Pour une structure simple et légère en santé
Le projet de refondation du système de santé apparaît gigantesque, du moins dans sa présentation actuelle, mais le ministre Christian Dubé est ouvert à la discussion.
Il y a maintenant deux décennies que des consultants de la prestigieuse firme McKinsey, cabinet-conseil en gestion stratégique et opérationnelle, rapportaient dans ce qui est devenu un « best-seller » (In Search of Excellence, Thomas Peters, Robert Waterman, 1982) les résultats de leur enquête en vue de découvrir les secrets des meilleures entreprises. Ils ont constaté entre autres que la structure d’une entreprise, quelle que soit son ampleur, constitue une partie infime de son efficacité et qu’elle a avantage à être simple et légère. Simple.
L’agence Santé Québec qu’introduit M. Dubé se présente en fait comme une structure intermédiaire, qui doit être simple dans sa constitution de même que dans sa fonction, qui est d’assurer le lien entre le ministère décisionnel et le réseau opérationnel. Contrairement au mode unidirectionnel de haut en bas (top down) que l’on a connu jusqu’ici, cette agence doit être dotée d’une courroie bidirectionnelle dans un continuum d’échange, de partage et de responsabilisation. Légère. Toujours selon les auteurs, la taille d’une entreprise constitue en soi un élément majeur de complexité.
Le système de santé, que l’on a qualifié de monstre et plus récemment de mammouth, comprend la santé, les services sociaux et la santé publique. En fait, il est l’équivalent de trois ministères sous une même gestion. La dernière mouture ministérielle a donné plus d’espace aux services sociaux sous la responsabilité du ministre Lionel Carmant. Il y aurait lieu aussi d’aménager un espace pour la santé publique, dont on vient de découvrir le rôle essentiel. De fait, elle mériterait même un statut de ministère qui serait le premier modèle fabriqué sur mesure avec une structure simplifiée et allégée.
Ainsi M. Dubé pourra se concentrer sur le fonctionnement, là où ça se passe et là où ça compte, et les défis majeurs méritent qu’il y consacre le maximum de ses efforts. Soutenu par une structure dynamisée et beaucoup plus fonctionnelle, il doit, en bon gestionnaire, se faire rassembleur, être à l’écoute et faire confiance aux gens qui disposent de la connaissance et de l’expérience du réseau et qui doivent gérer au quotidien la complexité des soins de santé.
Léon Dontigny M. D., chirurgien retraité
Le 26 mai 2023