Quand l’agent secret perd sa couverture
Gerard Butler incarne un agent secret dont la vraie identité est dévoilée en pleine opération en contrée ennemie dans Mission Kandahar
L’action se déroule en 2013, en Afghanistan. Tom Harris, un agent secret américain, mène une périlleuse opération sous une fausse identité. Son intervention est couronnée de succès et provoque la destruction d’installations ennemies souterraines. Or, alors même que Tom doit quitter le pays, sa vraie identité est rendue publique dans la foulée d’une fuite de renseignements.
En compagnie de Mohammad, un traducteur qui, lui aussi, agissait sous un nom d’emprunt, Tom s’enfonce dans le désert en direction d’une ancienne base américaine où, peut-être, la CIA pourra les secourir. Entre espionnage, thriller et film d’action pur, Mission Kandahar constitue une assez bonne surprise.
En effet, le film de Ric Roman Waugh s’avère rythmé, bien interprété et étonnamment plausible pour un genre où la vraisemblance vole souvent en éclats.
Cette dernière qualité est nul doute imputable au fait que le scénariste Mitchell LaFortune est lui-même un ancien agent du renseignement de l’armée américaine qui, entre autres expériences sur le terrain, vécut celle d’être en Afghanistan au moment où éclata l’affaire des révélations d’Edward Snowden au sujet de diverses opérations secrètes. Sans le nommer, Mission Kandahar fait clairement écho à cet événement.
Autant dans ses dialogues entre espions, patrons et factions que dans ses maints développements, le film convainc le plus souvent.
Il est vrai que la qualité des séquences d’action, elles aussi crédibles, aide à instaurer et à maintenir cette impression d’authenticité. On pense tout spécialement à cette attaque nocturne par hélicoptère : en alternant vision infrarouge et obscurité, le réalisateur Ric Roman Waugh accroît de beaucoup le niveau de tension d’un passage qui aurait facilement pu être banal.
À propos des scènes d’action, s’il est acquis que des trucages numériques sont venus bonifier le résultat çà et là, ces apports numériques ne sont guère apparents, ce qui contribue encore au réalisme ambiant.
Jeu sobre et juste
Du côté des bémols, le film recourt à un sentimentalisme facile dans son souci, par ailleurs louable, d’humaniser les personnages. Une conversation d’ordre familial entre les deux compagnons d’infortune sonne particulièrement cliché.
Le dénouement pompier fait en outre un peu pamphlet patriotique, une approche simpliste que le film s’ingénie pourtant à éviter en amont.
Un habitué des poursuites et des explosions, Gerard Butler retrouve ici son réalisateur d’Angel Has Fallen ( L’ultime assaut) et de Greenland ( Groenland). Son accent écossais intact (aspect qu’on justifie en faisant de Tom un ancien agent du MI6 désormais à l’emploi de la CIA), l’acteur livre une performance en phase avec l’ensemble, c’est-à-dire sobre et juste. Son personnage ne devient jamais un surhomme, mais demeure plutôt un professionnel qui se démène dans une situation potentiellement inextricable.
Dans le rôle de Mohammad, Navid Negahban est excellent, maintenant une belle intériorité qui se colore de nuances douloureuses lors de certains moments clés.
Bref, sans être remarquable, Mission Kandahar est indéniablement efficace.
Mission Kandahar (V.O. et V.F.) ★★★
Thriller d’action de Ric Roman Waugh. Avec Gerard Butler, Navid Negahban, Ali Fazal, Bahador Foladi, Nina Toussaint-White. États-Unis, 2023, 120 minutes. En salle.