Des experts à la rescousse de l’ancien hippodrome
Québec et Montréal ont mis sur pied un comité pour les épauler dans un projet d’écoquartier
Compte tenu des multiples embûches dans le dossier de l’aménagement du secteur de l’ancien hippodrome, la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec ont fait appel à des experts de la sphère privée et du secteur communautaire pour tenter d’accélérer la cadence et élaborer un plan d’ensemble pour l’immense terrain.
La mairesse Valérie Plante affirme qu’il ne s’agit pas d’un constat d’échec, même si la tentative de la Ville d’attirer des promoteurs privés n’a pas donné les résultats escomptés.
La Ville a pu sélectionner un organisme, Espace La Traversée, pour la construction de 200 à 250 logements locatifs abordables, mais elle a fait chou blanc dans sa tentative d’intéresser des promoteurs privés pour l’achat d’un lot. Aucun promoteur n’a fait de soumission à la suite de l’appel de propositions lancé par la Ville en octobre dernier.
« Le coût des infrastructures est important. C’est un énorme territoire, plein de potentiel, mais aussi plein d’enjeux », a fait valoir Valérie Plante lors d’une conférence de presse, lundi, en compagnie du ministre responsable de la Métropole, Pierre Fitzgibbon, et de la ministre de l’Habitation, FranceÉlaine Duranceau.
Montréal et Québec ont donc convenu de créer le groupe de travail baptisé GALOPH (Groupe d’accélération pour l’optimisation du projet de l’hippodrome) composé de représentants de la société civile. C’est Pierre Boivin, président et chef de la direction de Claridge, et Janie Béïque, présidente et chef de la direction du Fonds de solidarité FTQ, qui présideront les travaux de ce comité. À eux se joindront 14 autres membres, parmi lesquels Claude Pinard, p.-d.g. de Centraide du Grand Montréal, Édith Cyr, directrice générale de Bâtir son quartier, et des promoteurs immobiliers comme Roger Plamondon, président du Groupe Broccolini, et Laurence Vincent, présidente de Prével.
Dans les huit prochains mois, les membres du comité se pencheront sur les questions de planification des infrastructures, de transport collectif, d’écoles et d’équipements civiques du futur écoquartier. Ils devront aussi proposer un plan d’affaires. « Le plus grand défi avec le secteur de l’hippodrome, c’est qu’il faut faire toutes les infrastructures : les tuyaux, l’électricité, les routes, le transport, tout. Non seulement c’est un défi, mais il y a des coûts attachés à ça », a rappelé Valérie Plante.
Pierre Boivin soutient que le comité ne part pas de zéro, car la Ville, au cours des cinq dernières années, a réalisé plusieurs travaux de planification. Il s’est réjoui que le gouvernement du Canada soit prêt à contribuer aux efforts. « Les programmes qui existent aujourd’hui n’arriveront pas à répondre aux besoins de la crise [du logement]. Ça va prendre plus de moyens », a-t-il dit. « C’est ensemble qu’on va trouver les nouveaux modèles de financement. »
Québec envisage de revoir l’entente qui avait été conclue avec la Ville en 2017 dans la foulée de la cession de l’hippodrome et qui prévoyait un partage des revenus liés à la vente des lots à des promoteurs. « On va regarder de nouveaux moyens de financement », a indiqué la ministre Duranceau.
L’opposition à l’Hôtel de Ville estime que le partenariat avec Québec et Ottawa « est de bon augure pour assumer le leadership qui manquait cruellement au développement du secteur ».
De son côté, Jean-Marc Fournier, p.-d.g. de l’Institut de développement urbain, juge que la création du comité est une idée prometteuse. « Avec l’augmentation des coûts de construction et les coûts de financement au sortir de la pandémie, la question du logement demande une réflexion beaucoup plus poussée que ce qu’on faisait avant. »