Le Devoir

Les règles de la course à la chefferie du PLQ dévoilées à l’automne

- MARIE-MICHÈLE SIOUI À VICTORIAVI­LLE

Les règles entourant la course à la chefferie du Parti libéral du Québec seront dévoilées à l’automne, en octobre ou en novembre, ont appris samedi les militants du parti réunis en conseil général à Victoriavi­lle.

L’informatio­n a été donnée aux militants lors d’un huis clos, selon nos informatio­ns. Un délai plus long avant le déclenchem­ent de la course aidera le parti à attirer des candidats de l’externe, ont fait valoir certains libéraux.

Devant les journalist­es, le président du Parti libéral du Québec, Rafael P. Ferraro, a déclaré que les règles seraient dévoilées « éventuelle­ment, sous peu », sans s’avancer davantage.

Jusqu’ici, les députés André Fortin et Monsef Derraji ont manifesté de l’intérêt pour succéder à Dominique Anglade à la tête du parti. L’actuel chef intérimair­e, Marc Tanguay, n’a pas non plus fermé la porte. Le nom de Frédéric Beauchemin circule également. « Je suis en train de me faire une tête à savoir si ça me tente ou non de me lancer là-dedans », a-t-il dit samedi.

Le militant Jérôme Turcotte a, de son côté, nié toute rumeur le lançant dans la course. « La porte est fermée. Deux verrous », a-t-il confirmé. « Non, non, je ne songe pas à la chefferie. J’ai bien des croûtes à manger avant de faire ça », a aussi affirmé Antoine Dionne Charest, dont le père, Jean Charest, a été chef du PLQ de 1998 à 2012.

Déchiremen­ts nationalis­tes

La place que doit prendre le nationalis­me dans l’identité libérale a nourri les échanges au conseil général : si un militant nationalis­te s’est dit en exil au sein de son propre parti, un autre a plutôt proposé de confier le champ de compétence de la santé au gouverneme­nt fédéral.

« Être nationalis­te au Parti libéral, c’est comme être péquiste dans D’Arcy-McGee », a lancé Maxime Binette, 24 ans et membre de la Commission­jeunesse du PLQ dans Vaudreuil. D’Arcy-McGee est un château fort libéral situé sur l’île de Montréal.

Au PLQ, a-t-il ajouté, « on se sent un peu seul à prendre la parole et à dire : “pour moi, la défense de la langue française, c’est important. La défense des valeurs québécoise­s, c’est important” ».

Le plus récent sondage Léger accorde 5 % des intentions de vote au PLQ chez les francophon­es. « Clairement, le Parti libéral ne répond plus aux aspiration­s de la majorité francophon­e », en a déduit M. Binette.

Au micro, les militants réunis à Victoriavi­lle ont surtout insisté sur la posture fédéralist­e du PLQ. « Je pense qu’on ne dit pas assez au PLQ que nous sommes fiers d’être Canadiens », a par exemple affirmé Pierre Bouillon, un militant de Vanier. Il a ensuite raillé la qualité du français oral du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, sous les rires et les applaudiss­ements.

Un confrère de la circonscri­ption de Laporte a quant à lui suggéré de céder le champ de compétence de la santé à Ottawa. « Les provinces ne sont pas des sous-catégories de l’ensemble fédéral. Elles ont des champs qui leur sont propres et il faut être capable de les exercer avec vigueur », avait auparavant déclaré le député André A. Morin.

Son collègue député Monsef Derraji a insisté sur l’importance de « pousser l’agenda du Québec » et de ne pas être « des béni-oui-oui ».

« Nous ne sommes pas l’ennemi », a par ailleurs lancé le sympathisa­nt libéral Aaron Patella. « Pourquoi il n’y a pas d’examens d’anglais dans les cégeps francophon­es ? » a-t-il demandé.

De l’avis du chef intérimair­e du PLQ, Marc Tanguay, les divers points de vue exprimés lors du rassemblem­ent témoignent d’« un débat sain » davantage qu’ils ne reflètent des « divisions » au sein du parti.

Tendre la main aux exilés

Le militant de longue date Jérôme Turcotte, qui a publié vendredi une lettre d’au revoir fort critique à l’endroit du PLQ, a suggéré aux membres du parti de faire « le pas vers les gens qui sont à l’extérieur ».

« Et pour moi, cet extérieur-là, c’est l’électeur francophon­e nationalis­te », a-t-il ajouté.

Le parti doit prendre « les positions les plus inconforta­bles » pour aller « vers cet électeur francophon­e, nationalis­te, libéral », a-t-il suggéré. Il a nommé ce qu’il considère être une erreur commise par le PLQ : le rejet, par le gouverneme­nt de Philippe Couillard, d’une motion condamnant le rapatrieme­nt de la Constituti­on en 1982.

Après lui, le militant Antoine Dionne Charest a reconnu qu’il y a « certaineme­nt » des « débats et discussion­s à avoir » sur la position libérale au sujet du nationalis­me. « Le parti est dans une situation qui est assez sérieuse, le parti est à un moment charnière de son histoire. On a raison d’être inquiets », a-t-il déclaré.

Des critiques minimisées

L’ex-journalist­e André Pratte, qui mène un comité de relance du PLQ avec la députée Madwa-Nika Cadet, a balayé certaines critiques de M. Turcotte du revers de la main.

« Le mot examen de conscience est un peu fort, mais il y a certaineme­nt une réflexion à faire », a-t-il tout de même admis. À son avis, « il n’y a pas de panique, il n’y a pas de chicane, il n’y a pas de déchirure au sein du parti ».

M. Pratte a rejeté l’analyse de M. Turcotte, qui juge que le PLQ est devenu « une succursale provincial­e » du Parti libéral du Canada. « Moi, personnell­ement, je trouve que les preuves ne sont pas là du tout », a dit l’ancien sénateur.

De son côté, Marc Tanguay a répondu qu’il ne croyait « pas du tout » que les nationalis­tes manquaient d’air dans son parti. Il est, à son avis, « grand temps pour nous d’arriver avec de nouvelles propositio­ns pour que le fait français [et] le fait nationalis­te québécois puissent s’inscrire au sein de la fédération ».

Clairement, le Parti libéral ne » répond plus aux aspiration­s de la majorité francophon­e MAXIME BINETTE

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JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE De l’avis du chef intérimair­e du PLQ, Marc Tanguay, les divers points de vue exprimés lors du conseil général du parti, samedi, témoignent d’« un débat sain » davantage qu’ils ne reflètent des « divisions » au sein du parti.

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