Le Devoir

L’UE et Google veulent des règles volontaire­s avant une nouvelle loi

- AGENCE FRANCE-PRESSE À BRUXELLES

Le commissair­e européen pour le Numérique, Thierry Breton, et le patron de Google, Sundar Pichai, se sont accordés mercredi pour travailler sur des règles afin d’encadrer l’intelligen­ce artificiel­le (IA) avec les entreprise­s volontaire­s, dans l’attente d’une nouvelle législatio­n dans l’Union européenne (UE).

« Nous nous sommes mis d’accord sur le fait que nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre que la législatio­n sur l’IA soit applicable, et pour travailler ensemble avec tous les développeu­rs d’IA pour mettre en place un pacte sur une base volontaire », a déclaré Thierry Breton après une rencontre avec Sundar Pichai à Bruxelles.

L’UE veut être la première au monde à se doter d’un cadre juridique complet pour limiter les dérives de l’intelligen­ce artificiel­le.

Bruxelles a proposé il y a deux ans un projet de règlement ambitieux, mais son examen par les États membres et le Parlement européen traîne en longueur. Si le texte devait être adopté avant la fin de l’année, il entrerait en vigueur « au plus tôt fin 2025 », a expliqué Thierry Breton à l’AFP.

D’une grande complexité technique, les systèmes d’intelligen­ce artificiel­le fascinent autant qu’ils inquiètent.

Le grand public a découvert leur potentiel immense à la fin de l’année dernière avec la sortie du générateur de contenus rédactionn­els ChatGPT, de la société californie­nne OpenAI, qui peut rédiger des dissertati­ons originales, des poèmes ou des traduction­s en quelques secondes.

Mais la diffusion sur les réseaux sociaux de fausses images, plus vraies que nature, créées à partir d’applicatio­ns comme Midjourney, a alerté sur les risques de manipulati­on de l’opinion.

La future législatio­n européenne s’inspire des réglementa­tions existantes en matière de sécurité des produits et imposera des contrôles reposant d’abord sur les entreprise­s.

Le coeur du projet consiste en une liste de règles imposées aux seules applicatio­ns jugées à « haut risque » par les entreprise­s elles-mêmes à partir des critères du législateu­r. Pour l’exécutif européen, il s’agirait de tous les systèmes utilisés dans des domaines critiques comme les infrastruc­tures critiques, l’éducation, les ressources humaines, le maintien de l’ordre ou la gestion des migrations.

Parmi les obligation­s : prévoir un contrôle humain sur la machine,

Beaucoup de choses peuvent être mises en oeuvre »

sans passer par la loi THIERRY BRETON

l’établissem­ent d’une documentat­ion technique, ou encore la mise en place d’un système de gestion du risque.

La propositio­n de la Commission, dévoilée en avril 2021, prévoit aussi un encadremen­t des systèmes d’IA qui interagiss­ent avec les humains. Elle les obligera à informer l’utilisateu­r qu’il est en relation avec une machine et contraindr­a les applicatio­ns générant des images à préciser qu’elles ont été créées artificiel­lement.

« Beaucoup de choses peuvent être mises en oeuvre sans passer par la loi », a expliqué Thierry Breton, qui souhaite travailler avec tous « les grands acteurs européens et non européens » qui le souhaitent pour aboutir à une régulation « avant qu’elle ne devienne contraigna­nte par la loi ».

Cette régulation anticipera­it des éléments du projet européen « et peut-être d’autres éléments, s’ils ont d’autres idées pour renforcer la protection », a expliqué le commissair­e.

Il a par ailleurs alerté le patron de Google sur des « problèmes » constatés avec sa filiale YouTube, qui diffuserai­t de la désinforma­tion pro-russe, posant un risque de manipulati­on des élections en Europe. Thierry Breton s’est félicité de l’engagement de Sundar Pichai à « intensifie­r la lutte contre la désinforma­tion ».

Newspapers in French

Newspapers from Canada