Le manque de logements accentue la rareté de la main-d’oeuvre
L’offre sur le marché immobilier n’est pas suffisante pour qu’on puisse trouver des solutions à la rareté de la main-d’oeuvre seulement avec l’immigration, croit l’économiste en chef du Mouvement Desjardins, Jimmy Jean.
L’immigration et l’intégration rapide des nouveaux immigrants ont joué un rôle positif en contribuant à une modération de l’inflation dans les derniers mois, affirme l’économiste lors d’une conférence virtuelle, mercredi, pour discuter des perspectives économiques.
Cela ne pourra toutefois pas être la seule solution, selon lui. « Est-ce que la démographie, c’est la solution à l’inflation ? La réponse, clairement, c’est non. Plus de population, cela veut dire plus de demande sur les biens et services. Deuxièmement, plus de population, cela veut dire plus de demande de logements dans un contexte où on est déjà en pénurie. Aussi, plus de population n’améliore pas nécessairement le PIB par habitant. »
Capacité d’intégration
Dans ce contexte, il est nécessaire de faire une analyse « fine et pointue » pour déterminer la capacité d’intégration du Canada, précise M. Jean en entrevue après la conférence. Des groupes de réflexion et les partis politiques avancent différents chiffres parfois aux antipodes, mais l’économiste estime qu’on reste « dans le flou » à cet égard. « Cela mérite une analyse approfondie avec l’utilisation de modèle économétrique. »
M. Jean émet toutefois un bémol quant à l’objectif du gouvernement fédéral d’accueillir 500 000 immigrants par année d’ici 2025, particulièrement en raison de l’offre et de la construction insuffisantes de logements.
Pour le moment, on ne parvient pas à construire suffisamment de logements au Canada, prévient l’économiste. Le Mouvement Desjardins estime qu’il faudrait construire environ 350 000 logements par année pour ne pas aggraver l’inabordabilité du marché immobilier. « On gravite pas loin des 200 000 [mises en chantier]. On voit qu’on est drôlement loin du compte. »
La solution à la rareté de la maind’oeuvre doit aussi passer par une augmentation de la productivité. À cet égard, le Canada fait piètre figure, s’inquiète M. Jean. Les investissements en propriété intellectuelle ont augmenté de 12,6 % au Canada entre 2012 et 2022. Aux États-Unis, ce chiffre est de 99,3 %.
« Ce qui m’inquiète, c’est que partout dans le monde, on fait face à des défis de main-d’oeuvre, on vise à accélérer l’automatisation. Il y a des pays qui vont être les premiers dans la course. Ils vont être capables de produire dans certains domaines à coût nettement plus avantageux. »