Le C-13 plutôt « intéressant », juge le commissaire
Critiqué par des représentants de la communauté anglophone québécoise, l’accord entre Ottawa et Québec sur la protection du français au travail est jugé plutôt « intéressant » par le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge.
« Je pense que c’est important de réaliser que cette entente fait en sorte qu’on va être en mesure de promouvoir, de protéger le français au Canada. Non seulement au Québec, mais à l’extérieur du Québec. Il reste à voir son impact sur le terrain dans les années à venir », a déclaré M. Théberge en marge de la présentation de son rapport annuel mardi.
Le chien de garde des langues officielles a bel et bien noté dans son rapport que la loi 96 adoptée au Québec l’an dernier pour renforcer la Charte de la langue française avait « soulevé des préoccupations dans les communautés d’expression anglaise ».
Il ne précise pas s’il partage ces préoccupations et n’a pas critiqué cette loi mardi lorsque questionné à ce sujet. Le commissaire a simplement évoqué le fait que les références à la loi québécoise dans une loi fédérale pourraient faire l’objet de débats d’experts.
Les multiples mentions de la Charte québécoise dans le projet de loi fédéral C-13 ont fait monter aux barricades des députés libéraux anglophones du Québec. L’un d’entre eux, le député de Mont-Royal, Anthony Housefather, est allé jusqu’à voter contre la réforme de la Loi sur les langues officielles proposée par son propre gouvernement.
Le projet de loi a finalement été adopté par tous les partis à Ottawa à la mi-mai après une entente entre les gouvernements Trudeau et Legault pour modifier le texte à la dernière minute. Cela montre, selon le commissaire Théberge, qu’« il est possible de promouvoir et de protéger le français tout en protégeant les droits des communautés linguistiques en situation minoritaire ».
Jointe par Le Devoir, la présidente du Quebec Community Groups Network (QCGN), Eva Ludvig, s’est dite « déçue » par l’opinion du commissaire sur C-13. « [L’entente] devrait également préoccuper le Commissariat aux langues officielles, dont le devoir est de protéger les droits linguistiques des Canadiens et de promouvoir la dualité linguistique et le bilinguisme à travers le Canada », écrit-elle dans une déclaration.