étendre à l’ensemble du Canada, souligne Mme Manks, et qui se justifie amplement étant donné l’actuelle pénurie de main-d’oeuvre. »
« Nous avons [...] travaillé avec les collèges et les cégeps afin d’assouplir les règles d’admission pour [les] jeunes femmes réfugiées, ce qui a permis cette année de dépasser légèrement la parité »