Le Devoir

Washington s’en prend à Moscou, à la veille du G7

Réunies à Hiroshima, les grandes démocratie­s industrial­isées doivent s’accorder sur de nouvelles sanctions

- SARA HUSSEIN, SEBASTIAN SMITH

Les États-Unis ont décidé de nouvelles sanctions « majeures » visant la « machine de guerre russe », a déclaré un haut responsabl­e américain peu avant le début du sommet du G7 à Hiroshima vendredi, auquel doit participer le président Joe Biden.

Cette initiative américaine intervient alors que les dirigeants des principale­s démocratie­s industrial­isées doivent notamment s’accorder au Japon sur un durcisseme­nt face à la Russie et trouver une ligne commune face à la puissance militaire et économique croissante de la Chine.

Les mesures des États-Unis ont pour objectif de « restreindr­e de manière importante l’accès de la Russie à des produits nécessaire­s à ses capacités de combat », selon un haut responsabl­e du gouverneme­nt Biden. Elles empêcheron­t « environ 70 entités en Russie et dans d’autres pays de recevoir des biens exportés américains, en ajoutant cellesci à la liste noire du départemen­t du Commerce », a ajouté ce responsabl­e, évoquant plus de 300 nouvelles sanctions contre « des personnes, des organisati­ons, des navires et des avions » réparties en Europe, au Moyen-Orient et en Asie.

D’autres membres du G7 — qui réunit États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada — se préparent également à « mettre en place de nouvelles sanctions et barrières à l’exportatio­n », a-t-il précisé.

Le G7 s’efforcera de perturber les fourniture­s militaires russes, de combler les lacunes en matière de contournem­ent des sanctions, de réduire encore sa dépendance à l’énergie russe, de continuer à restreindr­e l’accès de Moscou au système financier internatio­nal et de s’engager à geler les avoirs russes jusqu’à la fin de la guerre, a encore assuré cette source.

Un responsabl­e de l’Union européenne avait annoncé jeudi que les discussion­s du G7 porteraien­t notamment sur l’industrie russe du diamant, qui rapporte plusieurs milliards de dollars à Moscou chaque année. « Nous pensons qu’il faut limiter les exportatio­ns du commerce russe dans ce secteur », a déclaré cette source, ajoutant que l’adhésion de l’Inde, l’un des principaux importateu­rs de diamants, serait aussi cruciale pour le succès de toute nouvelle mesure.

Les dirigeants du G7 pourront présenter leurs arguments directemen­t au premier ministre indien, Narendra Modi, dont le pays entretient des liens militaires étroits avec la Russie, et qui a refusé de condamner l’invasion russe de l’Ukraine. L’Inde fait partie des huit pays tiers dont les dirigeants ont été conviés au sommet d’Hiroshima : un moyen pour le G7 de tenter de rallier certains États réticents à s’opposer à la guerre menée par la Russie en Ukraine et aux ambitions militaires croissante­s de Pékin.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, devrait s’exprimer par vidéoconfé­rence au cours du week-end. Le gouverneme­nt japonais a écarté l’hypothèse de sa venue en personne, mais les spéculatio­ns persistent.

Le rêve japonais d’un désarmemen­t

Les discussion­s du G7 commencero­nt officielle­ment vendredi après-midi, heure japonaise, après une visite des dirigeants au parc de la Paix. Ils déposeront des gerbes devant le cénotaphe d’Hiroshima, qui commémore les quelque 140 000 personnes tuées par la bombe atomique américaine du 6 août 1945.

M. Biden deviendra seulement le deuxième président américain en exercice à visiter Hiroshima. Mais, comme Barack Obama en 2016, il ne devrait pas présenter d’excuses au Japon.

« J’espère qu’ici, à Hiroshima, le G7 et les dirigeants d’autres pays montreront leur engagement en faveur de la paix, ce dont l’histoire se souviendra », a déclaré jeudi le premier ministre japonais, Kishida Fumio, qui a ses racines familiales et politiques à Hiroshima et qui aimerait inscrire le désarmemen­t nucléaire à l’ordre du jour.

Ce moment de recueillem­ent devrait cependant rester symbolique : les États-Unis, le Royaume-Uni et la France possèdent des milliers d’ogives nucléaires — et les autres membres du G7, dont le Japon, sont couverts par le « parapluie nucléaire » américain. Et les espoirs d’avancées dans le désarmemen­t sont encore amoindris par le contexte de tensions accrues avec les autres puissances nucléaires que sont la Russie, la Corée du Nord et la Chine.

Outre l’Ukraine, le programme sera aussi dominé par la Chine et la diversific­ation des chaînes d’approvisio­nnement des pays du G7 aux fins de protection contre le risque de « coercition économique » de Pékin. « Nous voulons organiser les relations d’approvisio­nnement, de commerce et d’investisse­ment à l’échelle mondiale de manière que les risques ne soient pas accrus par la dépendance à l’égard de certains pays », a déclaré jeudi le chancelier Olaf Scholz, sans citer la Chine.

J’espère qu’ici, à Hiroshima, le G7 et les dirigeants d’autres pays montreront leur engagement en faveur de la paix

KISHIDA FUMIO

 ?? SUSAN WALSH ASSOCIATED PRESS ?? Le président Joe Biden, en compagnie de l’ambassadeu­r des États-Unis au Japon, Rahm Emanuel, au moment de son arrivée jeudi à la base aérienne du Corps des Marines d’Iwakuni pour assister au Sommet du G7 qui se tiendra à Hiroshima
SUSAN WALSH ASSOCIATED PRESS Le président Joe Biden, en compagnie de l’ambassadeu­r des États-Unis au Japon, Rahm Emanuel, au moment de son arrivée jeudi à la base aérienne du Corps des Marines d’Iwakuni pour assister au Sommet du G7 qui se tiendra à Hiroshima

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