Le Devoir

Airbnb n’agit pas comme « un bon citoyen corporatif », affirme la ministre Proulx

L’entreprise devra respecter la loi, a réitéré la ministre du Tourisme, Caroline Proulx

- FRANÇOIS CARABIN CORRESPOND­ANT PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC

Caroline Proulx lance un avertissem­ent à Airbnb : l’entreprise devra se conformer à la nouvelle Loi sur l’hébergemen­t touristiqu­e, qu’elle le veuille ou non.

La ministre du Tourisme a interpellé directemen­t le site de location à court terme mercredi, pour l’inciter à se ranger aux dispositio­ns du projet de loi qu’elle a déposé au début du mois pour lutter contre l’hébergemen­t touristiqu­e illégal. En demandant que Québec maintienne le statu quo législatif, l’entreprise n’agit « pas [comme] un bon citoyen corporatif », a-t-elle dit.

Airbnb a refusé de témoigner dans le cadre de l’étude du projet de loi 25 de la ministre Proulx, qui oblige l’entreprise à s’assurer elle-même de la légalité des dizaines de milliers d’annonces québécoise­s qu’elle abrite sur son site. Dans un mémoire déposé mardi, la compagnie américaine a recommandé au gouverneme­nt Legault de réviser son texte de loi pour la laisser supprimer les annonces jugées non conformes — comme elle le fait déjà — plutôt que de l’obliger à les vérifier individuel­lement.

Interrogée à ce sujet à l’entrée du caucus des députés caquistes, mercredi, Caroline Proulx a tenu à réitérer que le gouverneme­nt ne ferait plus le travail des entreprise­s de location à court terme. « Sous aucune condition ça va être le statu quo avec Airbnb. On leur a donné une chance », a-t-elle lancé.

Revenu Québec est l’organisme qui procède actuelleme­nt à la vérificati­on des numéros d’enregistre­ment que les locateurs en hébergemen­t à court terme ont l’obligation d’afficher depuis l’an dernier. Avec le projet de loi 25, Mme Proulx souhaite rendre les plateforme­s de location responsabl­es d’effectuer ces révisions. « C’est the name of the game, a-t-elle dit mercredi. Airbnb ne va pas se soustraire aux lois du Québec. »

En 2022, environ 30 % des annonces publiées sur Internet respectaie­nt l’obligation des locateurs de se doter d’un numéro d’enregistre­ment et de l’afficher publiqueme­nt, selon les statistiqu­es récoltées par Québec. En mars, Airbnb avait accepté de retirer de son site l’ensemble des appartemen­ts ne respectant pas la loi, mais une enquête du Devoir avait révélé dans les jours suivants qu’il est très aisé de mettre en ligne une annonce portant un numéro d’enregistre­ment fictif, « 123456 », par exemple.

Une dernière ligne à l’eau

Québec solidaire a effectué une dernière tentative mercredi pour qu’Airbnb témoigne devant les élus de l’Assemblée nationale. Après avoir obtenu le consensus de l’ensemble des groupes parlementa­ires, le parti politique de gauche a demandé à la Commission de l’économie et du travail de reconvoque­r l’entreprise californie­nne. « Nous présumons qu’Airbnb a décliné l’invitation de bonne foi et qu’un rappel de votre part contribuer­a à corriger la situation », ont écrit les députés solidaires Alexandre Leduc et Étienne Grandmont.

Or, Airbnb a de nouveau refusé l’invitation mercredi. La veille, la compagnie avait déploré être la seule représenta­nte de l’industrie à avoir été convoquée par les parlementa­ires.

Les consultati­ons particuliè­res entourant le projet de loi 25 ont donc pris fin mercredi. Prochaine étape : l’étude détaillée. Et la ministre Proulx compte bien adopter son texte de loi d’ici la fin de la période parlementa­ire actuelle, dans deux semaines.

 ?? JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE ?? La ministre du Tourisme du Québec, Caroline Proulx, lors de sa présentati­on du projet de loi, au début du mois
JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE La ministre du Tourisme du Québec, Caroline Proulx, lors de sa présentati­on du projet de loi, au début du mois

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