Le Devoir

Le souffle d’une vie à l’embouchure d’une trompette

Herb Alpert et sa compagne, Lani Hall, vont partager la scène et leurs succès respectifs jeudi à la Place des Arts

- SYLVAIN CORMIER COLLABORAT­EUR LE DEVOIR

La voix retentit, claire, ferme, joyeuse. « Hello, Herb Alpert here ! » À l’autre bout du fil, une sorte de gloussemen­t, salive avalée trop vite : le journalist­e ne peut pas réprimer le fan. « Herb Alpert ! Incroyable ! » Du tac au tac, la réplique claque en direct de Los Angeles : « Incroyable ! Vous êtes là ! Nous sommes là ! » Petit silence. Pour un peu, il y aurait à cet instant, précisémen­t à cet instant, la batterie de Hal Blaine qui marquerait huit temps et hop ! Roulement de départ : A Taste of Honey, par Herb Alpert et son Tijuana Brass.

« On devait l’effacer, ce décompte, laisser l’espace vide, rappelle Alpert. Mais j’ai insisté pour le garder dans le mix. Je trouvais que ça augmentait le suspense : même si ce n’était prévu qu’en face B de 45 tours, il fallait que ce soit incroyable, non ? » C’est le mot. Oh que c’est le mot ! Les incroyable­s chiffres défilent comme les cours de la Bourse à Times Square, les 75 millions d’albums disséminés de par le vaste monde (preuve : il y en a dans TOUTES les ventes de garage), la fortune colossale avoisinant le milliard de dollars américains, la haie d’honneur des trophées, l’abonnement au palmarès du Billboard. Sans oublier la liste sans fin des artistes ayant enregistré entre 1962 et 1987 sous la bannière A&M Records, la compagnie dont Herb Alpert fut le A et Jerry Moss le M (nommons seulement Burt Bacharach, les Carpenters, Cat Stevens, Billy Preston, Strawbs, Supertramp, The Police, Joe Jackson, Peter Frampton… et les Sex Pistols !). Incroyable ? Au centuple.

Un besoin impérieux

« Le plus incroyable, pour moi, c’est de me sentir renaître chaque fois, sur scène. Et de voir et d’entendre ma compagne, Lani Hall, à mes côtés depuis un demi-siècle. À 88 ans, je suis béni : le corps tient, le souffle suit, le désir va grandissan­t ! Bien sûr, le matin, le journal m’assomme par le poids des mauvaises nouvelles dans le monde, je ne suis pas immunisé contre la souffrance et l’injustice, au contraire. Mais j’ai la chance de pouvoir aller dans mon studio : j’agrippe ma trompette, je souffle quelques notes, et mon état d’esprit change. J’ai envie d’agir, de reproduire pour les gens ce que ça produit en moi : un effet galvanisan­t. »

Jeudi, au théâtre Maisonneuv­e, avec un petit groupe de musiciens en mode

Vice Media dépose une demande de protection en vertu du chapitre 11 de la Loi sur les faillites des États-Unis, la dernière entreprise de médias numériques à faiblir après une ascension fulgurante.

Vice a déclaré lundi avoir accepté de vendre ses actifs à un consortium de prêteurs — Fortress Investment Group, Soros Fund Management et Monroe Capital — en échange de 225 millions de dollars américains de crédit. D’autres parties pourront également soumettre des offres.

Cette annonce survient quelques semaines seulement après que la société eut annoncé qu’elle annulait son émission phare, Vice News Tonight, au cours d’une vague de licencieme­nts qui devait toucher plus de 100 employés sur les 1500 de l’entreprise, selon le Wall Street Journal. La société a également déclaré qu’elle mettrait fin à sa marque Vice World News, faisant de Vice News sa seule marque au monde.

Plusieurs autres médias ont annoncé des fermetures et des licencieme­nts dans les derniers mois, dont Gannett, NPR et le Washington Post. En avril, BuzzFeed a déclaré qu’il fermerait son média numérique BuzzFeed News, dans le cadre d’une campagne de réduction de coûts menée par sa société mère.

La publicité numérique a chuté cette année, ce qui a réduit la rentabilit­é des grandes entreprise­s technologi­ques, de Google à Facebook.

Les racines de Vice Media remontent à 1994, avec le lancement du magazine punk original de Vice à Montréal. Vice a rapidement déménagé à New York et s’est transformé­e en une entreprise de médias mondiale.

Au fil des ans, Vice a développé une réputation de journalism­e direct, qui couvrait des histoires audacieuse­s à travers le monde. Les actifs de la société de médias comprennen­t également la production cinématogr­aphique et télévisuel­le, une agence de marketing interne et des marques telles que Refinery29 et Unbothered.

La société a eu du mal à redresser ses bénéfices ces dernières années. Pendant sa crise financière, Vice a obtenu 30 millions de dollars américains de financemen­t par emprunt auprès du Fortress Investment Group en février, a rapporté le Wall Street Journal. En 2017, Vice était évalué à 5,7 milliards de dollars américains. Maintenant, cependant, la plupart des experts estiment que l’entreprise ne vaut qu’une fraction de cela.

Ses codirigean­ts, Bruce Dixon et Hozefa Lokhandwal­a, ont déclaré que le processus de vente renforcera­it l’entreprise et la positionne­rait pour une croissance à long terme, « préservant ainsi le type de journalism­e authentiqu­e et de création de contenu qui fait de Vice une marque de confiance pour les jeunes et un tel partenaire précieux des marques, agences et plateforme­s ».

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JAE C. HONG ASSOCIATED PRESS L’immeuble où sont situés les bureaux de Vice Media est vu à Los Angeles, lundi.

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