Le Devoir

La finance durable à l’avant-scène à Montréal

Les versions finales des deux premiers standards de divulgatio­n de durabilité élaborés par l’ISSB seront dévoilées en juin

- CLÉMENCE PAVIC

Le secteur financier se réunira mardi et mercredi à Montréal pour un troisième sommet sur la finance durable au cours duquel les changement­s climatique­s, la biodiversi­té et la transition juste seront au menu des discussion­s.

« Ce sommet fait partie d’une stratégie ambitieuse que nous avons pour le Québec qui est de renforcer sa position comme pôle de la finance durable », explique Jacques Deforges, directeur général de Finance Montréal, qui organise l’événement en collaborat­ion avec Fondaction, où sont attendues près de 500 personnes.

« Il faut dire que l’écosystème financier québécois a déjà un fort penchant pour la finance durable. On n’a qu’à penser au Mouvement Desjardins, qui est la plus grande coopérativ­e financière en Amérique du Nord. Pensons aussi au Fonds de solidarité des travailleu­rs du Québec ou à Fondaction », explique-t-il.

Autre exemple : la création, l’été dernier, d’un Bureau des normes internatio­nales d’informatio­n sur la durabilité (Internatio­nal Sustainabi­lity Standards Board, ou ISSB).

Jingdong Hua, vice-président de l’ISSB, sera d’ailleurs invité comme panéliste pour faire le point sur les avancées de son organisati­on, créée en 2021 durant la COP26 de Glasgow et chargée d’élaborer un cadre internatio­nal de standards de développem­ent durable.

Les versions finales de deux premiers critères seront dévoilées en juin, prévient-il.

Harmoniser les rapports de divulgatio­n

« C’est devenu urgent de faire converger toutes les normes et tous les standards en un langage unique de la durabilité pour rendre les marchés transparen­ts, redevables et plus efficaces », dit M. Hua en entrevue au Devoir.

Durant les 20 à 30 dernières années, avec l’intérêt croissant qu’ont connu les critères environnem­entaux, sociaux et de gouvernanc­e (ESG), les normes de divulgatio­n volontaire se sont multipliée­s, rappelle-t-il.

« Pour l’anecdote, le responsabl­e des objectifs de durabilité d’une grande compagnie nord-américaine m’a déjà dit que, parce qu’ils ont des activités à l’internatio­nal, ils doivent désormais faire des rapports selon plusieurs centaines d’exigences de déclaratio­ns différente­s », relate M. Hua.

En harmonisan­t les standards, l’ISSB veut simplifier la divulgatio­n des entreprise­s, tout en permettant d’éviter la confusion auprès des investisse­urs.

« Il y a plus de vingt ans, chaque pays avait des standards de comptabili­té différents, donc un investisse­ur qui regardait les rapports de deux compagnies — disons une au Brésil, l’autre en Inde — ne pouvait pas savoir s’il comparait des pommes avec des pommes. C’est pour cette raison qu’est né le Bureau internatio­nal des normes comptables, qui a créé un langage uniformisé qui est aujourd’hui utilisé dans plus de 140 pays. Et c’est de cette démarche qu’on s’inspire aujourd’hui pour harmoniser les normes de durabilité », résume M. Hua.

Pour le moment, les standards harmonisés seront appliqués selon une base volontaire. « Chaque pays a son propre calendrier. Mais on encourage ceux qui sont prêts à rendre les standards obligatoir­es à le faire, et on espère que le Canada sera l’un des premiers à faire ce choix », dit M. Hua.

D’ici la fin du mois de juin, en parallèle avec la publicatio­n des premiers standards de l’ISSB, un Bureau des normes canadienne­s d’informatio­n sur la durabilité (Canadian Sustainabi­lity Standards Board ou CSSB) « opérationn­el » doit voir le jour, prévient par ailleurs Lisa French, vice-présidente à l’organisati­on des Normes d’informatio­n financière et de certificat­ion Canada (NIFC).

Le CSSB servira à soutenir l’adoption des normes ISSB au Canada.

Mark Carney, ex-numéro un de la Banque du Canada et aujourd’hui coprésiden­t de l’Alliance financière pour zéro émission nette, la « Glasgow Financial Alliance for Net Zero » (GFANZ), sera également présent à titre de panéliste.

Il y a plus de vingt ans, chaque pays avait des standards de comptabili­té différents, donc un investisse­ur qui regardait les rapports de deux compagnies

— disons une au Brésil, l’autre en Inde — ne pouvait pas savoir s’il comparait des pommes avec des pommes JINGDONG HUA

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