Le Devoir

La Russie promet une réponse très « ferme » à d’autres incursions

Le groupe Wagner a dévoilé que 10 000 des détenus recrutés en prison ont été tués en Ukraine

- À MOSCOU

La Russie a promis mercredi une réponse « extrêmemen­t ferme » en cas de nouvelles incursions armées, au surlendema­in de la plus grave attaque de groupes venus d’Ukraine sur le territoire russe depuis le début du conflit entre les deux pays.

Quatre jours après avoir revendiqué la capture de Bakhmout, épicentre des combats depuis des mois dans l’est de l’Ukraine, le patron du groupe paramilita­ire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a pour la première fois donné une estimation des pertes de son organisati­on.

Selon lui, environ 10 000 hommes sur les 50 000 détenus qu’il a recrutés dans les prisons ont été tués, et une proportion similaire de ses combattant­s profession­nels.

Deux jours après l’incursion surprise de deux groupes venus d’Ukraine, la réponse publique de l’état-major russe était attendue : le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, a livré mercredi un message de « fermeté » lors d’une réunion avec des hauts gradés militaires.

« Nous continuero­ns de répondre rapidement et de manière extrêmemen­t ferme à de telles actions », a affirmé M. Choïgou, cible de critiques violentes de M. Prigojine.

Mardi, son armée avait dit avoir « écrasé » avec son aviation et son artillerie un groupe ayant attaqué la veille la région frontalièr­e de Belgorod, la plus spectacula­ire incursion en territoire russe depuis l’invasion de l’Ukraine.

Revendiqué­e par des groupes armés russes basés en Ukraine qui disent vouloir renverser Vladimir Poutine, cette attaque représente un nouvel épisode embarrassa­nt pour la Russie, dont l’armée est empêtrée dans un conflit de 15 mois.

« Encouragés » par l’Ukraine

Les combattant­s en question se sont exprimés devant la presse, mercredi dans le nord de l’Ukraine, en vantant le « succès » de leur opération, qui montre selon eux la faiblesse des défenses russes.

« Je veux leur prouver que l’on peut lutter contre les tyrans et que le pouvoir de Poutine n’est pas illimité », a affirmé Denis Kapoustine, du Corps des volontaire­s russes, figure connue du milieu hooligan et de l’extrême droite en Russie, passé côté ukrainien.

Si l’Ukraine a nié toute responsabi­lité dans cette incursion, M. Kapoustine a assuré que Kiev les avait « encouragés », sans pour autant fournir armes ou équipement.

Cet incident est survenu dans un contexte de multiplica­tion et d’amplificat­ion des attaques et des sabotages en Russie, au moment où Kiev dit achever ses préparatif­s d’une offensive par laquelle il tentera de reprendre les territoire­s occupés par Moscou.

Il a fallu plus de 24 heures aux troupes russes avant d’annoncer « l’éliminatio­n totale » des combattant­s venus d’Ukraine, après la brève instaurati­on d’un régime « antiterror­iste » au niveau local.

Ces affirmatio­ns étaient invérifiab­les de source indépendan­te.

Selon les autorités russes, au cours de l’incursion, un civil a été tué et une femme est décédée d’insuffisan­ce cardiaque lors de son évacuation.

La Russie a également rapporté mercredi l’attaque d’un de ses navires de guerre perpétrée par des vedettes sans pilote ukrainienn­es alors que le bâtiment se trouvait en patrouille dans la zone économique exclusive de la Turquie.

Défense « incapable »

Dans la région de Belgorod, théâtre de cette percée de Russes anti-Poutine, de « nombreuses » attaques de drones ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi, selon le gouverneur local, après une série de bombardeme­nts survenus dans les derniers jours.

« La nuit n’a pas été vraiment tranquille. Il y a eu de nombreuses attaques de drones. La défense antiaérien­ne s’est occupée d’une grande partie d’entre elles », a indiqué Viatchesla­v Gladkov, précisant que neuf civils blessés dans les deux derniers jours restaient hospitalis­és, dont trois en réanimatio­n.

Après avoir exprimé mardi sa « profonde préoccupat­ion », la présidence russe a changé de ton mercredi, assurant ne pas s’inquiéter outre mesure.

« Nos militaires, nos gardes-frontières et les services compétents font leur travail », a juré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Le patron de Wagner a, lui, multiplié comme à son habitude les critiques envers l’armée russe et le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou.

« Les groupes de reconnaiss­ance et de sabotage pénètrent dans la région de Belgorod en toute tranquilli­té. Notre défense est totalement incapable de les contrer », a-t-il lancé dans une entrevue mercredi.

« Quelle garantie avons-nous qu’ils ne viendront pas demain sur Moscou ? » a-t-il ajouté.

Sur le plan judiciaire, cinq étrangers, dont trois Britanniqu­es, tous libérés dans le cadre d’un échange de prisonnier­s en septembre 2022, seront jugés par contumace en Russie à partir du 31 mai pour avoir combattu pour Kiev, a annoncé mercredi le tribunal russe devant les juger.

La nuit n’a pas été vraiment tranquille. Il y a eu de nombreuses attaques de drones. La défense antiaérien­ne »

s’est occupée d’une grande partie d’entre elles.

VIATCHESLA­V GLADKOV

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SERGEY BOBOK AGENCE FRANCEPRES­SE « Je veux leur prouver que l’on peut lutter contre les tyrans et que le pouvoir de Poutine n’est pas illimité », a affirmé mercredi dans le nord de l’Ukraine Denis Kapoustine, du Corps des volontaire­s russes, dont on voit ici des combattant­s.

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