Le Devoir

La FPJQ réclame une réforme de la loi sur l’accès à l’informatio­n

- ANNABELLE CAILLOU LE DEVOIR

La Fédération profession­nelle des journalist­es du Québec (FPJQ) presse une nouvelle fois le gouverneme­nt Legault de réformer la loi sur l’accès à l’informatio­n, jugée désuète et problémati­que depuis des années.

« Depuis 2018, 4 ministres se sont échangé la responsabi­lité du dossier de l’accès à l’informatio­n au gouverneme­nt du Québec. Rien n’a bougé pourtant », s’insurgent Michaël Nguyen et Éric-Pierre Champagne, président et vice-président de la FPJQ, dans une lettre qui sera envoyée au gouverneme­nt mercredi et dont a obtenu copie.

Adoptée il y a plus de 40 ans par le gouverneme­nt de René Lévesque, la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignem­ents personnels vise à favoriser l’accès aux documents d’ordre public détenus par l’État.

Or, dans sa forme actuelle, la loi comprend de nombreuses exceptions et met des bâtons dans les roues aux demandeurs. En plus de faire face à des délais de traitement toujours plus longs, ces derniers reçoivent trop souvent des documents lourdement caviardés ou se font carrément refuser l’accès à l’informatio­n demandée.

De l’avis de la FPJQ, cette situation complique le travail des journalist­es, et elle constitue surtout un frein à une saine démocratie. « Pour plusieurs, l’accès à l’informatio­n est une “bébelle” de journalist­es en manque de primeurs. […] Mais contrairem­ent à la croyance populaire, les demandes d’accès déposées par des journalist­es ne représente­nt qu’une très faible proportion du volume total des demandes.

La grande majorité [d’entre elles] sont présentées par des citoyens, différente­s organisati­ons et parfois même des élus ! » peut-on lire dans la lettre.

Demande de longue date

En plus de faire face à des délais de traitement toujours plus longs, les demandeurs reçoivent trop souvent des documents lourdement caviardés ou se font carrément refuser l’accès à l’informatio­n demandée

Ce n’est pas la première fois que la FPJQ réclame publiqueme­nt une réforme de la loi sur l’accès à l’informatio­n. En 2018, elle avait fait une sortie publique en ce sens avec le Conseil de presse du Québec et plusieurs patrons de grands médias. Une demande réitérée en juin 2022 — à la veille des élections québécoise­s — dans une lettre publiée dans nos pages, cosignée par une quinzaine de regroupeme­nts de tous horizons. « Que s’est-il passé depuis ? Rien. Niet. Nada », déplore aujourd’hui la FPJQ.

Depuis son élection en 2018, le gouverneme­nt de la CAQ a modernisé la Loi sur la protection des renseignem­ents personnels, mais n’a pas touché à la loi sur l’accès à l’informatio­n.

Questionné par les partis d’opposition lors de l’étude des crédits début mai, le ministre Jean-François Roberge — désormais responsabl­e de l’accès à l’informatio­n au sein du cabinet — a pour la première fois entrouvert la porte à l’idée de déposer un projet de réforme d’ici les prochaines élections. « Il faudra plus que des paroles cette fois-ci », écrivent Michaël Nguyen et Éric-Pierre Champagne, estimant qu’il est grand temps qu’un gouverneme­nt passe enfin à l’action dans ce dossier.

Rappelons que le dernier gouverneme­nt libéral de Philippe Couillard s’était engagé à réviser la loi. Il a déposé un projet de loi in extremis qui a été très critiqué et n’a finalement jamais été adopté.

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