Frédéric Bastien, un grand patriote irremplaçable
C’est avec stupéfaction et une grande tristesse que j’ai appris le décès de Frédéric Bastien. Je veux offrir toutes mes condoléances à sa femme et ses enfants, parents et amis. J’aimais cet homme et ses idées. Un homme de conviction, de réflexion, d’action, de combativité, de ténacité et de fidélité.
Nationaliste et indépendantiste depuis tout jeune, il venait d’une famille péquiste. Il n’a jamais dévié ou songé à aller à la Coalition avenir Québec ou à Québec solidaire, quand ces partis avaient le vent dans les voiles, et que le Parti québécois connaissait des heures difficiles, comme plusieurs l’ont fait, par ambition et intérêt personnel. Pour lui, seul comptait le Québec qu’il aimait tant.
Historien, il connaissait la beauté, la grandeur, les difficultés et la douleur de notre parcours comme nation, de la Nouvelle-France à aujourd’hui. Que d’heures de travail il a mises dans son ouvrage, de la belle ouvrage, La bataille de Londres (Boréal, 2013), sur les dessous peu reluisants du rapatriement de la Constitution, sans et contre le Québec. Qui d’autre que lui pour travailler d’arrache-pied sur ce dossier et tant d’autres ? C’était un vrai pitbull. Quand il tenait un mollet, il ne le lâchait pas et ne ménageait pas ses efforts !
Intellectuel, il était un des grands penseurs du Québec-pays. Il cherchait activement les moyens de sortir le Québec de l’impasse où il se trouve. Ses convictions, peu en vogue dans l’élite universitaire, l’ont privé d’une carrière plus prestigieuse. Ses idées avaient beau ne pas trouver toujours preneur dans les hautes instances du parti — Jean-François Lisée lui aura préféré Michèle Blanc —, il était toujours un bon soldat. Pas rancunier, il a travaillé pour M. Lisée dans Rosemont. La cause avant tout !
Je l’ai moi-même appuyé dans la course à la succession de M. Lisée, avant même l’annonce de sa candidature. Quand il est venu dans la circonscription de Taschereau, il m’a convaincu tout de suite. Jamais un politicien n’avait eu des idées si proches des miennes, un indépendantiste identitaire assumé. J’ai fait sa campagne comme bénévole. Une bien petite équipe, une campagne longue et difficile, marquée par la COVID. Il n’a pas lâché.
Je savais que ses chances de gagner étaient très minces. JeanFrançois Lisée avait abandonné sa première course avant de gagner la deuxième, Paul St-Pierre Plamondon a remporté les honneurs à son deuxième essai ; les exemples de ce genre ne manquent pas. En politique, la notoriété prend du temps à venir. On se bat pour des idées avant de se battre pour gagner. Si on perd, on fait avancer ses idées, ce fut son cas. Il prenait le temps, homme de coeur et de fidélité, de remercier ceux qui se tenaient à ses côtés. Il me remerciait pour ma contribution à sa candidature et il disait son appréciation de mes textes sur des sujets en tous genres.
Il était toujours disponible pour parler de l’indépendance dans les médias. Il est devenu chroniqueur au Journal de Montréal et au Journal de Québec. Ses textes, toujours pertinents, que j’attendais le samedi avec impatience, étaient beaucoup partagés. Je me demandais comment il pouvait faire flèche de tout bois comme il le faisait. Associations multiples, poursuites judiciaires, écriture, enseignement, couple, famille… Il défendait la laïcité, le français, combattait l’immigration massive, en train de noyer le Québec français, l’initiative du siècle et le multiculturalisme instrumentalisé contre la laïcité et la nation québécoise.
On dit qu’il n’y a pas d’hommes irremplaçables, mais j’en doute pour des hommes de sa trempe. Il me manque déjà, il aurait fait tant encore pour le Québec que nous aimons tant. En tout cas, il était beau à voir aller, visière levée, comme un preux chevalier sur la ligne de front !